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Jonathan Coquelle : « Je me suis mis au « tantôt », au « nonante »… »

Par Émilien Hofman
Jonathan Coquelle : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je me suis mis au « tantôt », au « nonante »…<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Du documentaire À la Clairefontaine, on ne retient bien souvent que le pétage de plomb du petit Ben Arfa. Pourtant, si on regarde bien, on trouvera sûrement Jonathan Coquelle. À 28 ans, après être passé par le PSG et l'INF Clairefontaine, le Parisien a émigré quelques kilomètres plus haut chez le voisin belge, et plus précisément dans la petite ville de Ciney, dont on ne connaît bien souvent que la bière. Confortablement installé en D3 et avec un quotidien stable, le milieu de terrain commence même à se défranciser…

Dès que tu commences le foot, tu vas au PSG. C’était une évidence ?

J’habitais dans la région parisienne, et j’ai d’abord fait un an dans un petit club amateur. Puis les recruteurs du PSG ont demandé à mes parents pour faire un essai chez les poussins, et c’est en me conduisant dans la voiture que mon père m’a dit : « Ouais, on va au PSG, là. » Ça s’est bien passé et ils m’ont gardé.

Comment s’est passée la suite dans ce milieu très professionnel ?

Je faisais mes saisons, le club était content, puis est arrivé le moment où les jeunes du PSG pouvaient être envoyés au centre de préformation de l’INF Clairefontaine, parce qu’à l’époque, il n’y avait rien au PSG. On devait être mille au départ, moi je passe mes tests, et finalement ils m’ont pris. C’était la génération qui est passée dans le documentaire À la Clairefontaine avec Ben Arfa, Abou Diaby, Ricardo Faty, etc. Dans la vidéo, je suis pas dans les protagonistes, mais on me voit dans les entraînements, les exercices… C’étaient les belles années !

À 12 min 11, c’est le premier gamin à serrer la main :


Qu’est-ce qu’on se dit quand même la télévision vient te filmer ?

On commence à prendre conscience qu’on est dans les meilleurs, ça devient sérieux. En plus, je partais pour trois ans en internat, mais je me disais qu’on verrait bien où ça mènerait, pas de pression. À l’INF, chaque année, des joueurs étaient renvoyés chez eux, pour qu’au final il n’en reste que 20 à la fin de la préformation. J’étais dans ceux-là, et Paris était toujours positionné sur moi, contrairement à Abou Diaby, par exemple. Donc je retourne au PSG, mais à 18 ans, il y a eu un gros écrémage, et je ne faisais plus partie des meilleurs. Pour moi, ce n’était pas un coup dur, donc j’ai été à Sedan où rapidement je me suis entraîné avec le groupe de L2, c’était impressionnant.

Ils étaient plutôt confiants par rapport à toi ?

Ouais, mais j’ai quand même été faire un essai en Écosse, à Falkirk. Je passe la semaine, je vais même voir un match à Inverness, c’était dépaysant, quoi. Le problème, c’est qu’en revenant à Sedan, je me fais les croisés. Le club m’a encore gardé quelques saisons, en CFA avec des piges en L2, puis a refusé finalement de prolonger mon contrat.

Tu entends rapidement parler de la Belgique à ce moment-là ?

Ouais, quand même. Y a un gars qui me sonne et me parle de Virton, mais moi, je savais pas trop ce que c’était… Alors quand il me dit qu’ils viennent de descendre en D3, je fais « Rooh non, Belgique, D3, non je peux pas ! » Puis à l’été 2009, alors que j’étais prêt à signer à Besançon en National, le club connaît la même histoire que Luzenac avec la DNCG : je me retrouve sans club alors que la saison avait commencé. J’ai même échappé à une D3 suisse, un vrai traquenard ! Donc je repense à Virton parce que je vois qu’ils ont mal commencé le championnat, ils ont peut-être encore besoin de moi…

Tu t’es dit que c’est une croix sur le monde pro ?

Non pas du tout, j’avais 23 ans, je restais ambitieux. La saison se passe bien, donc je reprolonge, même si j’espérais que l’offre vienne du dessus. Elle est venue de Lokeren (D1), mais l’entraîneur Emilio Ferrera s’est fait virer avant que je puisse faire les tests. Soit, je reste à Virton, et là on a une team terrible, on attaque en battant le record du club, 13 ou 14 victoires d’affilée, avec 9 points d’avance sur le deuxième. Donc Ferrera, alors en D2 grecque, me recontacte en décembre. J’étais bien chaud, mais pas le président. Alors un gars du club grec m’a donné rendez-vous le 27 décembre à l’aéroport, et on est partis !

Ça se passe comment sur place ?

Bah, je commence à m’entraîner, ça se passe bien, donc je prolonge mon séjour d’une bonne dizaine de jours. Je ne parlais qu’un peu l’anglais, mais heureusement il y avait le frère de Laurent Robert qui m’invitait à manger, à découvrir le coin… Moi, j’étais tout seul à l’hôtel, mais un Grec venait me chercher tous les jours pour l’entraînement. Le 31 décembre, le gars m’a sonné : « Dans 10 minutes en bas. » Je suis descendu et on a été fêté le Nouvel An chez le gardien, magnifique, ça s’est terminé en poker !

Et Virton ?

