- Italie
- Serie A
- 25e journée
- AS Roma/Juventus (1-1)
Le cœur de la Roma ne suffit pas
Pas de vainqueur au stadio Olimpico. La Roma, qui s'est réveillée trop tard, n'a pu faire mieux qu'un match nul face à la Juventus (1-1). Keita a répondu à Tévez. Au classement, les Bianconeri conservent leurs neuf points d'avance. Adieu Scudetto, Rudi ?
S. Keita (78′) pour AS Rome , C. Tévez (64′) pour Juventus Turin.
Après le match aller, perdu 3-2, Rudi Garcia en était persuadé : sa Roma allait gagner le Scudetto. Après le match retour, terminé sur le score de 1-1, le coach français en a désormais la certitude : sa Roma ne gagnera pas le Scudetto. Non, les Giallorossi avaient ce soir une dernière chance de recoller à une Juventus distante de neuf points. Ils ne l’ont pas saisie. Dominée pendant une bonne partie de la rencontre par une Juve calculatrice et experte des contres, la Roma n’a finalement commencé à jouer qu’après l’ouverture du score de Carlo Tévez (et les sorties de Totti et De Rossi, coïncidence ?). Comme s’il avait fallu attendre d’être dos au mur pour jouer libérés. L’égalisation tardive de Keita aura simplement offert un quart d’heure de frissons au stadio Olimpico. Mais c’est tout. Cette Roma-là n’a pas encore l’étoffe d’un champion d’Italie, et Rudi Garcia en a eu la preuve ce soir. Le nul arrange évidemment plus la Juventus, qui conserve donc ses neuf points d’avance en tête du classement. On peut même parler de dix points, puisque les Turinois seraient devant en cas d’égalité, grâce à une différence de buts particulière favorable. Le Scudetto n’est évidemment pas encore dans la poche des Turinois (il reste 13 journées, c’est long), mais disons que ce soir, ils en ont au moins croqué une bonne moitié.
On s’ennuie, messieurs
Ambiance des grands soirs au stadio Olimpico. L’enceinte est presque pleine, et les bombes agricoles sont de sortie. Pogba, Pirlo, Barzagli, Maicon, Strootman, Castán : telle est la liste (non exhaustive) des absents au coup d’envoi. Peu importe : les joueurs présents sont bien déterminés à les faire oublier. Le problème, c’est que rapidement, dans cette rencontre, l’enjeu va prendre le pas sur le spectacle. De l’intensité, oui. De l’agressivité, oui. De l’implication, oui aussi. Mais des occasions franches ? Bah, non. Pas une seule. Les Romains, très en dessous techniquement de leurs adversaires du soir, ne vont tout simplement pas tirer une seule fois vers les cages de Gianluigi Buffon. Les Bianconeri, eux, se procurent trois semblants d’occasions : une frappe de Morata non cadrée, un sauvetage de Manolas à deux doigts de marquer contre son camp en dégageant en corner, et un tir de Tévez contré qui termine lui aussi en corner. Pour le reste, c’est pratiquement tout. Des fautes (jaunes pour Torosidis, De Rossi et Évra), une Juventus qui domine, mais qui se contente de maîtriser son adversaire et de procéder en contre, et une Roma tout simplement incapable de faire bouger le bloc turinois. Une telle physionomie ne peut qu’accoucher d’un 0-0 à la pause. Vite, autre chose !
Tévez magique, Keita dernier à se rendre
Autre chose ? Non, on repart sur les mêmes bases. Une Juve qui attend, qui analyse et qui place des flèches. Et la première est à deux doigts de transpercer les cœurs romains. Vidal s’échappe, mais sa frappe du gauche frôle le montant de De Sanctis. Cette occasion galvanise encore un peu plus les joueurs d’Allegri, qui font monter petit à petit leur bloc équipe. La Roma n’y est pas, et elle y est encore moins à la 62e minute, celle qui change tout. Torosidis, déjà averti, commet une faute sur Vidal à l’entrée de la surface. Deuxième biscotte, rouge, douche anticipée. Sur le coup franc qui suit, Carlos Tévez offre le plus bel hommage qui soit à Maître Pirlo : un bijou enveloppé au-dessus du mur qui vient mourir dans la lucarne de De Sanctis. 1-0. La tronche dépitée de Totti après cette ouverture du score en dit long sur l’impuissance des Romanisti ce soir. Rudi Garcia tente de remuer son monde en faisant sortir les deux idoles, Totti et De Rossi, pour faire entrer Iturbe et Nainggolan. Et l’entrée de l’Argentin va immédiatement porter ses fruits. Sur sa première accélération, l’ancien de Porto oblige Chiellini à la faute. Florenzi dépose alors le ballon sur le crâne de Seydou Keita, qui remet les deux équipes à égalité. L’horloge affiche alors la 78e minute, et c’est parti pour un quart d’heure de folie.
Haranguée par son public, la Roma, revenue de nulle part, se met à y croire. Iturbe, encore lui, décoche un pointard après une superbe feinte de frappe. À côté. Réponse de la Juve sur une contre-attaque de Coman, tout juste entré en jeu. Interceptée. Minutes de tension sur les deux bancs de touche. Totti bouffe sa bouteille d’eau, Allegri se ronge les ongles. Les minutes s’égrènent. Il n’y en aura que trois en plus. Pas suffisant pour que la Roma s’offre un dernier frisson. C’est même Coman qui se procure la dernière occasion, avant d’être signalé en position de hors-jeu. Trois coups de sifflet retentissent dans le stadio Olimpico. Trois coups de sifflet quasiment synonymes de Scudetto pour la Juve, qui repart invaincue de là où elle ne s’était pas donnée le droit de perdre. La Roma, de toute façon, au vu de ce qu’elle a montré pendant une grande partie du match, ne méritait pas mieux. À défaut de regarder devant lui, Rudi Garcia va désormais devoir regarder dans son rétroviseur.
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Par Éric Maggiori