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ACTU MERCATO

« Le cas Neymar va faire jurisprudence »

Propos recuillis par Kevin Charnay
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Ca y est, Neymar débarque au PSG pour 222 millions d'euros. Une somme colossale que le club parisien n'a officiellement pas dépensé, puisque c'est le Brésilien lui-même qui a racheté sa clause libératoire, grâce à l'argent du Qatar. Un tournant historique sur le marché global des transferts selon Pierre Rondeau, économiste du sport.

Que représente le transfert de Neymar pour le monde du foot ?Effectivement, il est acheté pour plus de 220 millions d’euros, le double du transfert de Pogba l’année dernière. Oui, ce serait le transfert du siècle. Mais sémantiquement parlant, vu qu’on est passé par un montage financier, on ne peut plus parler de transfert de club à club. Ça passe par une personne extérieure, le fonds souverain qatari. Si on veut vraiment respecter la chose, ce n’est pas un transfert. Techniquement, Neymar vient gratuitement au PSG car il a racheté lui-même sa clause libératoire. Sur l’historique des transferts, c’est du jamais vu.

Est-ce que cette nouvelle manière de transférer un joueur peut marquer un tournant ?Si Paris n’est pas sanctionné a posteriori, ça fera forcément jurisprudence. Les clubs vont se dire qu’on peut librement outrepasser, contourner le fair-play financier en passant par une société ou une entité extérieure.

« Ça va faire l’histoire, de par la somme astronomique, le montage financier international, mondialisé… »

Si le transfert fait jurisprudence, qui nous dit que plus tard des joueurs, via cette technique, ne rachèteront pas leur clause à 300, 400, 500, 600 millions, 1 milliard d’euros ? Ça peut être un tournant dans la manière de débaucher ces joueurs qu’on pensait inatteignable. Ça va faire l’histoire, de par la somme astronomique, le montage financier international, mondialisé… Ca va marquer la méthodologie des transferts, car ce n’est plus une négociation de club à club ou de club à joueur, il y a aussi des agents extérieurs qui versent directement l’argent aux joueurs. Moralement, c’est très complexe, c’est très ambigu, car le joueur a le droit de faire ça.

La Liga va porter plainte contre le PSG pour avoir contourner le fair-play financier. C’est recevable comme plainte ?Je comprends leur raisonnement. C’est très simple, le fair-play financier stipule qu’on ne peut pas dépenser plus que l’on ne gagne. Et c’est vrai, le PSG n’a pas 222 millions d’euros. Ca suggérerait que le PSG est plus riche que le Real Madrid ou le FC Barcelone qui sont deux des trois clubs les plus riches au monde. Donc non. Pour la Liga, ça se tient, le PSG n’a pas cette somme. Mais le problème, c’est que la construction du montage financier d’après les juristes, les experts financiers et les cabinets d’avocats, tient juridiquement. C’est la morale, le bon sens qui est attaqué. Paris contourne le fair-play financier et ce n’est pas juste. Mais légalement, ça se tient. Concrètement, le PSG n’a pas dépensé cette somme puisque Neymar vient gratuitement au PSG.

Donc le PSG n’aura pas de sanctions ?Ca dépend, il faut voir comment se construit le droit du sport international et comment une juridiction comme l’UEFA va se comporter. Dans le droit qu’on va appeler « franco-allemand » , on considère que le juge applique « bêtement » la loi à la lettre. Alors que le droit « anglo-saxon » , c’est à l’interprétation d’une logique. Tout dépendra de la manière dont l’UEFA opère. Si c’est de la première manière, on acte la fin du fair-play financier.

Entre Neymar à Paris, Milan et Manchester City qui se construisent une équipe en un été, est-ce qu’on ne décrédibilise pas le fair-play financier ?Totalement. C’est paradoxal, les sommes astronomiques des transferts ne cessent d’augmenter, alors que le but du fair-play financier était de réguler le marché. Entre 2015 et 2017, la somme totale des transferts n’a fait qu’augmenter. En 2015, on était à 3,9 milliards, en 2016 à 4,5 milliards et on va sûrement dépasser les 5 milliards en 2017.

« C’est paradoxal, les sommes astronomiques des transferts ne cessent d’augmenter, alors que le but du fair-play financier était de réguler le marché. »

A mon sens, c’est logique. Le fait d’avoir imposer cette contrainte financière aux clubs les a incités à rationaliser leur comptabilité, à trouver de nouvelles sources de financement, de rentabilité et de lucrativité pour dégager de l’argent. Partant du fait qu’ils ne pouvaient pas dépenser plus qu’ils gagnaient, ils ont cherché à rationaliser les coûts et la gestion, à s’internationaliser, à chercher des investisseurs extérieurs. Ils se sont donc enrichis et ont pu dépenser plus. C’est du darwinisme social, la loi du plus fort. L’instinct de survie imposé au club les a incité à trouver de l’argent supplémentaire.

