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Robinio Vaz, le chouchou surprise

Par Léna Bernard, à Marseille
6 minutes

Il était arrivé sur la pointe des crampons à l’été 2024 depuis Sochaux pour renforcer la réserve olympienne. Un an plus tard, Robinio Vaz est en train de se faire une place dans l’OM de Roberto De Zerbi. À 18 ans, l’attaquant pourrait découvrir la Ligue des champions, ce mercredi soir, au Vélodrome, et ce n’était pas vraiment écrit.

Robinio Vaz, le chouchou surprise

Ils étaient nombreux à se demander qui était ce grand gaillard d’1,85 mètre qui s’apprêtait à remplacer Derek Cornelius en 16es de finale de Coupe de France, alors que les Olympiens étaient menés sur sa pelouse par Lille à un quart d’heure du coup de sifflet final, en janvier dernier. Moins d’un an plus tard, personne ne s’est étonné de voir le nom de Robinio Vaz couché sur la feuille de match comme titulaire aux côtés de Pierre-Emerick Aubameyang face à Auxerre (0-1). Auteur d’un début de saison remarqué du côté de la cité phocéenne avec quatre buts – dont un doublé salvateur face à Angers alors qu’il était entré à la pause – et deux passes décisives, l’attaquant de 18 ans s’est frayé un chemin en équipe première et dans les cœurs marseillais.

De Robinho à Robinio

Le gamin originaire du quartier de Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie dans les Yvelines, n’était pas vraiment destiné à se faire un nom à l’OM. Il avait au moins un prénom pour devenir copain avec le ballon. Le jour de sa naissance, le 17 février 2007, un certain Robinho reste muet avec le Real Madrid contre le Betis, sans que cela n’empêche papa Vaz de rendre hommage au Brésilien au moment de choisir le patronyme de son fiston. Quand on aime le foot, on aime Robinho.

J’étais obligé de le priver de match à la fin de saison. Ce n’était pas de gaieté de cœur, mais on est obligé de le faire pour que ça rentre dans les têtes.

Le grand PAF

Plus tard, ce sont sur les terrains bétonnés de son quartier que Robinio bosse ses gammes. « Quand on joue dans le quartier, au quotidien, ça te forge, reconnaît Saidou Dia, le coach du petit en U12 au FC Mantois 78. Ça te forge au niveau du mental, au niveau de ta qualité technique, même au niveau physique. » D’un club à l’autre dans sa ville, il apprend doucement, sans qu’il ne s’impose comme une évidence ou qu’on ne lui devine tout de suite une carrière professionnelle. « En U12, il pouvait changer le match à lui tout seul. Il appuyait sur un bouton, il prenait le ballon, il allait tout seul, rejoue Dia. Il avait déjà ses qualités de rapidité et de finition. Je savais qu’il allait sûrement jouer chez les professionnels, mais aller aussi vite, non, pas du tout. »

Polir et punir

Chaque histoire a ses tournants, en voilà peut-être deux dans celle de Vaz. Il y a d’abord la décision de Fred Preira, son entraîneur en U14 régional, de le fixer comme avant-centre après l’avoir vu se tester à tous les postes offensifs. Puis, le choix de Sochaux pour exporter son talent au-delà des confins de l’Île-de-France, après avoir été approché par de nombreux clubs hexagonaux, dont Dijon. « On a vite vu qu’il avait vraiment un potentiel au-dessus des joueurs qu’on avait ici, reconnaît Pierre-Alain Frau, directeur du centre de formation. En revanche, il y avait beaucoup de travail, c’était un diamant brut, il fallait le polir, lui apprendre un petit peu à jouer en équipe, à s’adapter à quelques contraintes au niveau tactique. C’était ça le plus gros travail avec lui, parce qu’il avait tout le reste au niveau athlétique. Puis, il avait des gestes instinctifs de haut niveau devant le but. » PAF sait de quoi il parle.

