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Il ne fallait pas enterrer Anthony Lopes
Encore très inspiré dimanche dernier lors de la victoire à Montpellier (0-1), Anthony Lopes renaît après une saison et un été bien compliqués. Entre comportement irréprochable, performances décisives et adaptation aux préceptes de Bosz, le Portugais a tout fait pour retrouver son niveau et sa légitimité.
Oui, Lucas Paquetá est le meilleur joueur de l’OL cette saison. Mais qui pour suivre l’ancien de l’AC Milan ? Karl Toko Ekambi ? Bruno Guimarães ? C’est vrai que l’attaquant camerounais et le milieu brésilien réussissent globalement leur début de saison. Mais probablement moins qu’Anthony Lopes, encore décisif le week-end dernier lors du succès à Montpellier (0-1). Décrié l’an dernier, souvent à raison, pour des prestations clairement en deçà de ce qu’il avait pu montrer depuis qu’il garde les buts rhodaniens, le Portugais est de retour à son meilleur niveau. Pourtant, on le pensait définitivement perdu cet été lorsque la rumeur de l’arrivée d’André Onana dans la capitale des Gaules se faisait insistante. Le portier, suspendu pour dopage, correspondait parfaitement à la philosophie de jeu de Peter Bosz, adepte du gardien à la relance léchée. Ce qui ne semblait pas vraiment coller au style de Lopes, dont le pied gauche n’a pas la réputation d’être des plus précis. Même lorsque le transfert du Camerounais a capoté, le natif de Givors et son entourage ont, en partie, été tenus pour responsables de cet échec, à base de coups bas assenés en coulisses. Que ce soit vrai ou non, l’avenir du gardien de 31 ans à Lyon paraissait bien sombre.
Meilleur dans les buts, précis à la relance
C’est précisément là que Lopes a démontré un état d’esprit et des ressources psychologiques insoupçonnés. Lui qui n’a jamais vraiment eu de concurrence depuis qu’il a délogé Rémy Vercoutre en 2013 s’est remis en question. « On parlait d’un autre gardien, et je n’en voulais qu’à moi-même, parce que je n’avais pas fait le nécessaire lors des derniers mois, confiait-il dans un entretien au Progrès début novembre.Mais c’est sûr que ça a provoqué un sursaut d’orgueil. Il fallait que je me retrouve, que je sois celui que j’étais avant. » Et l’introspection a formidablement bien marché. S’il a coûté à l’OL quelques points cruciaux pour le podium l’an passé, cette saison, la formation de Jean-Michel Aulas serait, sans lui, probablement bien plus loin des places européennes qu’elle ne l’est déjà.
Concrètement, si l’on creuse du côté des xGA (buts encaissés attendus), Lyon aurait dû concéder 23,71 pions en championnat. Les Gones n’ont finalement rompu « que » – parce que c’est quand même beaucoup – à 21 reprises, soit 2,71 buts de moins qu’attendu, et présentent le quatrième meilleur bilan de Ligue 1. Avec 74 tirs cadrés subis, il est le deuxième gardien le plus exposé derrière Benoît Costil. En revanche, il est celui qui a fait le plus d’arrêts (59) et affiche le troisième meilleur pourcentage d’arrêt (77%), seulement battu par Pau López et Walter Benítez, qui ont subi beaucoup moins de tirs. Voilà pour les statistiques, franchement éloquentes quand on compare avec la saison précédente où il était seulement neuvième au classement des taux d’arrêt. Surtout, les hommes de Rudi Garcia n’auraient dû encaisser que 38,42 buts en 2020-2021, mais en ont finalement pris 43. Et il n’y a pas qu’entre ses poteaux qu’il a retrouvé des couleurs. Son jeu au pied, d’ordinaire grisâtre, est beaucoup plus bigarré. Il est passé de 26 passes tentées par match à 33 et de 21 réussies à 28. Bien en dessous d’Onana avec ses anciens chiffres, il est maintenant bien au-dessus. Signe de sa volonté d’intégrer la doctrine Bosz pour redevenir incontestable auprès de ce dernier.
La réconciliation
Des chiffres qui prouvent la renaissance d’Anthony Lopes, et qui correspondent au crédit retrouvé auprès de ses supporters. « Mon seul regret, c’est d’avoir pu créer quelques doutes dans la tête de certains », expliquait-il. Les fans lyonnais, pourtant tellement moins exigeants avec les joueurs issus du centre de formation, s’étaient légitimement mis à s’interroger sur les performances de leur dernier rempart. Cela relève désormais de l’histoire ancienne. « Je sais où j’ai péché, et ce que j’ai dû faire pour me remettre la tête à l’endroit. » Lorsque l’OL gagne, le club organise sur Twitter un sondage pour élire le « Lyonnais du match » . Sur onze distinctions, Paquetá truste évidemment le haut du classement avec quatre titres. Derrière lui, Anthony Lopes avec trois prix. Toko Ekambi, Guimarães, Slimani et Cherki n’en ont remporté qu’un chacun. Ce genre d’élection a seulement lieu lors des victoires. Qu’en serait-il avec les matchs nuls et les défaites ? Sans doute que le gardien aurait raflé quelques distinctions supplémentaires. Que lui fallait-il pour se relancer ? « Il me fallait redonner un gros coup de collier. » Aujourd’hui, le collier est autour de son cou avec, au bout, les clés du camion lyonnais.
Par Léo Tourbe