Barça, les vacances de tous les dangers

La Vieille Dame mérite le respect, à l’exception de celui des Blaugrana. Depuis ce milieu de semaine, c’est en tout cas le refrain qui se murmure sur les Ramblas. Car en l’espace de quelques heures, les quotidiens Sport et El Pais annoncent le pré-accord de trois saisons qui lie la Juventus à Javier Mascherano, avant que la radio Cadena Ser n’évoque le départ sans la moindre indemnité de Dani Alves pour ce même Piémont. Autrement dit, Luis Enrique se retrouverait dépouillé de deux des intouchables de son onze de gala, également leaders incontestés du vestiaire. Une hécatombe inédite pour le Barça depuis 2006 et le début de son hégémonie continentale, puisque jamais il n’a dit adieu, contre sa volonté, à deux éléments de sa colonne vertébrale lors d’un même été. Histoire d’entretenir le flou, Beppe Marotta, conseillé délégué de la Juve, s’est lui fendu d’un simple « rien n’est fait, je ne peux ni confirmer ni démentir » . Une semaine à peine après l’obtention de son doublé Copa-Liga, le FCB entame donc ses vacances d’un bien mauvais pied, et s’assure à coup sûr des tractations au long cours durant toute la période estivale. Ambiance.

Le Jefecito et l’appel du milieu

« Mascherano ne part pas du Barça. » Ces paroles, estampillées Luis Enrique, ne datent pas d’hier, mais remontent au cœur du mois de février. Alors largement en tête de la Liga et favori à sa propre succession en Ligue des champions, l’entraîneur azulgrana entame les préparatifs avec sa direction en vue de la saison suivante. Dès ses premières demandes, il fait de l’Argentin un intouchable, un intransférable. C’est que depuis l’été 2014 et son arrivée sous la guérite du Camp Nou, l’Asturien fait du Jefecito son relais sur le pré. Idem, au sein du vestiaire, ses coéquipiers l’élisent au début de l’exercice comme leur quatrième capitaine derrière Iniesta, Messi et Busquets, tous trois formés à la Masia. Autant dire que l’ancien Red, arrivé en 2010 en provenance d’Anfield, pèse dans un groupe qui a pour coutume de n’investir que des porteurs du brassard provenant de la cantera. La confiance de son coach et de ses coéquipiers, Mascherano ne la prend pas à la légère. Et pourtant, le capitaine officieux de l’Albiceleste évolue à une position peu naturelle pour lui, milieu défensif dans l’âme et de formation.

Justement, c’est bien l’élément central de la volonté de départ de Javier Mascherano, qui retrouverait à Turin son poste de prédilection, devant une sacrée défense… Une envie d’ailleurs qui avait déjà parcouru la tête de l’Argentin, comme il l’expose dans son livre Les 15 échelons du leadership : « Après avoir perdu la Liga en 2014, j’ai déclaré dans les médias que c’était mon dernier match ici. Je voulais continuer, car c’est impossible de vouloir quitter Barcelone, mais je ne voulais pas être un poids pour le club. Par chance, la direction m’a dit : « Non, tout au contraire, tu es un pilier fondamental pour nous. C’est plus que nous voulons te prolonger. » » Aujourd’hui sous contrat jusqu’en 2018, il dispose d’une clause libératoire à 100 millions d’euros. Prise de court par l’annonce du pré-accord, la direction blaugrana s’en remet à ce montant pour le lâcher, mais serait prête à baisser ses exigences aux alentours de 60 millions si le Jefecito fait part publiquement de ses envies d’exil. Un vrai dilemme pour Bartomeu, président novice dans la gestion des transferts forcés, qui doit également se coltiner le cas non moins épineux de Dani Alves.

Un été sous pression pour la direction

Car à la différence de son coéquipier argentin, le Brésilien peut, lui, s’engager où il le souhaite jusqu’au 5 juin prochain. Une surprise pour la Junta Directiva barcelonaise, signataire de la prolongation de contrat de Dani Alves en juin dernier, qui a oublié un paragraphe dudit contrat… Dans la foulée de cette annonce, Mundo Deportivo argue pour sa part que, malgré l’existence de contact avec la Juventus, le joueur compte bien rester au moins une saison supplémentaire au Barça. Bref, un méli-mélo qui fleure bon l’amateurisme et qui rappelle que la direction emmenée par Josep Bartomeu s’apprête à vivre une saison estivale harassante. Car plus encore que ces deux cas, le président blaugrana va devoir gérer la prolongation qui traîne de Neymar, courtisé par toutes les plus grandes écuries européennes. Idem, la prolongation de contrat de sponsoring avec Qatar Airways traîne en longueur et n’a toujours pas été annoncé… Seule bonne nouvelle dans cet océan d’incertitude, le Barça va signer un nouveau partenariat avec l’équipementier Nike à hauteur de 155 millions d’euros par an. Un chèque qui devrait régler quelques situations…