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Et Lyon fait miaou ?
Avec un Marseille stable, un Lille à la progression inexorable et un PSG qui a changé de dimension, l'OL n'a jamais semblé aussi proche de chuter du podium qu'il squatte depuis treize ans. A moins que...
Les supporters lyonnais n’ont probablement pas oublié la date du 4 avril 2009. C’est la dernière fois qu’ils ont vu leur équipe favorite leader du championnat de France. Oui, bientôt deux ans et demi que l’ancien despote de Ligue 1 n’a pas caracolé en tête et franchement si lors de ce fameux soir d’avril, on nous avait dit ça, on aurait bien misé notre baraque et le peu qu’elle contient que « on » était un con. Oui, il y a deux ans, au printemps, l’OL semblait tracer sa route vers un huitième titre consécutif. Qui aurait pu prévoir la suite… ? Trois saisons désormais que le club de Jean-Michel Aulas regarde d’autres être sacrés en mai, sans même parvenir à se mettre une petite coupette de rien du tout sous la dent. La situation était donc devenue critique… mais elle semble être aujourd’hui plus grave encore. Car même lors de ces trois saisons de disette, Lyon continuait à faire office de cador hexagonal, à être la locomotive du football français. C’est sans doute en cela que l’exercice qui s’annonce est une première : pour la première fois depuis dix ans, l’Olympique Lyonnais n’est plus la puissance dominante de la Ligue 1. D’ailleurs, la concurrence ne s’y trompe pas : dans le sondage de L’Equipe auprès des joueurs et entraîneurs, aucun, sorti de Lyon, ne voit le club jouer le titre et là aussi c’est une première. Qu’on se le dise : l’OL qui foutait les chocottes à tout le monde est une idée désormais ancienne.
Aulas-Lacombe back in business
Jean-Michel Aulas a très bien intégré l’exercice de style. Celui qui rendait fou toute la France, entre arrogance et certitude, fréquente désormais l’école de l’humilité. Le boss assume la régression de son bébé. « On serre les dents. L’équipe paraît expérimentale, mais cela ne sert à rien de dire que l’équipe est trop jeune. (…) On n’est pas à la rue. Je sais gérer un club avec ses difficultés » . À la limite, la seule bonne nouvelle côté gone, c’est que le patron est toujours là et bien là. Même ses détracteurs en conviennent : sans JMA, Lyon aurait sans doute explosé en plein vol à un moment ou à un autre lors de ces trois dernières saisons. On peut ne pas l’aimer mais c’est un fait, ce gars a une force de caractère et un savoir-faire peu communs. Et à l’heure qu’il est, il reste définitivement le meilleur atout rhodanien. Conscient plus que jamais, après le passage de Claude Puel sur le banc, que l’on est finalement jamais mieux servi que par soi-même, Aulas s’est replacé au centre du jeu et avec lui, son fidèle conseiller, Bernard Lacombe, qui avait mangé quelques rations de pain noir avec Puel aux manettes. Alors que l’OL est annoncé en pleine régression, Aulas a décidé d’adapter sa stratégie à cette conjoncture : va pour un resserrement. En clair, par ces temps de vaches maigres, l’OL se recentre sur ses fondamentaux. L’incontournable duo Aulas-Lacombe dans la place, un coach maison en la personne de Rémi Garde, le retour du préparateur physique des années de gloire Robert Duverne et la promotion accélérée des jeunes pousses home maid comme au bon vieux temps. Oui, s’appuyer sur ses ressources internes quand on n’est plus en mesure d’aller les chercher à l’extérieur, l’idée semble sensée. Sauf qu’elle est bien évidemment limitée.
Ce satané six…
Car il faut arrêter les parallèles hasardeux : Garde n’est pas le Guardiola lyonnais et Tola-Vologe n’a rien de la Masia. Car on a beau bigler, on ne voit aucun jeune talent local être l’équivalent d’un Benzema, Ben Arfa ou même Rémy, un vrai symbole à bien y regarder. Car du temps où le Marseillais traînait ses guêtres sur les bords du Rhône, il n’y avait pas de place pour lui en équipe première, malgré son immense potentiel, barré par des Wiltord, Govou ou Malouda. Aujourd’hui, l’OL se damnerait pour avoir un jeune de cette trempe. Au lieu de ça, le club pousse à la roue pour des Jérémy Pied et autre Lacazette et c’est assez inquiétant. D’autant que ce n’est pas en attaque que Lyon est le plus ric-rac. En fait, ce secteur précis est peut-être même ce qui se fait de mieux en France avec désormais le PSG. Car quelle autre équipe peut aligner Lisandro, Gomis, Bastos, Gourcuff, Briand, Ederson et même un Pjanic quand il est dans un bon jour ? Non, c’est bel et bien derrière que ça pèche. Et quand on dit derrière, ça commence au milieu. Les observateurs du club les plus attentifs le disent régulièrement : les emmerdes ont commencé quand Mahamadou Diarra est parti au Real en 2006. À partir de là, Lyon a commencé à décliner sur le plan européen avant de lâcher prise en Championnat, faute d’un six dissuasif pour l’adversaire et rassurant pour sa garde arrière, ce que Toulalan, malgré son abnégation, n’a jamais pu accomplir au plus haut niveau. C’est sans doute pour cela qu’Aulas fait autant le forcing pour Delvin Ndinga, un bon joueur c’est vrai, même si cela dit plus de l’impuissance rhodanienne que de la valeur de l’Auxerrois de 23 ans. Oui, un bon gros milieu def’, une nécessitée, une condition sine qua non même pour protéger une défense où Lloris semble de plus en plus seul, si mal protégé par Cris and co, même s’il convient de ne pas mettre Réveillère dans le même panier (franchement, qu’a-t-il de moins que Sagna, hein ?).
Alors bien entendu, cet été, durant la pré-saison, chacun y est allé de son couplet sur l’état d’esprit retrouvé, l’enthousiasme de retour après les années Puel de plomb. Mouais… On n’est pas dupe et, même si le moment de la saison s’y prête, cela ressemble au genre d’argument que l’on sert quand précisément, on est à court d’argument. Abdeslam Ouaddou nous expliquait une fois que tous les discours sur l’état d’esprit, l’ambiance et tout le couplet étaient des craques et que c’était les victoires qui apportaient la bonne humeur et non l’inverse. Lyon devrait y songer : les sourires d’août ne garantissent pas ceux de mai.
Par Dave Appadoo
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