Le « petit », comme le surnomme affectueusement Saidou Dia, aurait pu se tromper de route. Il y a le terrain et tout le reste, aussi. Pas vraiment fan de l’école, Vaz commet des erreurs de jeunesse et ramasse des sanctions. « Quand j’ai pris la direction du centre, j’ai dû le punir certaines fois, confirme Frau. J’étais obligé de le priver de match sur la fin de saison avant qu’il ne parte. Ce n’était pas de gaieté de cœur, mais on est obligé de le faire pour que ça rentre dans les têtes, pour qu’ils se remettent dans le droit chemin. » 

Il mettait des pressings, il montait sur les mecs à la tête, il prenait tous les ballons… Une dalle qu’on voit rarement, surtout chez les jeunes.

Kassim Abdallah, coéquipier de réserve

Ces frasques retardent ses premières apparitions dans le monde pro, malgré des convocations pour les entraînements avec les grands avec le Sochaux d’Oswald Tanchot. « Robinio, il a fait toute la prépa avec moi (lors de la saison 2023-2024, NDLR). De façon un peu circonstancielle, après le dépôt de bilan, donc on avait plus de joueurs. Il s’est retrouvé avec moi en ayant pour seule expérience les U17, se souvient le technicien. Il a fait des matchs de prépa, notamment contre Lens où il avait joué une mi-temps de mémoire. J’ai tout de suite flashé sur le joueur. Au niveau des qualités intrinsèques, athlétiques notamment, c’était quelque chose. »

« Cette saison, il fait partie du patrimoine de l’OM »

Dans une galère financière et proche du dépôt de bilan, Sochaux propose un contrat professionnel à sa pépite à l’été 2024, mais n’a pas les reins assez solides pour converser l’attaquant. Il file donc sur les bords de la Méditerranée, à Marseille, pour renforcer la Pro2, la réserve olympienne en tentant de tirer son épingle du jeu. « Ce qui m’a beaucoup impressionné chez lui, c’est la faim qu’il avait, raconte Kassim Abdallah, aujourd’hui coach adjoint à Aubagne et coéquipier du petit jeune la saison dernière. Il mettait des pressings, il montait sur les mecs à la tête, il prenait tous les ballons… Une dalle qu’on voit rarement, surtout chez les jeunes. »

Toujours souriant, celui qui est présenté comme un garçon joyeux et affable finit par taper dans l’œil de Roberto De Zerbi et de son staff. D’abord convoqué à l’entraînement avec les professionnels à partir de décembre 2024, Robinio est devenu Vaz à l’occasion d’une entrée en jeu en Coupe de France, mais surtout après une apparition remarquée face à Strasbourg, en janvier, quand il obtient le penalty de l’égalisation marseillaise.

Fermement attachés au bonhomme, De Zerbi et les dirigeants olympiens ont refusé toutes les approches pour le joueur lors du dernier mercato. Mieux encore, le club lui a offert une prolongation de contrat jusqu’en 2028. Une aubaine face à la cascade de blessés qui frappe l’OM ces derniers temps, et plus particulièrement après la blessure à l’épaule d’Amine Gouiri, qui ne retrouvera pas le chemin des terrains avant 2026. « C’est un joueur qu’il faut utiliser avec beaucoup de précaution, un objet précieux, décrivait De Zerbi le mois dernier. Cette saison, il fait partie du patrimoine de l’OM. Comme entraîneur, je dois travailler pour créer ce patrimoine et bâtir un avenir. […] Robinio est une surprise pour tous, on ne savait pas quel serait son impact. On devrait peut-être le mettre dans de la naphtaline pour le protéger. Il a beaucoup de qualités pour jouer dans toutes les compétitions. »

Depuis son arrivée à l’OM, Vaz a su prendre en maturité et en intelligence tactique pour gagner un peu plus la confiance de De Zerbi. Une confiance qu’il rend bien à son coach qui n’hésite pas à le lancer dans des matchs pourtant mal embarqués, à l’instar de son entrée face à Angers (2-2) qu’il a bouclé avec un doublé, ou face au Havre (6-2) avec un but et une passe décisive. Au Vélodrome face à l’Atalanta, ce mercredi soir, il pourrait faire ses grands débuts en Ligue des champions. Avec l’idée de montrer à l’Europe que Robinio peut aussi s’écrire avec un « i ».

Le groupe de l’OM contre l’Atalanta avec un présent surprise

Par Léna Bernard, à Marseille

Tous propos recueillis par LB.

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