Lukaku-Chelsea, acte II

Le monde du football peine peut-être à se sortir de la crise sanitaire, mais cela n’empêche pas les clubs d’animer un mercato estival complètement fou. Certes, ce point de vue depuis l’hexagone peut être biaisé par les emplettes gargantuesques réalisées par le Paris Saint-Germain (Wijnaldum, Hakimi, Sergio Ramos, Donnarumma et Lionel Messi), mais il ne faut pas oublier que la Premier League continue à se porter à merveille, au regard des transferts faramineux comme ceux de Jack Grealish à Manchester City (117,5 millions d’euros), Jadon Sancho (85 millions) et Raphaël Varane (50 millions) à Manchester United, Ben White à Arsenal (58,5 millions), ou encore Ibrahima Konaté à Liverpool (40 millions) et le joli triplé d’Aston Villa (Buendía, Danny Ings et Léon Bailey pour 105,6 millions cumulés). Mais dans ce marché luxueux où les millions se multiplient à grande vitesse, un club était resté très discret jusqu’ici. Malgré son titre de champion d’Europe obtenu le 29 mai dernier face à Manchester City, Chelsea aura donc patienté presque jusqu’à la mi-août et une victoire en Supercoupe d’Europe contre Villarreal pour sortir le chéquier et s’inviter à la table des flambeurs, en s’arrachant les services d’un ancien de la maison : Romelu Lukaku, qui quitte l’Inter et retrouve donc les Bluessept ans après les avoir quittés. Une transaction qui culmine à environ 115 millions d’euros, faisant de l’attaquant belge le joueur le plus cher de l’histoire en transferts cumulés (327,5 millions d’euros) devant Neymar. Rien que ça.

Une première décevante, une deuxième rayonnante ?

Bien que le départ de Lukaku de l’Inter – contraint de vendre des joueurs pour renflouer ses caisses et ce malgré son titre de champion d’Italie – semblait inéluctable, son arrivée à Chelsea ne transpirait en revanche pas l’évidence. Auréolé de son sacre en Ligue des champions, le club londonien surfe sur une vague exceptionnelle depuis que Thomas Tuchel a posé son postérieur sur le banc des locaux de Stamford Bridge. L’ancien technicien du PSG a rapidement trouvé la tactique gagnante avec les joueurs à sa disposition, et ses six premiers mois en Angleterre laissent augurer un avenir radieux pour les Blues. Un avenir qui s’inscrit par ailleurs au travers de plusieurs jeunes joueurs au potentiel certain et pas encore exploités à leur maximum, notamment dans un secteur offensif très fourni (Pulisic, Werner, Hudson-Odoi, Abraham, Ziyech, Havertz, Mount, Batshuayi). Si Romelu Lukaku est sans conteste au pic de sa carrière, Tuchel devra néanmoins gérer les égos et peut-être repenser son système offensif avec l’arrivée de l’ancien d’Everton, qui débarque forcément avec un statut de titulaire indiscutable.

Et puis, comment oublier le premier passage manqué du meilleur buteur de l’histoire de la sélection belge (64 pions en 98 sélections, à seulement 28 ans) à Chelsea ? Débarqué d’Anderlecht à l’été 2011, à seulement dix-huit piges et contre 15 millions de patates, Lukaku a passé trois ans à attendre qu’une opportunité se dégage au poste de numéro 9 chez les Blues. Mais ses prêts successifs (West Bromwich et Everton) ainsi que la méfiance de ses coachs (Villas-Boas, Di Matteo, Benítez et Mourinho) avaient finalement scellé son avenir loin du club de Roman Abramovitch, où il n’aura disputé que quinze petits bouts de match sans inscrire le moindre but en trois saisons. Sept ans plus tard, le golgoth du Plat Pays a donc eu le temps de faire trembler les filets à 234 reprises et devenir l’un des attaquants les plus redoutables de la planète avant de revenir sous le pavillon de Chelsea, qui bénéficie d’un renfort catégorie poids lourds à l’aube d’une saison qui s’annonce pleine de promesses.