- Culture foot
- Cinéma
D.J. Caruso : « Neymar, c’est exactement ça un agent xXx »
En début d'année, le dernier épisode des aventures de xXx sortait sur grand écran. Avec Vin Diesel, évidemment, mais aussi avec Neymar, dernière recrue de l'équipe d'agents secrets formée par Samuel L. Jackson. D.J. Caruso, le réalisateur derrière cette idée, pose la caméra le temps de revenir sur son aventure cinématographique avec le Ney.
Depuis que Vin Diesel a sauvé le monde dans le premier film de la série, les agents xXx veillent sur nous et empêchent les méchants de saccager la planète. L’équipe des xXx, c’est avant tout une bande de têtes cramées accros à l’adrénaline toujours à l’heure quand il faut faire quelques cabrioles. Et dans le dernier opus sorti en janvier dernier, ce diable de Samuel L. Jackson – alias Gibbons, recruteur pour les xXx – tente d’enrôler Neymar au cours d’une scène complètement dingue dans un restaurant chinois. Avec à la clé une magnifique reprise de volée du Brésilien dans une boîte à serviettes pour stopper un braquage.
Bonjour monsieur Caruso ! Bon, qui a eu l’idée de faire tourner Neymar dans xXx : Return of Xander Cage ? À la base, le script avait été écrit pour le sprinteur Usain Bolt. Mais je me suis dit que ça serait beaucoup plus marrant si on pouvait avoir quelqu’un comme Neymar. Vous savez, l’équipe des xXx est très éclectique, ce sont des gens très confiants, vraiment uniques. Donc j’ai pensé qu’il correspondait plus à ce que sont les agents xXx, et à ce que recherchait le personnage interprété par Samuel L. Jackson. En tant que fan, je pense que c’est typiquement le genre de personne et d’athlète qui va avec l’équipe des xXx. Donc j’ai commencé par contacter son équipe, et on a été chanceux de l’avoir !
Pourtant, son entourage n’a pas accepté tout de suite. Ça s’est passé comment, le recrutement ?Oui, c’est vrai. Je leur ai écrit, et ils m’ont répondu : « Merci beaucoup, mais nous allons décliner. Il est trop occupé, il ne pourra pas participer au tournage. Il ne peut pas quitter Barcelone, son club ne veut pas. Merci. » Mais c’est lui qui a fait en sorte que ça fonctionne ! Il a dit : « Ho non, je veux le faire ! » Donc tout le monde s’est arrangé pour que ça se fasse. On a dû trouver une date pour qu’il tourne avec Samuel L. Jackson. Et vous savez, Sam’ est sans doute l’acteur le plus occupé d’Hollywood ! Il tourne dans tellement de films… On a dû faire ça un week-end, à Los Angeles. Il voulait vraiment participer au tournage, ça l’excitait, c’était très amusant.
Il avait vu tous les films ? Il était fan de la série ?Oui, il connaissait la franchise, et il était impatient de tourner dans un film avec Vin Diesel. Il aime aussi beaucoup Samuel L. Jackson. Il était très heureux de lui donner la réplique.
On le voit apparaître deux fois. Dans la scène d’ouverture, et dans la scène finale. Il a même la chance immense de croiser Vin Diesel et de discuter avec lui.Oui, on le voit au tout début, quand il se fait recruter par Samuel L. Jackson et qu’on pense qu’il leur arrive quelque chose de très grave. Puis tout à la fin, on comprend que la franchise va continuer et que Neymar est maintenant un membre de l’équipe des xXx.
D’ailleurs, on découvre à la toute fin que Neymar a survécu à l’explosion du début alors qu’on le croyait mort pendant tout le film. Quelle frayeur pour les fans…Je pense qu’il y a un paquet de fans qui se sont mis en colère ! Ils devaient se dire : « Quoi ??? Mais ils ne peuvent pas tuer Neymar !!! » Et puis à la fin, on voit que tout avait été planifié par Samuel L. Jackson, donc il faut attendre la dernière scène du film pour comprendre qu’en fait, il allait bien !
Et pour conclure le film, Neymar dit à Vin Diesel : « I’ll see you later, X ! » Ça veut dire qu’ils vont sauver le monde ensemble dans le prochain film ? C’est le plan ! Nous sommes actuellement en train d’écrire le scénario, et on aimerait beaucoup l’inclure dedans, si c’est possible. Il vient d’arriver dans un nouveau club (le Paris Saint-Germain Football Club, ndlr), donc on verra comment ça se passe avec eux, mais on adorerait l’avoir à nouveau.
Le football n’est pas un sport hyper populaire aux États-Unis. Ce n’était pas un problème d’avoir un joueur de foot dans un film américain ?Je pense que ce qui est en train de se passer aux États-Unis, c’est que le soccer grandit et devient de plus en plus populaire. Je constate ça depuis six ou sept ans, il y a quelque chose qui est en train de se créer et il y a beaucoup plus de fans de soccer maintenant. Si vous demandez aux gens qui connaissent un peu ce sport en Amérique « Qui est le meilleur joueur ? » , vous allez les entendre répondre Ronaldo, ou Messi, ou Neymar. Ce sont les trois noms que même les gens qui ne suivent pas le soccer connaissent, vous voyez ?
