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CAN : la chaleur défavorise-t-elle ceux qui jouent en Europe ?

Par Léo Tourbe
CAN : la chaleur défavorise-t-elle ceux qui jouent en Europe ?

La CAN fait face à une épidémie, celle des victoires par la plus petite des marges. Sur les vingt premiers matchs de la compétition, seules trois rencontres se sont ainsi conclues par un écart supérieur à un but. Les températures, harassantes depuis l'ouverture du tournoi au Cameroun, semblent être une bonne explication quant au resserrement du niveau entre les sélections : les joueurs qui évoluent en Europe tirent la langue.

« Aujourd’hui, il faisait très humide et très chaud. Ce n’est pas une excuse, mais ça pèse sur l’organisme de chaque athlète. Notamment chez les joueurs qui ont l’habitude d’évoluer en Europe », expliquait Djamel Belmadi au cours d’une conférence de presse lunaire, après le match nul de l’Algérie face à la Sierra Leone (0-0).

Si on peut s’interroger sur les intentions du journaliste à l’origine de la question, la réponse du sélectionneur illustre parfaitement une problématique qui revient sans cesse depuis le début de la compétition : les conditions de jeu. Outre les pelouses parfois scandaleuses, la chaleur est en effet l’ennemi numéro un des joueurs en ce début de CAN. Le thermomètre qui explose serait-il ainsi une bénédiction pour les nations qui comptent essentiellement des joueurs du pays, donc habitués au climat ?

Pas de préparation, pas de performance

En tout cas, il est certain que les organismes des footballeurs évoluant en Europe dans des climats plus froids sont frappés de plein fouet. « Les joueurs qui arrivent directement et qui ne sont pas acclimatés seront défavorisés par rapport aux joueurs qui sont acclimatés à la chaleur, c’est sûr », affirme Grégory Dupont, préparateur physique des Bleus lors du Mondial 2018 qui officie désormais au RC Strasbourg. Un constat qui permet d’introduire l’importance de l’acclimatation : la plupart des sélections ont eu une préparation tronquée voire inexistante, ce qui s’avère « plus pénalisant » sur le plan physique que sur le plan purement technique. « Si on n’est pas acclimaté et qu’on arrive sur place deux-trois jours avant le match, on est vraiment dans les pires conditions. On va être moins performant, sur le plan physique », détaille le spécialiste. Soit exactement ce qu’il s’est passé pour pas mal de joueurs.

En moyenne, la distance totale est diminuée de 10% à 35°C.

Concrètement, voici comment le corps des joueurs européens réagit sur ces premiers jours de compétition : « En moyenne, la distance totale est diminuée de 10% à 35°C, le nombre de sprints est diminué en seconde période, la performance cognitive (réaction, prise de décision) est également diminuée avec la chaleur, le nombre de crampes est aussi augmenté. » L’organisme des non-habitués est en fait trahi par les récepteurs, situés au niveau du bulbe rachidien et qui servent à réguler la température corporelle. Il faut donc un peu de temps avant que ceux-ci se désensibilisent. En attendant, le cerveau envoie des signaux de douleur, ce qui influe sur la performance. Si nous ne sommes pas tous égaux génétiquement face à l’adaptation aux conditions de chaleur, Grégory Dupont estime que le corps met généralement deux semaines pour complètement s’habituer. Toutefois, « certains s’adaptent beaucoup plus vite que d’autres, comme pour l’altitude. Il y en a qui peuvent mettre cinq, six jours. »

Les Européens ne sont pas seuls à souffrir

Pour accélérer le processus d’adaptation, Grégory Dupont préconise de s’entraîner dans des chambres chaudes. C’est-à-dire des cabines où il fait plus de 40°C, et où il faut faire de l’exercice : « Ne serait-ce que 20 ou 30 minutes de vélo, ça permet de bien s’acclimater. » Sur place, il faut se priver d’eau le plus possible afin d’habituer le corps à produire un effort intense sous la chaleur et en étant déshydraté. Mais évidemment, « cela va à l’encontre des recommandations. Du point de vue de la santé, il faut boire. » Reste qu’il n’y a pas que les joueurs évoluant sur le Vieux Continent qui sont touchés par la hausse du mercure. Naïm Sliti a beau évoluer en Arabie saoudite, pays pas franchement réputé pour ses tempêtes de neige, la rencontre de la Tunisie face au Mali l’a poussé dans ses retranchements.

J’ai déjà joué sous – 14 °C et là, ce n’est pas drôle !

« Honnêtement, la première mi-temps était très difficile au niveau des conditions avec la chaleur », confiait-il après le match, au micro de beIN Sports. Le journaliste a beau lui faire remarquer qu’il a l’habitude, l’ancien Dijonnais rétorque : « Non, ce n’est pas facile. On ne peut pas s’habituer à ces conditions de jeu, on fait avec et on doit faire avec. » Enfin, si Grégory Dupont assure que passer du chaud au froid est une partie de plaisir comparé au chemin inverse, certains footballeurs ne sont pas cet avis. Ravy Tsouka, qui évolue depuis quatre ans en Suède et fait régulièrement partie de la sélection congolaise (Brazzaville), « préfère jouer sous la chaleur » même s’il concède que la première journée est difficile. Mais pas autant que de jouer sous la neige : « J’ai déjà joué sous – 14°C et là, ce n’est pas drôle ! » Une solution : délocaliser la prochaine CAN en Islande, juste pour voir.

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Par Léo Tourbe

Tous propos recueillis par LT, sauf mentions.

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