Donc, le fair-play financier n’a pas vocation à conduire à plus d’équité sportive ?Le fair-play financier n’était pas rétroactif à son application en 2011. On n’a pas supposé que les grands clubs qui avaient le droit de dépenser sans compter avant le fair-play financier ont eu le temps de devenir des machines de guerres. Ce sont eux qui avaient le temps d’anticiper ça et mettre en place les outils pour continuer la course à l’armement. Pas les plus petits clubs. L’objectif, si ça avait été de garantir l’équité sportive, il y avait plein d’autres moyens. Et ce n’est pas le fair-play financier. Le fair-play financier a été mis en place pour éviter qu’une bulle spéculative similaire à la crise des subprimes éclate dans le football. Rien de plus.

Est-ce que l’arrivée de Neymar peut conduire à une inflation encore plus rapide des salaires de joueurs ?C’est évident que si un contrat de ce type s’applique, forcément ça va donner des idées aux joueurs du marché des superstars. Si Neymar est payé autant, ça peut provoquer une inflation des salaires pour ce type de joueurs-là. Mais ça entraînera également une augmentation considérable des inégalités sur le marché des salaires de footballeurs. Comme on a encore des contraintes sur les dépenses contractuelles et les masses salariales, si cinq joueurs veulent être payés quasiment autant que Neymar, le club accepte mais ça va devoir être compensé par une réduction salariale sur les autres joueurs. En Ligue 1, 25% des joueurs les plus riches représentent entre 75 et 80% du total des salaires distribués. Les 75 autres % se partagent seulement 20% des salaires de Ligue 1. C’est déjà énorme comme inégalité.

Les moyens du PSG sont-ils donc réellement illimités ?La particularité de la Ligue 1, c’est la DNCG. Tous les ans, les comptes et la solvabilité des clubs français sont vérifiés. Sauf que la DNCG prend également en compte le projet sportif sur cinq ans. Quand un club vient présenter son dossier au début de chaque saison, il montre les comptes et présente également une estimation des résultats sportifs engendrés par les investissements.

« Les Qataris ne veulent pas se faire de l’argent au PSG. Ils veulent briller, Neymar -et Paris- est une image de marque pour faire connaître le pays à travers le monde. »

Et ces résultats sportifs représentent une estimation des recettes tirées lors des prochaines saisons (billetterie, accès et parcours en Ligue des champions, droits tv, vente de maillots, etc.). Donc quand Paris débarque à la DNCG, ils disent : « OK, je vais dépenser beaucoup d’argent, mais ça va m’amener des revenus qui me permettent de rester à flots » . Les Qataris ne veulent pas se faire de l’argent au PSG. Ils veulent briller, Neymar -et Paris- est une image de marque pour faire connaître le pays à travers le monde. Mais ils ont conscience des contraintes budgétaires et légales dans le foot européen et français. Il s’en foutent de la lucrativité mais ils savent qu’ils doivent avoir l’aval de la DNCG et de l’UEFA pour continuer. C’est leur seule contrainte. Et c’est pour ça qu’ils ont eu recours à ce montage financier.

L’arrivé de Neymar est-elle profitable à la Ligue 1 ?Oui, rien que sur la prochaine négociation 2017-2021 des droits télés nationaux et internationaux. Si Neymar est en France, beaucoup plus de gens vont vouloir regarder du foot français. La Ligue 1 ne vaut « que » 790 millions d’euros et techniquement elle pourrait déjà valoir beaucoup plus et approcher le milliard. Parce qu’on est un grand pays de consommateurs avec un fort pouvoir d’achat et qu’on peut techniquement vendre du football. Elle ne vaut « que » ça, parce que François Hollande aurait fait pression sur l’Emir qatari pour réduire la valeur de la Ligue 1 afin que Canal+ soit encore en mesure de la diffuser. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est dans le livre : « Un président ne devrait pas dire ça… » . Bref, avec Neymar qui arrive en Ligue 1, l’attractivité nationale et internationale va forcément augmenter et ça va profiter aux autres clubs du championnat. Et comme avec Zlatan, les stades seront plein partout où Paris joue, tout le monde voudra voir Neymar jouer.

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Coucou ! Neymar débarque au PSG !
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