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Sunderland, un mercato à faire pâlir les clubs de Ligue 1
Promu en Premier League après huit années à errer entre la deuxième et la troisième division anglaise, Sunderland change le script de sa série. Mais malgré les six recrues officialisées en attendant l’arrivée de Granit Xhaka, il ne faut pas se laisser griser par le mercato des Black Cats : c’est juste celui qu’aurait adoré faire un club moyen de Ligue 1 avec un peu (beaucoup) plus de budget.

Ce n’est désormais plus qu’une question d’heures avant que Granit Xhaka ne soit la septième recrue de Sunderland. L’international suisse de 33 ans va donc quitter le Bayer Leverkusen pour évoluer sous les ordres de Régis Le Bris et rejoindre Reinildo Mavanda, Enzo Le Fée (option d’achat levée), Habib Diarra, Noah Sadiki, Chemsdine Talbi et Simon Adingra qui ont tous rejoint le promu au cours de ce mois de juillet. Un mercato frénétique à l’image de ceux réalisés par Ipswich Town l’an dernier, qui au même moment avait déjà réalisé cinq transferts pour un montant de 72,4 millions d’euros, ou Nottingham Forest deux ans avant avec ses 22 recrues et la bagatelle de 161,25 millions d’euros dépensés. Des investissements à la rentabilité contrastée, puisque les Tractor Boys sont retournés d’où ils venaient après un an dans l’élite, quand les Tricky Trees ont de leur côté longtemps flirté avec la zone de relégation avant de se reprendre avec panache la saison dernière.
🚨🔴⚪️ EXCLUSIVE: Granit Xhaka to Sunderland, here we go! Deal agreed between all parties involved.
Understand fee will be €20m, contract until 2027.
Green light from Bayer Leverkusen for the player to fly today and complete his move to #SAFC, one more ambitious signing. pic.twitter.com/1gP1IBLD0T
— Fabrizio Romano (@FabrizioRomano) July 28, 2025
Un mercato vraiment exceptionnel ?
Longtemps rongé par des problèmes économiques, ce qui a fait les choux gras de la série Netflix qui lui a été consacrée, et traumatisé par des déconvenues sportives, Sunderland semble avoir repris du poil de la bête. La preuve : il a même été jusqu’à remporter la finale d’accession contre Sheffield United (1-2). Rachetés en février 2021 par Kyril Louis-Dreyfus, fils de Robert et Margarita Louis-Dreyfus, anciens présidents et propriétaires de l’Olympique de Marseille, alors que le club évoluait encore en League One, les Black Cats peuvent également compter sur le montant exponentiel des droits TV outre-Manche. Les 20 clubs de Premier League ont ainsi eu 1,95 milliard d’euros à se partager, et le club du nord-est du pays a pu également compter sur les 238 millions d’euros empochés à la suite de sa victoire lors de la finale d’accession, sans oublier le transfert de Jobe Bellingham au Borussia Dortmund pour un montant total de 38 millions d’euros bonus compris. De quoi faire tourner les têtes.
Ce qui explique donc le regain d’ambition sur le marché des transferts. Le club a déjà dépensé 118 millions d’euros, en attendant les 20 millions qui devraient s’ajouter une fois l’arrivée de Xhaka actée, alors que le mercato ne fermera ses portes que le 1er septembre. Le temps de voir laisser quelques noms garnir la liste d’ici-là. Pour autant, si les sommes peuvent paraître astronomiques, dans un monde où le foot français n’était pas empêtré dans une crise financière, un club de Ligue 1 visant le top 8 aurait pu réaliser un mercato équivalent. Un mercato loin d’être clinquant mais qui rélève d’une intelligence stratégique, bien loin de la grande lessive opérée par Nottingham Forest deux ans auparavant. Sunderland est ainsi parvenu à conserver ses meilleurs éléments, tout en ajoutant de la plus-value à son effectif avec les recrutements de joueurs présentés comme des talents bruts à l’instar de Diarra ou Sadiki, considéré comme l’une des plus belles promesses du championnat belge, et des joueurs expérimentés qui ont écumé le gratin des équipes européennes comme Reinildo ou Xhaka pour encadrer un groupe où la moyenne d’âge s’élevait à 24 ans la saison dernière.
An unforgettable welcome, one month on ❤️🔥 pic.twitter.com/IQhnOfqOel
— Sunderland AFC (@SunderlandAFC) June 13, 2025
La French touch en Angleterre
Ce mercato sonne d’ailleurs très francophone, puisque tous les joueurs recrutés pour le moment ont la particularité de parler la même langue, au minimum en LV2. Pas si étonnant quand on sait que les deux hommes forts du club, Régis Le Bris, l’entraîneur, et Florent Ghisolfi, le directeur du football, sont tous deux français et ont longtemps exercé en Ligue 1 (Lorient pour l’un, Lens et Nice pour l’autre). Dans les colonnes de L’Équipe, l’ancien directeur sportif de la Roma a expliqué que pour réaliser un transfert, il fallait que l’entraîneur, le propriétaire, le directeur sportif anglais Kristjaan Speakman et lui-même soient « alignés pour valider une venue ». Il a par ailleurs précisé que les recrues n’étaient pas spécifiquement ciblées parce qu’elles parlaient français : « Toutes nos recrues parlent également anglais. De toute façon, on ne recrute pas en fonction de considérations linguistiques, mais en fonction du potentiel d’un joueur, de sa capacité à performer en Premier League et à connecter avec nos supporters. » Une colonie francophone particulièrement du goût d’Eliezer Mayenda : « C’est surtout au niveau de la langue. Vu que je suis franco-espagnol, c’était tout de suite plus simple, notamment avec le coach, la communication était plus fluide. »
Un entre-soi qui pourrait vite être balayé par l’arrivée de Xhaka, le Bâlois ne parlant pas la langue de Molière et n’ayant jamais évolué au sein d’une écurie tricolore. Suffisant pour se maintenir ? La question mérite d’être posée puisque lors des deux dernières saisons de Premier League, les trois promus ont à chaque fois été réexpédiés à l’échelon inférieur. Cette statistique n’inquiète pas particulièrement dans les rangs des Black Cats : « Notre ambition est de redevenir un club important au sein de la Premier League et de retrouver un statut qui correspond à notre histoire, a assuré Ghisolfi. Huit années loin de l’élite ne changent pas le fait que Sunderland est un club de Premier League par définition. On veut continuer à faire venir des joueurs de haut niveau, qui vivront l’aventure Sunderland à fond. » Pour avoir la mesure de ses ambitions, il faudra une stratégie collective forte du côté du Stadium of Light qui se matérialise pour le moment par un mercato dépensier certes, mais réfléchi.
Sunderland dans le top 10 des clubs les plus dépensiersPar Léna Bernard