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Voir Mbappé à Dubaï plutôt qu’à Bakou ou Madrid fait-il de lui un déserteur ?
La tension régnant entre les clubs et les sélections nationales continue de s'intensifier, et ce n’est pas Kylian Mbappé qui va les apaiser. Laissé par le staff des Bleus à la disposition du Real Madrid pour soigner sa cheville, l’attaquant s’est entre-temps offert une escapade à Dubaï. Mais qui blâmer dans cette histoire ?
« Quoi ? Comment ? Qu’apprends-je ? » Certains n’ont pas besoin de grand-chose pour démarrer au quart de tour. Ici, l’étincelle : Kylian Mbappé passant une tête à un événement de padel à Dubaï, aux côtés des frères Hernandez, si on se fie à un post Instagram datant du 18 novembre. Le combustible : un forfait du même Kylian Mbappé pour le déplacement des Bleus en Azerbaïdjan deux jours plus tôt – forfait officialisé le 14 novembre, soit quelques heures après la qualification pour le Mondial 2026 contre l’Ukraine, avec un doublé du capitaine. Ajoutez-y pas mal de vent dû à une enquête aux conclusions aussi vraisemblables que futiles du créateur de contenu Drik’C Football, montrant que le natif de Paris a embarqué le 15 depuis la capitale française pour celle des Émirats arabes unis, et vous l’avez, votre incendie.
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On ne sait pas si le Kyks a tapé dans une balle jaune, son t-shirt semble même tout propre, mais qu’importe. Ce qui lui est reproché, c’est d’être là plutôt que sur le banc tricolore pour guider ses plus jeunes partenaires, ou sur une table de kiné à Madrid pour soigner une cheville inflammée. C’est du moins pour cette raison que Didier Deschamps avait laissé son joueur à la disposition des équipes médicales du Real et ce que laissait entendre le communiqué initial de la Fédération française de football : « Mbappé se ressent toujours d’une inflammation de la cheville droite qui nécessite des examens. Il les effectuera ce jour à Madrid. » Les accros à Flight Radar le savent : le fameux « vol Emirates EK72 du 15 novembre » était sans escale de Paris à Dubaï, un trajet plus long d’1h30 que celui que se sont infligé les autres Bleus pour aller à Bakou. Il est physiquement impossible que cette auscultation ait pu être réalisée ce jour-là en Espagne. L’Équipe assure qu’il n’aurait même pas passé d’examen tout court. Suffisant pour faire de ce voyage un acte de désertion ?
Une polémique pour rien
Ce n’est pourtant pas la première fois que les absences de Kylian Mbappé avec les Bleus déclenchent des polémiques. Outre sa virée à Stockholm en 2024 alors que ses copains affrontaient Israël, il y avait aussi l’impasse faite sur le déplacement à Reykjavik en octobre dernier (nul 2-2 des Bleus). Là aussi avec l’objectif de préserver cette cheville qui couine depuis le 4 octobre et la rencontre opposant les Merengues à Villarreal (3-1). « Il a une inflammation quasi chronique parce que ça fait un moment qu’il a ce problème à la cheville même si ça ne l’empêche pas de jouer, expliquait Didier Deschamps jeudi dernier. J’estime qu’il n’y a aucun risque à prendre vu qu’on est déjà qualifiés et je l’ai laissé à la disposition du Real Madrid. » Ce qu’il faut comprendre, c’est que cette blessure est du genre à se réveiller à n’importe quel moment, tant que le joueur n’aura pas observé un temps de convalescence et des soins conséquents.
Est-ce qu’on peut lui laisser un peu de liberté et une capacité à avoir un peu d’oxygénation dans sa vie qui est quand même extrêmement dense.
Sauf qu’en attendant, les matchs qualificatifs, européens et autres sommets du championnat s’enchaînent, et tant que le goleador peut courir, marquer et faire marquer, le véritable repos attendra. Le match en Azerbaïdjan n’étant pas classé parmi les affiches à enjeux, laisser souffler le Kyks était donc naturel. Dans ce cadre et pendant que ses avocats s’occupaient de plaider son cas dans le procès aux prudhommes qui l’oppose au PSG, pourquoi reprocher à l’homme aux 23 buts cette saison de s’accorder un petit décrochage ? Les joueurs internationaux ont suffisamment évoqué la cadence infernale que leur réserve le calendrier, Mbappé compris, pour leur octroyer un peu de répit quand ils le peuvent, et leur permettre de garder un peu de jus pour le reste d’une saison qui se terminera l’été prochain sur les pelouses américaines. Il n’était d’ailleurs pas le seul Français à avoir été autorisé à quitter le rassemblement : Manu Koné et Eduardo Camavinga ont aussi eu le droit d’éviter le tour bus à Bakou.
Le droit à la déconnexion
Reste une forme de crispation. Celle de voir quelqu’un alourdir son bilan carbone pour s’adonner à un loisir de quadra (en vrai : un petit tournoi de belote sur la côte charentaise, ça pouvait aussi faire le taf). Mais aussi et surtout de voir clubs, sélections et joueurs se livrer à un jeu de dupes. Les uns veulent récupérer leur joueur le moins entamé possible, les autres s’éviter un nouvel esclandre avec un cador européen, quand le dernier doit jongler entre tout ça et sa vie perso. Tout le quiproquo réside donc dans une communication qui, finalement, une fois le pot aux roses découvert, ne profite à personne : le Real passe pour un club permissif, la FFF semble s’être fait berner, et le Kyks a l’air d’un gamin déconnecté des réalités…
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Ce mercredi, tout ce petit monde a donc cherché à balayer devant sa porte. Le Real Madrid a clarifié l’emploi du temps de ses joueurs internationaux, dont Mbappé, attendus à l’entraînement vendredi à 11 heures, avec la volonté de leur offrir quelques jours de récupération. Après sa cure de vitamine D, Kylian Mbappé postule pour être titulaire pour le match de dimanche contre Elche, bien en phase avec ses objectifs. Enfin, Philippe Diallo a dû affirmer que tout ça était « un non-sujet ». Pour le président de la FFF, le match à Bakou « n’ayant plus de valeur sportive », les Bleus n’ont fait que suivre « une sorte de principe de précaution ». Avec tout de même une vraie pensée à destination de son capitaine : « Est-ce qu’on peut lui laisser un peu de liberté et une capacité à avoir un peu d’oxygénation dans sa vie qui est quand même extrêmement dense, en espérant qu’il soit à son top au moment où nous en aurons besoin, c’est-à-dire pour la Coupe du monde ? » Avec une troisième étoile comme l’assurance de pouvoir jouer autant qu’il veut au padel ? Même pas sûr.
Mbappé a une manière bien à lui de soigner sa chevillePar Mathieu Rollinger, avec Léna Bernard




























