ACTU MERCATO
Grealish : la chasse aux papillons dans le ventre
Depuis deux ans, Jack Grealish n’est plus que l'ombre de lui-même. Placardisé tout l’été, snobé pour le Mondial des clubs, l’international anglais s’entraîne en solo depuis trois semaines. À un mois de son trentième anniversaire, Everton semble lui tendre la main pour rallumer l’étincelle. Mission perdue d’avance pour beaucoup mais pas pour tout le monde. Parce qu'ici, on n’a jamais vraiment arrêté de croire en Jack.

Les mauvaises langues diront que Jack Grealish traverse la plus longue gueule de bois de l’histoire. En effet, la dernière fois qu’on a aperçu le lad heureux, c’était lors des célébrations du triplé de Manchester City en 2023. Depuis cette nouba monumentale, le milieu a perdu sa place dans les plans de Guardiola, a vu un Euro lui passer sous le nez, et erre comme une âme en peine. Mais la lumière pourrait se trouver au bout du tunnel. Ou plutôt du côté d’Everton, où il est fortement pressenti. Un espoir pour lui mais aussi pour ceux qui se souviennent qui est Jack Grealish : un joueur avec du style, du caractère et une gueule.
Recrue record et bringues trop longues
Le short remonté comme un joueur de five, les mollets plus gros que des packs de Badoit, un serre-tête de rockstar des nineties, un flow un peu sale, dans l’esprit des frères Gallagher, mélange d’arrogance et de tendresse. À Aston Villa, l’international anglais était le dépositaire du jeu. Tantôt meneur de jeu à l’ancienne et tantôt ailier virevoltant, le capitaine Jack faisait étalage de toute sa palette technique pour fluidifier le jeu et faire dérailler ses adversaires. Il était le maître à bord du navire Villa, contre vents et marées. À tel point que City et Pep Guardiola n’ont pas tardé à tomber amoureux de sa jolie frimousse de playboy. L’été 2021 fera de lui – encore aujourd’hui – l’Anglais le plus cher (117 millions d’euros). Après une saison d’adaptation en 2021-2022, l’Anglo-Irlandais réalise une magnifique saison 2022-2023 en étant l’un des artisans majeurs du triplé historique des Citizens (Premier League, FA Cup, Ligue des champions). Il dispute pas moins de 50 matchs et brille particulièrement dans les moments clés. Et puis… la lumière s’est éteinte. Sorties nocturnes un peu trop longues et pétages de câble de Pep ont eu raison de lui.
Nous avons décidé qu’il valait mieux qu’il reste en Angleterre et qu’il retrouve ce qu’il était l’année du triplé ou tout au long de sa carrière à Aston Villa.
Après un été 2024 terriblement compliqué, marqué par son absence à l’Euro qu’il a qualifiée lui-même de « pire période de sa vie », cette saison n’a pas non plus été un franc succès. Parmi toutes les difficultés, une stat’ résonne plus que les autres : Grealish n’a marqué aucun but en 45 apparitions en 2024. Il avait mis fin à une traversée du désert de 392 jours contre Salford le 11 janvier. Ce but salvateur, bien que suivi d’un autre contre le PSG, n’a pas inversé la tendance. Le winger a continué à végéter, jusqu’à être écarté du groupe convoqué pour la Coupe du monde des clubs en juin dernier. Pep Guardiola n’y est pas allé par quatre chemins avant la compétition : « Nous avons décidé qu’il valait mieux qu’il reste en Angleterre pour retrouver ce qu’il était lors du triplé ou à Aston Villa. Sans lui, ce succès (celui de 2023, NDLR) aurait été plus compliqué, mais il n’a pas joué beaucoup ces deux dernières saisons. » Un aveu clair d’une relation rompue. Jackie est devenu un personnage secondaire dans la superproduction millimétrée et robotique de Guardiola, tout ce qu’il n’est pas, lui, est humain avant tout. On ne changera pas le gamin de Birmingham, ni son goût pour mêler l’ivresse de la vie à celle du jeu.
Jack Grealish had to be held up by Kyle Walker as he left their hotel in Ibiza on Monday morning, before being offered a wheelchair by staff at the airport.😂 pic.twitter.com/1chmyIE8cf
— PurelyFootball ℗ (@PurelyFootball) June 12, 2023
À la relance chez les Toffees
En avril, la presse anglaise s’était régalée en dévoilant sa virée en boîte londonienne… le soir même de ses trois minutes contre Crystal Palace. Obligé à part depuis des semaines et sur le départ de City, Jack cherche à se relancer chez les Toffees. À l’aube de ses 30 ans, Grealish est à un tournant. « Guardiola explique qu’il doit retrouver ses papillons dans le ventre » pour revenir au sommet. S’il a perdu du rythme et de la confiance ces deux dernières saisons, il n’a pas tout perdu. Son jeu ne repose pas sur la vitesse ou l’endurance, mais sur sa capacité rare à garder le ballon sous pression, ralentir le jeu et ouvrir des espaces. Peut-être plus assez de jambes pour éventrer une défense, mais ça n’a jamais été sa qualité première.
À Everton ou ailleurs (un autre championnat pourrait lui offrir un bol d’air, même si ça semble peu probable), l’ancienne coqueluche des Villans peut encore être ce joueur de lien, capable de faire respirer une équipe, d’éclairer une attaque qui tourne en rond. Avec un peu de continuité, un peu de confiance – et tout simplement un peu d’amour – Jack peut encore offrir quelques belles saisons au football. Et si Oasis a pu mettre de côté ses vieux démons pour faire revivre le rock anglais (et son compte en banque), Grealish peut aussi le faire.
Les pépins continuent pour RodriPar Titouan Aniesa