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Montsé Tomé, vestige du système Rubiales

Par Léna Bernard, à Bâle
7 minutes

Devenue sélectionneuse de l’Espagne après le limogeage de Jorge Vilda en septembre 2023, Montsé Tomé demeure la dernière relique du système mis en place par Luis Rubiales. Critiquée pour sa gestion de l’effectif ainsi que son manque de culture tactique, l’ancienne adjointe de Vilda devrait toutefois être reconduite à son poste après l’Euro.

Montsé Tomé, vestige du système Rubiales

Pratiquement deux ans jour pour jour se sont écoulés depuis la nuit étoilée de Sydney qui a vu l’Espagne décrocher son premier titre mondial – chez les filles – face à l’Angleterre (1-0). Deux ans durant lesquels le football espagnol et sa sélection féminine ont connu des turbulences : démission et condamnation par la justice du président de la Fédé Luis Rubiales, après son agression sexuelle sur Jenni Hermoso lors des célébrations du titre, puis éviction de Jorge Vilda, qui venait pourtant d’être prolongé de quatre ans par ce même Rubiales. L’heure du changement, tant espéré et réclamé par les joueuses ? Pas vraiment, puisque c’est la directrice sportive Montserrat Tomé, plus connu sous le nom de Montsé Tomé, que l’on a propulsée sélectionneuse de la Roja. Elle, l’ancienne adjointe de Vilda, qui n’avait pas hésité à applaudir le discours de Rubiales, le 25 août 2023, lorsque celui-ci avait refusé de démissionner et préféré pointer du doigt le « faux féminisme ».

Une pionnière qui roule à contresens

Les tensions entre la RFEF et cette sélection ont démarré bien avant le Mondial 2023, avec l’affaire de « Las 15 ». Un premier coup de force des joueuses, qui dénonçaient alors des conditions peu propices à la performance sportive lors de l’Euro 2022 – terminé en quarts de finale face à l’Angleterre (2-1). Principale cible de cette mutinerie, Jorge Vilda a donc finalement été mis à pied par sa fédération un an plus tard. Mais la RFEF est restée dans la même lignée avec Tomé, cette dernière devenant tout de même la première femme à prendre la tête de cette sélection. Vraie révolution initiée par la fédération, ou simple tentative de faire taire les joueuses ? En tous les cas, les débuts entre Tomé et ses joueuses n’ont pas été idylliques.

Peu avant l’annonce de sa première liste, 39 joueuses – dont 21 championnes du monde – envoyaient un communiqué demandant des changements plus profonds dans la structure de la fédération, comme la restructuration de l’organigramme du foot féminin, du cabinet de la présidence, du secrétariat général et de la direction de l’intégrité, mais aussi la démission du président de la RFEF – puisque Rubiales était alors encore en poste, et que ces joueuses avaient déjà signifié qu’elles ne rejoueraient pas avant d’avoir eu sa tête. Des revendications non prises en compte par Montsé Tomé, puisque dans sa liste figuraient plusieurs championnes du monde et membres du groupe de « Las 15 » qui n’avaient pas encore donné leur accord pour rejouer avec la Roja. L’ancienne milieu de terrain de Levante et Oviedo s’était défendue en arguant qu’aucune joueuse ne s’était déclarée non sélectionnable – un mensonge débunké par les intéressées, dans la foulée. La fédération, de son côté, avait menacé de sanctionner les objectrices de conscience.

Un accord avait finalement été trouvé entre la fédé et la majorité des joueuses convoquées, et seules deux d’entre elles (Mapi León et Patri Guijarro) avaient quitté le rassemblement pour des raisons « d’inconfort personnel». La sortie du documentaire Netflix Se Acabó en novembre dernier a également eu des conséquences sur les joueuses qui y ont témoigné, à l’instar d’Irene Paredes – pourtant capitaine de cette Roja, non sélectionnée lors de la trêve suivante. La sélectionneuse de 42 ans s’était justifiée avec des arguments rappelant l’ancien temps : « Je ne veux pas dire que ces joueuses n’ont pas été à la hauteur, mais je suis claire sur ce que je veux que l’équipe soit et sur ce que j’aime voir, cet esprit d’équipe, ce savoir-faire. L’équipe masculine est un véritable exemple de travail d’équipe, de coexistence sur et en dehors du terrain et c’est avec tout cela qu’ils ont été performants. » Paredes est depuis revenue, mais d’autres, comme Misa Rodríguez – gardienne emblématique de la sélection et titulaire dans les bois du Real Madrid –, n’ont plus jamais été appelées.