Vous disiez que dans la première version du script, les scénaristes avaient pensé à Usain Bolt. Pourquoi cette volonté de faire tourner un sportif professionnel dans ce film ?Nous voulions un sportif parce qu’on se demandait quel genre de personnes sont les xXx. Ils vont très vite, ils ont des talents extrêmes, mais je pense qu’être un xXx, c’est aussi dans l’attitude. Et pour moi, quand vous voyez Neymar avec le ballon, gagner des un-contre-un, quand vous observez sa façon de bouger, son amour du défi, la confiance qu’il dégage… C’est exactement ça être un agent xXx. C’est ce que veut Gibbons, le personnage de Samuel L. Jackson, qui recrute des athlètes dans le monde entier pour les activer quand la situation le demande. C’était ça, l’idée. Et vous avez vu le film, c’est un film drôle, on ne se prend pas vraiment au sérieux, on est surtout là pour avoir du fun !
Et il était comment Neymar sur le tournage ? Stressé ? Concentré ? Détendu ?Il était bien, il était très relax. Je pense que ça vient de toutes les publicités dans lesquelles il a tourné, il est habitué. Il connaît les caméras, il sait comment ça fonctionne, il n’a pas eu besoin de séance d’apprentissage comme quelqu’un qui n’a jamais tourné. Son habitude des caméras l’a aidé, le tournage était amusant. On a également décidé de le faire parler en portugais à Samuel L. Jackson au début, puis de le faire parler en anglais dans la scène finale. Pour montrer qu’il venait de passer quelques mois avec Sam’ et que son anglais avait progressé. C’est pour ça qu’il dit « I’ll see you later, X ! » en anglais !
Vous avez tourné les scènes combien de fois ?Pas tant que ça. Pour celle du restaurant chinois, qui est un peu plus longue, on a eu besoin de huit ou neuf prises. La scène finale, elle, est venue très naturellement, donc on a dû faire trois ou quatre prises.
Bon, et ce mouvement fou, cette reprise de volée dans la boîte à serviettes pour assommer le braqueur du restaurant, vous l’avez tournée comment ?Tout d’abord, on a construit une boîte à serviettes en caoutchouc pour que ça soit mou.
Mais à l’écran, vous ne pouvez pas deviner que c’est une fausse quand il tire dedans ! Son père était là, et il a dû aller vérifier lui-même parce qu’elle était vraiment ressemblante… Il pensait qu’on allait faire shooter son fils dans une vraie boîte en fer, mais on lui a dit : « Non non, c’est une fausse, c’est tout mou ! » , il a répondu « Ok, ok, bien ! » parce qu’il ne voulait pas que son fils se blesse. Et ce qui est drôle, c’est qu’au début, on se disait qu’on aurait besoin d’une dizaine de prises pour réussir le tir. Et lui, en trois coups, boum, il l’a fait parfaitement.
Et l’acteur qui joue le cambrioleur, il l’a pris en plein dans la tête ?Oui, mais c’est ok, c’est seulement du caoutchouc ! Mais oui, il a pris le tir en pleine tête.
Nous voilà rassurés ! La sécurité avant toutOui, c’était mon idée. On voulait faire cette scène de façon sécurisée et contrôlée. On l’a fait tirer trois ou quatre fois de plus pour être sûrs, juste au cas où. On continuait à tourner avec la caméra et on lui relançait la boîte à chaque fois pour qu’il puisse enchaîner, sans que j’ai à crier « stop » entre les tirs. Et ensuite, il m’a dédicacé la boîte à serviettes ! Il m’a fait un autographe dessus et me l’a offerte, et je l’ai sur mon bureau depuis.
Quand il assomme le braqueur, Samuel L. Jackson hurle « gooooooooooooool ! » comme un commentateur sud-américain. Une autre référence au football que vous vouliez caser ? (Rires) Oui ! C’était l’idée de Sam’, il m’a demandé si ça me plairait qu’il crie goooooooool, je lui ai dit « Bien sûr, vas-y ! » C’était sa contribution.
Dans le film, on voit que Samuel L. Jackson galère à recruter Neymar dans les xXx, un peu comme le PSG a galéré pour le recruter. Il est compliqué à embrigader le lascar, pas vrai ?Oui, c’est un gars compliqué à recruter ! Beaucoup de gens le veulent, et quand Sam’ lui dit qu’il le veut, Neymar lui répond qu’il n’est pas un héros. Donc Sam’ le teste. Si vous avez vu le premier film xXx, vous vous souvenez que le type qui arrive pour braquer Samuel L. Jackson faisait partie de son plan. C’est juste un test pour voir si Neymar a ce qu’il faut pour être un héros. Et bien sûr qu’il est un héros !
Le PSG a dû payer 222 millions pour l’avoir. Et vous, ça vous a coûté aussi cher ?On l’a eu pour un tout petit peu moins cher que les 222 millions ! Un tout petit peu ! (Rires)
Il y a une autre scène où Vin Diesel fait une course-poursuite folle après avoir volé une batterie juste pour que son village puisse regarder un match de foot. C’est un chic type, ce Vin. Mais quand on regarde bien l’écran télé, le match en question, c’est le fameux Brésil-Allemagne ! Un sale souvenir pour l’équipe de Neymar. Pourquoi ce clin d’œil ?C’est vrai ! Vous êtes très observateur, parce qu’on se demandait combien de personnes allaient remarquer que c’était le match Brésil-Allemagne. C’était un match horrible pour eux. Mais je voulais que ce soit un vrai gros match. Tous les autres matchs qu’on m’a proposés, ça n’allait pas. Je ne reconnaissais ni les équipes ni les joueurs… On s’est dit que ça serait sympa si les vrais fans pouvaient regarder attentivement et comprendre de quel match il s’agissait. Pour qu’ils puissent dire « Brésil-Allemagne ? Oh non, pas ce match ! » (Rires)
Selon son ancien coach, Vinícius Júnior a surtout « une bonne étoile »Propos recueillis par Alexandre Doskov