Manchester City : Arsenal dans le viseur
Samedi (16h), Arsenal rend visite à Manchester City dans un choc qui pourrait en dire long entre des Gunners que l'on estime de plus en plus en danger et des Citizens qui rêvent de les dégommer du Big Four.
Furax Arsène Wenger ! De toute façon, c’est toujours un peu comme ça lors des coupures internationales : ses gentils Gunners sont sollicités par leurs méchants sélectionneurs respectifs qui ne pensent qu’à les user jusqu’à la moelle, et ça, Arsène, il ne supporte pas. Sans même se soucier du fait que c’est aussi leur statut d’internationaux qui augmente la valeur des petits Arsènaux que lui, Wenger, se charge ensuite de vendre plein tarif au plus offrant. Schizophrène. D’autant que cette fois, c’est Andrei Arshavin en personne qui est rentré blessé de son expédition en sélection lors du succès de la Russie au Pays de Galles (3-1) qui promet, au passage, un super clash entre Russes et Allemands le 10 octobre prochain pour la première place du groupe 4.
Mais tout ça, Arsène, il s’en cogne une fois finie sa fructueuse prestation sur TF1 pour les matches de l’Equipe de France (contre laquelle il a si souvent pesté pour lui avoir pris des Gunners, schizo on vous dit). Ce qui l’intéresse en premier lieu, et là on le comprend, c’est l’intégrité de son groupe. C’est d’autant plus con qu’après un début de saison foireux, Arshavin commençait à revenir à son niveau, celui d’un des quatre meilleurs attaquants de Premier League (avec Rooney, Torres et Drogba). Alors Arsène broie du noir. Car après une expédition douloureuse à Manchester il y a quinze jours et un revers (1-2) bien balourd (un péno évitable et un auto-goal grotesque de Diaby alors que les Gunners menaient), c’est un nouveau voyage périlleux dans la cité mancunienne qui attend les Londoniens. Cette fois au City of Manchester Stadium, l’antre du nouveau caïd de la Premier League.
Alors, comment vont les traîtres ?
Manchester City s’avance cette saison avec une ambition dévorante et affirmée, nourrie par un recrutement cinq étoiles d’autant plus spectaculaire que les habituels tauliers de la place n’ont, eux, fait aucune folie quand ils ne se faisaient pas carrément dépouiller. On pense notamment à Arsenal qui a laissé filer Emmanuel Adebayor et Kolo Touré à… Manchester City ! En ce sens, l’affrontement de samedi promet beaucoup. Il dira par exemple si les deux gus avaient raison de se barrer ou si Wenger a bien fait de les dégager. Au vrai, Jacques Crevoisier, sur Canal+ Sport, a apporté un début de réponse : « Je révèle un peu un secret en vous disant qu’ils mettaient une mauvaise ambiance dans le vestiaire et sur le terrain où Adebayor rechignait à presser et où Touré ne s’entendait pas merveilleusement avec Gallas, qui revit aux côtés de Vermaelen » . Une version confirmée du bout des lèvres par Wenger lui-même : « Ce sont d’excellents joueurs mais ils avaient des problèmes, ils ne voulaient pas rester. La meilleure chose à faire pour eux était de partir, et c’était aussi la meilleure chose pour nous parce que nous voulons des joueurs convaincus et motivés, des joueurs qui ont envie de jouer ensemble toute la saison » . Il n’empêche, on est à peu près certain que Touré et Adebayor rêvent de faire la peau à leur anciens partenaires. D’ailleurs, le Manu n’a pas louvoyé en début de saison : « City a les joueurs, il a l’équipe et l’esprit pour se battre pour les quatre premières places. Je pense que nous avons les moyens de nous battre contre Arsenal, de nous battre contre n’importe qui du Big Four » .
City ne s’est pas trompé
Mais il ne faut pas se tromper : si Adebayor a ouvertement les Gunners dans le viseur, ce n’est pas uniquement par revanche personnelle. La plupart des observateurs estiment que si un membre du Big Four peut être en danger cette saison, c’est bien Arsenal, n’en déplaise à Alex Ferguson qui ne comprend pas pareille défiance vis-à-vis des Londoniens. Pourtant, même l’ancien local hero Tony Adams se montre dubitatif sur les chances d’Arsenal : « Bien sûr, je les supporte toujours à fond. Mais sincèrement, je ne crois pas qu’ils puissent jouer les tout premiers rôles » . Et dans le rôle de dézingueurs en chef, les mêmes pronostiqueurs imaginent bien les Citizens. Pour l’heure, la formation de Mark Hughes effectue un sans faute : trois matches, trois victoires, quatre pions marqués pour aucun encaissé. Un premier bilan d’autant plus positif que l’artilleur en chef se nomme Adebayor (trois buts), comme un message à la concurrence : non, Manchester City ne s’est pas planté dans son recrutement estival. Certes Carlos Tevez (touché au genou avec l’Argentine face au Brésil) ne sera pas de la partie samedi et Robinho (cuisse) est très douteux. Mais, et c’est là toute la force de City cette saison, les solutions offensives ne manquent pas, ici Bellamy, là Santa Cruz sans compter la force de frappe du milieu (Ireland, Barry, Wright-Phillips, Petrov), digne des meilleures écuries européennes. En face, Wenger a encore augmenté le nombre de ses cheveux blancs suite à l’absence d’Arshavin, difficilement remplaçable par un Vela inexpérimenté, un Eduardo dans la tourmente (suspendu par l’Uefa) ou un Bendtner… ben Bendtner quoi. Et si l’affrontement de samedi face à Arsenal marquait le début d’un passage de témoin ?
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