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Benoît Hamon : « Quoi qu’il arrive, Éric Roy nous aura offert quelque chose d’exceptionnel »

Propos recueillis par Andrea Chazy

Candidat socialiste à la présidentielle de 2017, né non loin de Brest, Benoît Hamon - élu mercredi à la présidence de l’association ESS France - suit avec attention la fantastique saison du Stade brestois 29. Entretien avec un homme qui attend avec impatience le coup de sifflet final de cette Ligue 1 2023-2024 et surtout la présence de Brest en Coupe d’Europe l’an prochain.

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Comment avez-vous vécu le dernier quart d’heure de Brest-Metz dimanche

Je n’ai malheureusement pas pu voir le match, donc je l’ai suivi sur l’appli de L’Équipe. Je me suis arrêté à 4-1, puis j’ai enchaîné les actualisations quand j’ai vu qu’il y avait 4-2 puis 4-3… Il n’y a rien de plus stressant quand vous n’avez ni l’image, ni le son. Mais bon, je n’étais pas totalement angoissé, car on a une bonne défense cette année. Et l’essentiel, c’est que cela fasse trois points en plus dans l’escarcelle à la fin.

En 2017, sur le plateau de La chaîne L’Équipe, vous disiez ceci : « Comme supporter, je veux pouvoir rêver un jour de voir le Stade brestois champion de France et qu’il fasse un parcours en Ligue des champions. » Bon, pour le titre, cela paraît difficile. Mais en ce qui concerne la C1, on n’en a jamais été aussi proche. Vous y croyez vraiment ?

Je suis raisonnablement prudent. On sera européen, mais dans laquelle des compétitions… Dimanche, on joue Lyon, puis Monaco et Rennes, ça ne va pas être simple. Il va falloir conserver le même niveau dans cette dernière ligne droite que depuis le début de la saison. Mais en même temps, j’ai envie de vous dire que depuis le début de la saison, tout le monde guette le moment où le Stade brestois va s’écrouler. Où l’équipe va perdre le fil de son jeu. Au lieu de ça, semaine après semaine, on voit un groupe qui a une certaine constance dans l’engagement, dans la qualité du jeu qui est produit tant à domicile qu’à l’extérieur. Tout ça donne quand même envie d’y croire. La Ligue des champions, ce serait tellement énorme.

Qu’est-ce qui vous plaît dans cette équipe ? Eh bien, c’est ce que je vous disais, la qualité affichée quel que soit le onze de départ qu’on aligne. Même si, hormis sur la ligne offensive où il y a un peu de turnover entre Mounié, Satriano, Del Castillo et les autres, Éric Roy ne fait pas énormément tourner. Celui qui apparaît comme la révélation – j’avoue que je ne le connaissais pas avant –, c’est Lees-Melou qui fait une saison énorme. Je n’oublie pas l’autre milieu malien, Kamory Doumbia, qui fait une bonne saison et qui a encore marqué face à Metz, tout comme la charnière centrale qui est de très bon niveau… En fait, on ne voit guère de point faible dans cette équipe. On a le sentiment qu’Eric Roy a réussi à faire jouer ensemble ces gars qui sont tous de bons joueurs de Ligue 1. Il parvient à maintenir un niveau de motivation et d’engagement remarquable. Je pense que la fin de saison dernière et cette saison, on la doit beaucoup à Roy et son staff.

Même si Éric Roy n’est ni breton ni brestois, il a un truc en lui approprié à la terre sur laquelle il entraîne. Il a un discours qui va bien.

Benoît Hamon

Vous vous attendiez à cela lorsqu’Éric Roy a débarqué ? Il y avait quand même pas mal de scepticisme lorsqu’il a été nommé.

Je connaissais de nom l’ancien joueur, mais je n’avais aucune idée de ce qu’on pouvait en attendre comme coach. On s’était un peu habitués, depuis quelques saisons, à jouer le maintien avec des saisons en dents de scie au cours desquelles on n’était jamais totalement assurés de s’en sortir. Mais force est de constater que ce qu’il fait, c’est remarquable. Et puis quand j’écoute ses interviews d’après-match, il dégage une forme de tranquillité. Il n’en rajoute pas, il a des mots appropriés sur ce qu’est le foot, sur ses joueurs aussi, ses supporters, sur le plaisir qu’il prend. Je trouve que même s’il n’est ni breton ni brestois, il a un truc en lui approprié à la terre sur laquelle il entraîne. Il a un discours qui va bien.

Il a une mentalité qui correspond aux gens du coin ?

