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Comment Reims a changé de planète économique

Par Adrien Hémard-Dohain

Avec 49 millions d'euros investis sur le mercato cet été, le Stade de Reims est le sixième club français le plus dépensier. Cette manne financière, nouvelle, n'a rien d'un hasard pour un club dont la stratégie porte enfin ses fruits.

Comment Reims a changé de planète économique

Avant la réception de Clermont, qui allait tourner à l’avantage de ses troupes, Will Still avait déjà le sourire. L’entraîneur belge du Stade de Reims restait pourtant sur une défaite inaugurale à Marseille. Mais, interrogé par Prime Video sur le mercato XXL de son club, il a glissé : « Il est temps que le Stade de Reims puisse aller au-dessus. Le recrutement a été fait en ce sens-là. » Plus haut, pour Reims, « c’est de se pérenniser dans le top 9 avec la Ligue 1 à 18. Si on y est régulièrement, pourquoi pas sur un cycle de trois ans aller accrocher une coupe d’Europe », a précisé au même micro Matthieu Lacour, le directeur général du club. Un discours qui ne prête plus vraiment à rire, alors que le Stade de Reims a profité de l’été pour affirmer son changement de dimension économique, avec une cinquantaine de millions d’euros dépensés, soit plus que Nice, Lille ou Lyon, et à peine moins que les nouveaux riches de Strasbourg (56 millions).

Un budget transfert qui a triplé en trois ans

Si cela peut surprendre au premier regard, ce mercato estival est pourtant la suite logique du développement du Stade de Reims, et de la stratégie mise en place par les Champenois depuis leur retour en Ligue 1. Inauguré en 2014, mais déjà agrandi trois fois depuis (dont un nouveau bâtiment de 2000 mètres carrés cet été, dédié au médical), le centre de vie Raymond Kopa (le deuxième plus grand du pays, derrière le nouvel écrin du PSG à Poissy) a été la première pierre, au sens propre, de ce projet. Un outil qui permet aujourd’hui à Mathieu Lacour d’avancer à visage découvert : « On est structuré pour la Coupe d’Europe, en matière de staff administratif, sportif, staff médical. » Autrefois ringardisé par les installations des voisins de Sedan et Troyes pendant qu’il vivait dans des préfabriqués éparpillés dans la ville, Reims est devenu le grand club formateur de sa région, et n’hésite pas à jouer de sa proximité avec Paris pour attirer des jeunes prometteurs, comme ce fut le cas avec Mbuku. La création d’un groupe Pro 2, à la place de l’équipe réserve, a été la suite logique pour polir des talents pas encore prêts pour le haut niveau (Boulaye Dia, El Bilal Touré…). Voilà pour la première étape.

On est structuré pour la Coupe d’Europe, en matière de staff administratif, sportif, staff médical.

Mathieu Lacour

Mais cet été, c’est aux yeux de toutes et tous que le Stade de Reims a soudainement changé de dimension, en dépensant 49 millions d’euros durant le mercato, et pas n’importe comment. Trois chèques de douze millions d’euros ont ainsi été signés pour attirer Mohamed Daramy, Keito Nakamura et Joseph Okumu, sans oublier les arrivées de Teddy Teuma (4,6 millions), Amine Salama (4 millions), Oumar Diakité (2,5 millions) et Reda Khadra (1,9 million). La plus impressionnante reste la prise de Mohamed Daramy, en provenance de l’Ajax et pisté aux quatre coins du continent, dans une transaction qui pourrait approcher les 17 millions d’euros en cas de bonus. « Si les bonus se déclenchent, ça sera une bonne nouvelle pour le joueur et le club », a justifié Mathieu Lacour, assez fier du travail réalisé avec Pol-Edouard Caillot, fils du président, mais surtout dénicheur de talents, cet été : « Notre grande fierté, c’est d’avoir pu, pour la première fois, prolonger l’ensemble de nos cadres (Munetsi, Matusiwa, Foket, Ito…). Ensuite, on est fiers d’avoir fait venir les joueurs aussi tôt, et d’avoir fait venir l’ensemble de nos pistes numéros uns. »

Acheter malin, vendre bien

C’est aussi ça, la nouveauté de l’été : le Stade de Reims est devenu plus qu’un plan B. Keito Nakamura, par exemple, a privilégié la Champagne au LOSC, pourtant européen. Preuve que la stratégie du club, qui assume être un tremplin vers le très haut niveau, fonctionne. Dans ce sens, la vente cet été de Jens Cajuste au Napoli, pour 12 millions d’euros, alors que le Suédois commençait à peine à répondre aux attentes, est un message envoyé aux futures recrues : le Stade de Reims ne vous retiendra pas si un gros vient toquer à la porte. Cette vente, par ailleurs, a aussi permis de renflouer les caisses déjà bien pleines d’un club qui a prouvé qu’il sait vendre ces dernières années (Wout Faes, Boulaye Dia, Axel Disasi, Édouard Mendy, Rémi Oudin…), et après le versement des 28,5 millions d’euros par le PSG pour Hugo Ekitike, prêté avec option d’achat la saison passée. Ajoutez à cela les départs de Dion Lopy (6,5 millions d’euros), Alexis Flips (3,5 millions), Andreaw Gravillon (2,5 millions), Illan Kebbal (2 millions), Fraser Hornby (1,8 million), Bradley Locko et Kaj Sierhuis (0,5 million), ainsi que des pourcentages à la revente glissés dans le contrat d’El Bilal Touré (vendu 28 millions par Almeria à l’Atalanta cet été), et vous obtenez une jolie marge de manœuvre sur le mercato. Sans oublier les 16 millions d’euros touchés en juin dernier dans le cadre de l’accord entre la LFP et CVC.

On ne fait pas de l’anti-marché français, bien au contraire, on adore les joueurs du championnat de France. Mais aujourd’hui, un certain nombre de joueurs, dès qu’ils performent en Ligue 1 ou Ligue 2, ils peuvent être un petit peu chers pour le Stade de Reims.

Mathieu Lacour

Tout cela mis bout à bout, en parallèle de la gestion rigoureuse d’un club présidé, ne l’oublions pas, par le chef d’entreprise qu’est Jean-Pierre Caillot, a permis au Stade de Reims de réaliser le mercato le plus onéreux de son histoire. À titre de comparaison, le club de la cité des sacres n’avait dépensé « que » 22 millions en 2019-2020, 11,7 millions en 2020-2021, 16 millions en 2021-2022 et 20,4 millions la saison dernière. Surtout : la balance entre départs et arrivées est toujours restée positive sur cette période, et c’est encore le cas cette année, malgré l’explosion du plafond de verre. L’inventivité du directeur général Mathieu Lacour, et de son discret mais fondamental bras droit, Pol-Edouard Caillot, entretient ce cercle vertueux depuis 5 ans maintenant, avec une recette. « L’internationalisation de notre recrutement a commencé quand on est remonté en 2018. On ne fait pas de l’anti-marché français, bien au contraire on adore les joueurs du championnat de France, assure le DG. Mais aujourd’hui, un certain nombre de joueurs, dès qu’ils performent en Ligue 1 ou Ligue 2, ils peuvent être un petit peu chers pour le Stade de Reims. On s’est tournés notamment vers la Belgique avec des joueurs qui nous correspondent en matière d’adaptation. » Dernier exemple en date ? L’arrivée de Teddy Teuma, capitaine de l’Union saint-gilloise, et que la Ligue 1 a découvert dimanche dernier à Montpellier.

Par Adrien Hémard-Dohain

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