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Artur Jorge, prince du foot et de Paris

Par Adel Bentaha

Artur Jorge est décédé ce jeudi à 78 ans. Joueur majeur du football portugais des années 1980, il est ensuite devenu un entraîneur mythique, au PSG notamment. Hommage.

Artur Jorge, prince du foot et de Paris

« Artur Jorge est le plus grand entraîneur que j’ai connu. » En des mots chargés de sens, Michel Denisot a certainement résumé la pensée de nombreux supporters du Paris Saint-Germain ce jeudi matin. Les Parisiens ont en effet appris le décès de leur ancien entraîneur à 78 ans. Technicien iconique, le Portugais aura ainsi dédié une partie de sa vie au football, en tant que grand joueur d’abord, avant d’en devenir un chef d’orchestre depuis le banc de touche.

Hommes de lettres et de terrain

La carrière d’Artur Jorge Braga Melo Teixeira, c’est déjà deux caractéristiques physiques : une nuque longue et de la moustache. Comme les marques apposées sur une personnalité forte intellectuellement, et rassurante humainement. « Le coach était quelqu’un d’introverti, résume Laurent Fournier, qu’il aura eu sous ses ordres de 1991 à 1994. Il ne parlait jamais pour ne rien dire. Ses consignes étaient toujours cohérentes et souvent bien exprimées. » Car bien avant de faire du ballon son outil de communication, l’enfant de Porto s’est avant tout construit dans un vaste univers culturel, qui l’aura suivi tout au long de son parcours. Lui, le diplômé en littérature de l’université de Coimbra, et de philologie allemande à la faculté de Lisbonne. Un homme de lettres, que l’on disait ainsi poétique durant ses causeries, et jamais avare en compliments quand il fallait remonter le moral des troupes.

Le PSG est devenu un club sérieux en partie grâce à lui. Il inspirait le respect, pour aller le voir dans son bureau, il fallait avoir une bonne raison, sinon tu n’entrais pas comme ça.

Laurent Fournier

Mais Artur Jorge, c’est aussi des chiffres et un statut. Celui de monument à l’Academica de Coimbra, dont il arborera le maillot noir quatre saisons durant, terminant dauphin du FC Porto en 1967 (le meilleur classement de l’histoire du club), et avec qui il sera l’instigateur d’un mouvement de contestation contre la dictature d’António de Oliveira Salazar. Ce sont aussi ces 105 buts inscrits en 136 matchs à Benfica, pour compléter un quatuor offensif composé d’Eusébio, Nêné et Rui Jordão. Chez les Aigles, il raflera d’ailleurs quatre championnats, deux Coupes du Portugal, ainsi que la gloire du meilleur buteur national par deux fois (23 buts en 1971, 27 en 1972). On citera également ses 16 capes avec une Seleção encore émergente entre la fin des années 1960 et le début des seventies, avant ses 13 titres acquis comme entraîneur.

Artur de Paname

Des sacres épars, dont certains revêtent encore aujourd’hui une symbolique particulière. Le 27 mai 1987, sous la chaleur de Vienne, une talonnade de Rabah Madjer venait ainsi offrir sa première Ligue des champions à Porto, ainsi que la postérité à un geste technique, et asseoir un peu plus la légitimité d’Artur Jorge. Sept ans plus tard, c’est loin de chez lui, dans l’Hexagone, qu’il l’a définitivement gagnée. En tentant le pari Matra Racing, en raflant la Coupe de France en 1993 et la D1 en 1994 au Paris Saint-Germain, le tout porté par de sublimes soirées européennes. « Artur Jorge, c’était Monsieur Coupe d’Europe, poursuit Fournier. Il nous responsabilisait beaucoup, donc en championnat, il nous laissait libres de pratiquer le football que l’on voulait, mais en Coupe d’Europe, il fallait scrupuleusement respecter son plan de jeu. » Au-delà des trophées, « Big Moustache » aura donc réalisé l’exploit des plus grands entraîneurs de ce sport : procurer des émotions.

Pour certains supporters, son PSG est même celui des premiers émois footballistiques, témoins d’une équipe qui – à défaut de souvent bien jouer, il faut le dire – est devenue une machine à gagner. Laurent Fournier : « C’est grâce à lui que j’ai pu être convoqué en équipe de France. Le PSG est devenu un club sérieux en partie grâce à lui. Il inspirait le respect, pour aller le voir dans son bureau, il fallait avoir une bonne raison, sinon tu n’entrais pas comme ça. » Bernard Lama, Antoine Kombouaré, Patrick Colleter, Ricardo, Paul Le Guen, Alain Roche, Valdo, Laurent Fournier, Vincent Guérin, Daniel Bravo, David Ginola, Rai, François Calderaro, Jean-Luc Sassus, George Weah. Rien n’est donc à jeter, tout est à se remémorer et à admirer. Et comme le conclut Fournier, « le coach a réussi avec le PSG ce qu’il n’a peut-être pas su faire avec le Matra. La capitale lui doit pas mal de sa renommée sportive. » Du maillot Commodore au Casque d’or de Kombouaré contre le Real Madrid en 1993. Du 3-0 infligé à Nantes en finale de la Coupe de France à l’élégance de Ginola. De la puissance de Weah à la naissance des Classiques face à l’OM. C’était Artur Jorge.

Par Adel Bentaha

Propos de Laurent Fournier recueillis par AB.

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