Oui, et puis je pense qu’il mesure complètement le caractère éphémère des succès dans le foot. Qu’une année puisse être exceptionnelle et que la suivante puisse être terrible, car la saison prochaine il devra mener de front à la fois le championnat et la Coupe d’Europe, l’équipe sera attendue au tournant et peut-être pas tout à fait la même… Mais bon, quoi qu’il arrive, Éric Roy nous aura offert quelque chose d’exceptionnel. Pour être supporter brestois depuis de nombreuses années maintenant, j’ai connu quelques grandes époques où on avait des joueurs comme Drago Vabec, Roberto Cabanas, Gérard Buscher, Paul Le Guen, Vincent Guérin, Bernard Lama, c’était la folie. Mais là, avec un effectif sans star au départ, il fait une très, très belle saison.

Jusqu’à cette année, quel était votre plus beau souvenir comme fan du Stade brestois ? Quand on alignait des défenses avec José Luis Brown qui était en sélection argentine, Júlio César qui était en équipe du Brésil. L’époque de François Yvinec, où j’allais en tribunes derrière les buts. Après, j’ai quitté Brest à 23 ans donc je n’ai pas souvent eu l’occasion de retourner à Francis-Le Blé, mais j’ai toujours suivi l’équipe. On a connu des années difficiles en Ligue 2, puis on est remontés, et cette année, c’est l’alignement des planètes. Ça dure, c’est génial.

Je trouve qu’au bout du bout, les valeurs qui peuvent être associées à la trajectoire du SB29 sont des valeurs de constance, de tempérance, il n’y a pas d’excès de langage.

Benoît Hamon

Vu que les élections européennes approchent, on va tenter un parallèle : à quelle trajectoire politique pourrait-on comparer cette saison du Stade brestois ?

Il faut que ce soit une trajectoire patiente, déjà. (Rires.) Laborieuse aussi, dans le sens où les gens qui sont au club aiment le travail et ce qu’il représente. Je trouve qu’au bout du bout, les valeurs qui peuvent être associées à la trajectoire du SB29 sont des valeurs de constance, de tempérance, il n’y a pas d’excès de langage. Même s’il y a parfois des matchs un peu rudes, mais c’est le fait de l’engagement sportif. Le côté très collectif aussi, cela permet de réhabiliter ce foot dans lequel ce n’est pas toujours les mêmes ou les plus gros budgets qui gagnent à la fin. Cette idée que l’on puisse avoir un budget modeste, mais aussi une équipe de qualité. Quand même : on pourrait avoir un Brest-Manchester City ou un Brest-Real Madrid l’an prochain ! C’est un truc de fou. C’est aussi une belle leçon de sport.

Comment accueillez-vous la possibilité de voir ces potentiels Brest-Manchester City ou Brest-Real Madrid se jouer dans l’un des stades voisins, à Nantes ou à Rennes ?

Évidemment que c’est un regret, mais on ne va pas demander à la mairie de consentir à un investissement de plusieurs millions d’euros juste pour quelques matchs. Parce que c’est le contribuable brestois qui payerait, et il n’y a pas de certitude aujourd’hui que le Stade brestois puisse s’inscrire dans la durée comme une équipe qui jouerait la Coupe d’Europe plusieurs années de suite. Non, ce qui est débile dans les faits, même si je ne sais pas si c’est pour des questions de sécurité ou de taille des stades pour avoir une billetterie qui fait rentrer suffisamment d’argent, que Le Blé ne soit pas habilité à accueillir ces matchs tel quel.

Comment fêteriez-vous une qualification en Ligue des champions du Stade brestois ? Moi, j’ai mes frangins qui vont au stade, et mon père suit ça comme un fou. Même s’il habite près de Lorient, il reste supporter du Stade brestois. C’est lui qui m’a emmené ado, et je crois qu’on va fêter ça tous ensemble, symboliquement, car c’est une vraie joie ! C’est génial pour un supporter de se dire qu’il va peut-être y avoir la Ligue des champions à Brest. Peut-être que certains, ailleurs, diront « ah on n’aura pas de club compétitif en Ligue des champions l’an prochain », mais moi, je trouverai cela toujours mieux que toutes ces ligues fermées où l’on gagne son ticket parce qu’on a du pognon. Un club comme Brest peut arriver en Ligue des champions avec l’un des plus petits budgets. Voilà, vive le sport, vive les petits budgets et vive le talent, quoi.

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Propos recueillis par Andrea Chazy

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08 Corentin TOLISSO (ol) - 10 Amine GOUIRI (srfc) during the Ligue 1 match between Stade Rennais Football Club and Olympique Lyonnais at Roazhon Park on November 12, 2023 in Rennes, France. (Photo by Christophe Saidi/FEP/Icon Sport)
08 Corentin TOLISSO (ol) - 10 Amine GOUIRI (srfc) during the Ligue 1 match between Stade Rennais Football Club and Olympique Lyonnais at Roazhon Park on November 12, 2023 in Rennes, France. (Photo by Christophe Saidi/FEP/Icon Sport)
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