Ils n’ont rien voulu savoir, je suis revenu début janvier, mais ça a été un peu difficile pour moi, le club m’en voulait. En plus, la saison s’est mal terminée et on n’est pas montés en D2. Alors je suis passé à Verviers, en D3 aussi, mais c’est une année à oublier sportivement.

Et là, toi qui avais refusé la D3 quelques années plus tôt, tu entends parler d’un club, Ciney, qui vient de monter de Promotion (D4), t’avais déjà entendu ce mot ?

Ouais, mais ça a été vite aussi ça. Un gars m’appelle et me dit que Ciney cherche un milieu de terrain. Alors direct, je fais « Attends attends, Ciney, je sais même pas où c’est » , je connaissais même pas leur bière (pourtant bien connue des amateurs de chopes, ndlr). Donc je vais voir sur Google où ça se trouve, et bon, ça allait, c’était près de Namur, c’était moins paumé que Sedan ou Virton. Et voilà, ça fait trois saisons, me voilà cinacien.

Parlons un peu du niveau, elle vaut quoi la D3 belge ?

Difficile de comparer, chaque pays a son style de jeu. Mais bon, je pense qu’en France, c’est un cran plus haut techniquement. Le jeu est beaucoup plus posé aussi, en Belgique, ça peut aller d’un camp à un autre à toute vitesse, et certains Français ne parviennent pas à s’adapter à ça. Enfin, pour moi, la D3 belge pourrait valoir la CFA nationale.

Tu as dû t’adapter à ce jeu ?

Non, le physique, les duels, etc., c’est mes points forts, donc ça a été de ce côté-là. C’est plutôt quand je voyais passer le ballon au-dessus de ma tête tout le match que c’était plus dur.

Tu as été bien accueilli dans cette petite ville de 15 000 habitants ?

C’est vrai qu’en comparaison, à Virton, on pensait plus au foot qu’à autre chose, il n’y avait pas vraiment d’à-côtés, je ne pense pas que j’ai touché à une bière la première année, par exemple. Mais progressivement, c’est en rencontrant les gens quand tu vas chercher ton pain que tu t’intègres. À Ciney, c’est tout à fait le cas. Bon, tu ne me verras jamais en soirée la veille d’un match, j’ai gardé le côté professionnel avec la diététique, le respect du sommeil, etc. Mais c’est vrai qu’on se voit régulièrement entre potes, on boit une petite bière après le match, on va au café le vendredi, on sort… On se défrancise un peu, quoi.

Tu te sens plutôt belge ou français ?

Je me suis mis au « tantôt » , au « nonante » … Donc maintenant, je dois me réadapter quand je parle à un Français. Ouais, j’ai pris les habitudes, mais bon l’accent, je ne l’ai pas encore…

Et tu ne l’auras probablement jamais… Est-ce que ta manière de décrire Ciney aux Français a évolué depuis ton arrivée ?

Par rapport au moment où je suis arrivé en Belgique, oui, car le Français a tendance à dénigrer le Belge. Quand tu n’y as jamais mis les pieds, t’as beaucoup de clichés : les Belges disent tous « une fois » à la fin de leurs phrases, les Belges sont tous des beaufs… Mais rien à voir. C’est un peu différent de la France, ici on boit plus facilement un, deux ou trois verres en plus, mais c’est normal quoi. Encore un autre exemple : la kermesse (soirée organisée dans les villages sous chapiteau, ndlr). Je suis arrivé en Belgique, les mecs m’amènent là-dedans, je me dis « C’est quoi ton truc ? » Et depuis, j’en ai fait plusieurs, c’est super. J’ai des potes français qui sont venus à Virton, ils ont kiffé hein ! Non mais là, à Ciney, je suis bien, avec un peu de stabilité. Je suis éducateur au niveau des équipes de jeunes de Ciney, donc je donne pas mal d’entraînements, ça occupe le temps libre.

Il paraît qu’on te surnomme « Le Pep » , mais c’est pas pour ta coiffure…

Ha non (rires), c’est parce que je suis à chaque fois concerné quand je donne des entraînements, puis j’aime bien reprendre ses exercices, c’est toujours assez ludique, et on travaille majoritairement la technique. J’ai pas sa coiffure, mais si je peux avoir sa continuité…

T’es parti pour rester à Ciney ou tu regardes encore vers le haut ?

À 28 ans, je suis plutôt réaliste, désormais la D1, ça va être difficile. Mais pourquoi pas la D2 ? Le plus important de toute façon, c’est d’être bien, et là, je me lève le matin, je suis en D3, mais je sais que je vais retrouver un bon groupe, ça va rigoler…

Est-ce que la vidéo de toi sur YouTube pourrait te permettre de te vendre aux clubs ?

(rires) Je l’ai envoyée à quelques agents, mais elle ne m’a pas servi à trouver des clubs. Mais bon, on ne sait jamais, je la garde.


Un ancien du PSG à Ciney, même après sa carrière ?

C’est envisageable. Si on m’avait dit en arrivant à Virton que 7 ans plus tard, je serais encore en Belgique, j’aurais fait « Ho gars, t’es sérieux ? » , donc pourquoi pas.

Définitivement, les Belges sont plus marrants que les Français, non ?

(rires) C’est un humour différent ! Le Belge est sympathique, moi j’aime bien, ils ont un bon humour, du moins ici, maintenant à la capitale…
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