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Stefan Islic : « J’appelle les clubs amateurs à boycotter la Coupe de France »

Propos recueillis par Tara Britton
Stefan Islic : « J’appelle les clubs amateurs à boycotter la Coupe de France »

C’en est trop pour Stefan Islic. L’annonce de la reprise de la Coupe de France pour les clubs amateurs, à dix jours seulement du premier match, l’a fait sortir de ses gongs. Le président du district de l’Escaut appelle au boycott de la compétition. Une vie vaut plus qu’un match de foot, estime-t-il. Le Nordiste est du genre à se rebiffer. En octobre, il avait été un précurseur en décidant de l’arrêt des championnats au sein de son district, pour une question de santé, encore une fois.

Vous parlez de « boycott » , c’est un mot fort. Pourquoi les clubs amateurs devraient-ils refuser de jouer la Coupe de France ? J’appelle au boycott uniquement pour un enjeu de santé. Dans le contexte actuel, je comprends que l’organisation de la Coupe soit compliquée, mais il ne faut pas négliger le football amateur en prenant une décision hâtive, et en notifiant les clubs de la reprise, seulement dix jours à l’avance. Je me demande d’ailleurs si la commission médicale fédérale a été saisie pour émettre un avis. J’ose espérer que oui, mais cette décision me surprend énormément.

Quand la FFF a annoncé cette semaine la reprise de la Coupe de France pour les clubs amateurs, je me disais qu’il allait y avoir un aménagement un peu comme celui des équipes professionnelles.

Vous étiez pourtant emballé par le nouveau format dévoilé en décembre. J’étais confiant. Le virus constitue un vrai casse-tête organisationnel, mais ce nouveau format me semblait être une solution de bon sens. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, on pensait aussi qu’on reprendrait la compétition le plus vite possible. Et puis quand la FFF a annoncé cette semaine la reprise de la Coupe de France pour les clubs amateurs, je me disais qu’il allait y avoir un aménagement un peu comme celui des équipes professionnelles. Avec une dérogation au couvre-feu, la possibilité de s’entraîner normalement, c’est-à-dire avec contacts, et de se préparer en faisant des matchs amicaux. Il n’y a rien eu du tout. C’est un gros manque de respect envers le football de masse. Il n’y a aucune équité sportive.

À vous entendre, on a l’impression que la fédération se moque royalement du football amateur. Exactement. On ne vient pas nous solliciter en territoire. Je ne sais même pas si on a de la considération pour nous. Je me pose des questions sur la pérennité des clubs amateurs. Ils ne se sentent pas aidés. On a formulé des questions auprès de la Ligue du football amateur, et ses réponses m’ont profondément déçu. On souhaitait décaler le calendrier d’une semaine. Réponse : « non ». Concernant le couvre-feu à 18h et la possibilité de bénéficier d’une dérogation, réponse : « non ». Le protocole sanitaire rend obligatoire la présence d’un médecin le jour du match, mais si celui-ci est absent, que doivent faire le délégué et l’arbitre ? Réponse : « C’est la responsabilité du club recevant. » Sans les revenus de la buvette, essentiels pour les clubs de district, qui prend en charge les frais d’arbitrage ? Aucune réponse. Concernant les frais des tests ? « Utiliser le remboursement de la sécurité sociale », nous a-t-on rétorqué. Nous n’avons eu que des retours négatifs ou des non-réponses. C’est frustrant.

Dans le district de l’Escaut, trois clubs essayent de composer avec les moyens du bord. Certains m’ont appelé pour me demander une subvention afin de mettre en place le protocole sanitaire imposé par la fédération. On fait les fonds de tiroir pour pouvoir réaliser ce match, sans public, sans buvette…

Pour un club de district, que représente le cahier des charges imposé par la FFF ? À ce niveau, c’est simple : le tissu relationnel fait tout. Tout est fait avec des bouts d’élastiques et des bouts de ficelles. Dans le district de l’Escaut, trois clubs essayent de composer avec les moyens du bord. Certains m’ont appelé pour me demander une subvention afin de mettre en place le protocole sanitaire imposé par la fédération. On fait les fonds de tiroir pour pouvoir réaliser ce match, sans public, sans buvette… C’est un cahier des charges draconien, mais normal à l’égard de la pandémie. Ce qui est inadmissible, c’est l’interdiction de report de match, et la défaite par forfait, si des cas positifs se révèlent au sein de l’effectif. Je me mets à la place du garçon fautif qui n’a pas pu s’empêcher d’aller voir sa famille ou d’aller travailler, c’est horrible. On ne peut pas dire à une équipe amateurs : « C’est terminé, vous sortez. » Personne ne peut empêcher la Covid de se glisser dans toutes les failles. Et puis cette interdiction de report va avoir des conséquences sur les arbitres, qui, sous la pression, pourraient faire jouer des matchs qu’il pleuve ou qu’il neige. C’est ubuesque.

Quels retours avez-vous eu des sept clubs de votre district encore en lice ? Deux clubs, au niveau régional, se sont posé la question d’y participer. Ils ne sont pas forcément motivés par le fait de jouer cette coupe dans les conditions proposées par la fédération. En plus, l’un des sept, Berlaimont (D1), n’a même pas de terrain pour s’entraîner en raison des arrêtés pris par les municipalités ou les sous-préfectures vis-vis de l’utilisation des infrastructures sportives. Les conditions d’entraînement ne sont donc pas du tout les mêmes. Un des présidents me disait : « À part les chômeurs et les étudiants, je ne vais pas avoir grand monde pour préparer la rencontre. »

L’utilisation des vestiaires pose également question. Si les joueurs doivent se préparer dehors, dans le froid, ils pourraient attraper d’autres maladies virales et être plus sujets aux blessures.

En plus, on l’a vu avec le football professionnel, malgré le protocole sanitaire, le risque zéro n’existe pas. Les tests font partie des mesures barrière. Ils sont nécessaires, mais ne suffisent pas. Est-ce-que tout le monde va jouer le jeu dans l’environnement du club ? De quelle manière pourront être gérés les matchs à huis clos ? L’utilisation des vestiaires pose également question. Si les joueurs doivent se préparer dehors, dans le froid, ils pourraient attraper d’autres maladies virales et être plus sujets aux blessures. Il n’y a pas que la Covid.

Finalement, quelle aurait été la meilleure solution, à vos yeux ? La FFF aurait dû exceptionnellement mettre en sommeil la Coupe de France pour le monde amateurs et la transformer en Coupe de la Ligue. C’est bien plus sage de laisser les clubs professionnels se battre pour notre territoire. On aurait forcément été déçus. Je peux comprendre que les jeunes ou ceux qui disputent leur dernière Coupe de France veulent jouer. Effectivement, c’est super de recevoir un gros club, ça brûle les orteils et c’est excitant d’avoir un maillot de Coupe de France. Mais est-ce qu’un match de 90 minutes vaut plus qu’une vie ? La fédération a cédé au diktat de l’argent en mettant en place un système inéquitable et dangereux. À quelques heures d’une élection fédérale, en mars pour la fédération, en avril pour la Ligue du football amateur, les enjeux sont économiques et politiques, mais ils ne visent pas à protéger l’intégrité physique des pratiquants.

Après la trêve internationale, place au festin !

Propos recueillis par Tara Britton

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