La gestion du cas Jenni Hermoso

La grève des joueuses ne s’est pas prolongée après septembre 2023, mais deux ans plus tard, Montsé Tomé n’est toujours pas la femme de la situation. Après avoir remporté la Ligue des nations 2024, les Espagnoles se sont effondrées lors des Jeux olympiques, sortant face au Brésil en demi-finales (4-2) et ratant la médaille de bronze face à l’Allemagne (0-1) à cause d’un penalty manqué par Alexia Putellas à la dernière minute. Avec, durant ce tournoi, des choix tactiques discutables. À l’orée de l’année 2025 et de l’Euro en Suisse, la sélectionneuse avait demandé, dans un entretien à Mundo Deportivo, « de la stabilité au sein de la sélection  ». Ajoutant, toute fière : « Nous avons réussi à faire revenir des joueuses (Patri Guijarro et Claudia Pina, NDLR) qui méritent leur place dans l’équipe nationale, et nous avons réussi à amorcer le changement dont l’équipe avait besoin. Il est vrai que certaines choses ont été mal faites, mais d’autres ont été bien faites. Nous sommes désormais dans une situation totalement différente, avec une méthodologie en laquelle nous croyons. »

Malgré le calme apparent, le cas Jenni Hermoso reste une épine dans le pied de Tomé. Lors de sa première liste, elle avait écarté la joueuse de Tigres pour « la protéger » : « Nous soutenons Jenni et toutes les joueuses. Nous pensons que la meilleure façon de les aider est d’être à leurs côtés, de les écouter. En tant que responsable, avec mon équipe, nous avons estimé que c’était la meilleure façon de la protéger. Nous comptons sur Jenni, je travaille avec elle depuis cinq ans. […] Je soutiens Jenni, je la défends, je suis vraiment désolée de ce qui s’est passé pendant cette période. Nous devons considérer qu’elle est une footballeuse professionnelle qui aime ce qu’elle fait. » Sélectionnée pour la dernière fois en octobre 2024 pour deux amicaux face au Canada et à l’Italie, Hermoso est l’une des grandes absentes de cet Euro et n’a pas épargné Tomé avant la compétition : « Qu’elle se concentre pour faire de l’Espagne un champion d’Europe, bien que seules, elles (les joueuses) le feraient aussi, et probablement beaucoup mieux. » Un message quasiment prémonitoire.

Si l’Espagne a brillé dans cet Euro, sa défense ne s’est pas du tout montrée rassurante en phase de poules. Un sujet sensible pour la sélectionneuse, qui n’a pas hésité à rabrouer un journaliste avant le quart de finale face à la Suisse : « Je voudrais vous demander : qu’est-ce que vous entendez par des faiblesses défensives ? Ce que je sais, c’est que les professionnels dans ce domaine, c’est nous, et que ceux qui comprennent le mieux l’équipe, c’est aussi nous. » Une explication de texte musclée, mais l’ancienne adjointe de Vilda a tenu à pousser l’analyse plus loin : « Il est évident que cette équipe veut s’améliorer dans tous les domaines, mais nous n’avons encaissé que trois buts. Nous avons de très bonnes défenseuses, des joueuses incroyables qui ont prouvé leur talent, leur valeur et leur capacité depuis longtemps. Je ne pense pas que ce soit une faiblesse. L’attaque et la défense sont des choses collectives. Nous avons besoin des défenseuses pour nous aider à sortir le ballon en attaque et des attaquantes pour presser à la perte de balle, ainsi que des ailières, qui doivent commencer à défendre. C’est un travail d’équipe. » Pourtant si la Roja s’est hissée en finale en se sortant du piège allemand (1-0), c’est uniquement grâce à la magie d’Aitana Bonmatí. Un résultat qui permet à Tomé d’espérer une prolongation, alors que son contrat s’achève le 30 août prochain.

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