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Lyon, la science des trêves
Il y a quinze jours, on quittait l'OL avec l'idée qu'une part importante de la saison venait de prendre fin. Une trêve plus tard, les Lyonnais sont de retour à Nice (17 heures), de nouveau prêts à en découdre. Pour la dernière ligne droite ? Ou pour ce qui s'apparente à une nouvelle saison ?
Depuis qu’il est devenu l’une des plus belles collections d’internationaux de L1, l’OL a eu le temps d’apprivoiser la science des trêves. Où l’on s’emploie à occuper la petite troupe scotchée près des terrains de Tola Vologe à coups de footings légers dans les bois de Parilly ou de sorties VTT dans les Monts du Lyonnais, à se rappeler que la joueuse est l’avenir du joueur – celles d’OL féminin en ont profité pour remporter leur cinquième titre d’affilée en championnat –, avant de jeter un œil aux performances des coéquipiers partis jouer avec leurs sélections respectives.
Comptes de printemps
Le reste du temps, rien ne change. On continue de faire les comptes. Il y a quinze jours, après la sortie de Ligue des Champions qui ramenait les Lyonnais à leur place – celle de valeureux faire-valoir pour huitième de finale – et après ce nul au goût de défaite concédé dans la foulée face au Stade Rennais, on était tout prêt de voir l’OL solder ces mêmes comptes. C’est du moins ce qu’on jurait avoir entendu chez Jean-Michel Aulas, sonné par l’égalisation rennaise : « Lorsqu’on mène 1-0 à domicile, en supériorité numérique, on n’a pas le droit de se faire rejoindre et de ne pas gagner. C’est à pleurer de rage. On mène, on a les occasions, mais on s’effondre physiquement en deuxième mi-temps. » Façon de relayer ce que toute la chronique lyonnaise et Gerland réunis avaient vu ce soir-là, onze types dirty battus à Madrid trois jours plus tôt, auxquels on demande de se frapper l’équipe la plus dure du moment en L1, sans changement avant la 85ème minute. Un drôle de bricolage qui faisait dire à tout ce beau monde que l’OL ne pourrait décidément rien gagner avec Claude Puel à sa tête.
Une trêve, ça laisse forcément du temps pour trouver une suite raccord à cette semaine au cours de laquelle les Lyonnais ont perdu leurs dernières illusions, celle de bête noire du Real et celle de prétendant au titre. De quoi agiter un peu plus l’idée de la dernière saison pour Puel et donner un nom à son possible successeur: Gerets, Ranieri ou Deschamps. Mais on l’a dit, le football à Lyon n’est pas affaire de fantaisie. C’est avant tout une histoire qui doit se résumer en deux lignes, celle des dépenses et celle des recettes. Avec un déficit de 35 millions, un projet de grand stade qui est devenu la ligne de partage de la classe politique locale et une qualification en Ligue des Champions qu’il faudra se disputer à cinq, Jean-Michel Aulas a eu vite fait de faire les comptes : « Nous vendrons probablement deux ou trois joueurs à la fin de la saison. Au lieu de 25 joueurs, nous aurions un groupe de 22-23 joueurs. Nous diminuerons l’an prochain notre masse salariale de dix millions d’euros. L’arrivée de Yoann Gourcuff et le manque à gagner à cause de la suppression du droit à l’image collectif nous y obligent. » (Le Figaro, le 16 mars) Un message à l’adresse de ses actionnaires que le président lyonnais a pris soin de traduire cette semaine au reste du monde : « Claude Puel sera l’entraîneur de l’OL la saison prochaine à 99,9 %. »
Le combat ordinaire
Bien entendu, on a appris à se méfier de ces déclarations définitives, surtout quand elles sont signées JMA. Pourtant, on pense avoir compris une chose essentielle dans cette affaire : Claude Puel reste indiscutable à ce moment de la saison, quand on vient tout juste de remiser les idées de titre ou de parcours épique sur la scène européenne et qu’il faut s’engager dans le combat ordinaire, celui pour une place de deuxième ou de troisième.
C’est autour de cette nouvelle donne que promet de s’engager la fin saison lyonnaise qui commence ce soir à Nice. Une première étape essentielle pour rester bien sûr au contact de la concurrence immédiate, qu’elle soit marseillaise ou rennaise, mais aussi pour monter la formule qui permettra aux Lyonnais de ferrailler dans la dernière ligne droite. Un prélude qu’on imagine volontiers en 4-2-3-1, système qui a fait ses preuves lorsqu’il a fallu retrouver un peu de sérénité en défense (trois buts en six matchs, ndlr) et de souffle dans l’animation offensive – c’est encore dans ce rôle de soutien au duo Lisandro-Gomis que Gourcuff est apparu le plus convaincant. Pour le reste, ce déplacement au Ray servira à lancer la campagne de mobilisation de tout un groupe. S’il n’est pas question de ressortir un turn over grande envergure, le match de cet après-midi devrait être l’occasion de retrouver ceux qu’on avait presque oubliés ces derniers temps, Gonalons pressenti à la place de Toulalan suspendu et Ederson de retour dans le groupe après avoir fait les beaux jours de la CFA. Une façon comme une autre de rappeler aux joueurs que certaines trêves peuvent aussi servir à remettre les comptes à zéro.
De là à imaginer qu’une nouvelle saison est en train de commencer, il n’y a qu’un pas que Jean-Michel Aulas s’est empressé de franchir hier : « Le match à Nice ? C’est le début d’un rêve. La première image d’un rêve que j’ai dans la tête… » On veut bien patienter encore 90 minutes avant de s’attaquer cette fois à la science des rêves lyonnais.
Par Serge Rezza
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