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À Lens, une Sage décision
Quatre mois après avoir été éjecté du banc lyonnais, Pierre Sage revient dans le game avec une soif palpable. À Lens, où il a paraphé un contrat pour les trois prochaines saisons, le quadragénaire (46 ans) présenté ce mardi aux médias entend s’inscrire « dans la lignée de Franck Haise et Will Still » et amener sa singularité. À commencer par sa vision du jeu « poussée à son paroxysme ». Sage a les crocs.

Quand sa première fois est agréable, même si l’issue est brutale, difficile de s’en passer. Pierre Sage est de ceux-là. En serrant la main de chacun des journalistes présents dans l’amphithéâtre de la Gaillette-Gervais Martel ce mardi après-midi, au centre d’entraînement de Lens, l’entraîneur de 46 ans, sourire non dissimulé, a compris qu’il revenait sur l’échiquier. Quatre mois plus tôt, il prenait la porte à Lyon, pour sa première expérience dans l’élite. Scalpé un soir d’hiver par John Textor, malgré une 6e place en Ligue 1, une phase maîtrisée en Ligue Europa et 57% de victoires depuis sa prise de fonction en décembre 2023. Ainsi va le football.
𝗦𝗲 𝗽𝗿𝗲𝘀𝗲𝗻𝘁𝗲𝗿 𝗲𝘁 𝘀𝗲 𝗽𝗿𝗼𝗷𝗲𝘁𝗲𝗿 🎙 Au lendemain de sa nomination, Pierre Sage a été présenté aux médias, ce mardi, aux côtés du Directeur général Benjamin Parrot et du Directeur sportif Jean-Louis Leca. 👉 https://t.co/bShOazcYj0#FiersDEtreLensois pic.twitter.com/Cn2nerz4Wr
— Racing Club de Lens (@RCLens) June 3, 2025
Mais Sage a de la ressource. Et de la mémoire. « Tout ce que j’ai réussi dans mon expérience précédente (sans citer nommément l’OL) m’a beaucoup servi et j’arrive avec d’autres arguments que le premier match que j’ai perdu ici », a déroulé le néo-Lensois. C’est à Bollaert qu’il a été baptisé en Ligue 1 en décembre 2023 (3-2), c’est dans l’Artois qu’il vient de clore quatre mois sans contrat. Cette mini-traversée du désert, Pierre Sage ne veut pas en « décrire les dérives », chiffre à une cinquantaine le nombre de jours nécessaires avant « de se reconnecter plus intensément au football » par des virées à Strasbourg, sur les bords de la Mersey à Liverpool « pour joindre l’utile à l’agréable », dans les clubs amateurs pour dégoter « de bonnes idées et du réseau ». Ce après quoi Lens finira par toquer à la porte peu après l’exil surprise de Will Still, rappelé en Angleterre en raison des soucis de santé de sa compagne, et désormais sous la bannière de Southampton (Championship).
Partenaire particulier cherche partenaire particulier
L’actionnaire des Sang et Or Joseph Oughourlian a accentué cette sensation de nettoyage de printemps dans l’Artois (Pierre Dréossi délaissant le poste de DG pour rejoindre le conseil d’administration et Diego López écarté de la direction sportive), mais Pierre Sage a « compris au bout de 15 minutes d’entretien physique que j’avais mes réponses » sur ce club « qui changeait dans au moins deux strates. Après, je ne me posais plus de questions ». Lens avait listé sept critères de recrutement, Sage « cochait toutes les cases », jure Benjamin Parrot, tout frais directeur général.
Ça a matché direct quand on a parlé de jeu et de pourquoi il nous avait tant embêtés avec Lyon.
Prédominance d’un système à trois en défense, âme formatrice, « c’est bien d’avoir rendu rationnelle une évidence qui était plus narrative », recadre le DG lensois au sujet de la rumeur Sage, rapidement sortie du chapeau. Dans l’environnement du coach, « tout le monde me disait que c’était assez naturel de venir ici, prolonge le technicien, tout fier au moment de poser avec son maillot floqué « Sage 2028 ». J’ai mis mon nez dans le dossier et ce dossier était très attirant ». Pour Jean-Louis Leca, désormais aux manettes du sportif, « c’était clair », « ça a matché direct quand on a parlé de jeu et de pourquoi il nous avait tant embêté avec Lyon ». Voilà pour la dose d’optimisme.
Pas de chantier mineur
Mais dans le jeu, à quoi ressemblera Lens version Pierre Sage ? Le récent 8e de Ligue 1 doit encore dégraisser (Medina notamment) pour « se mettre à l’équilibre », image Parrot, la marge de manœuvre sur le mercato ne sera pas extravagante et « si on fait top 8, pour moi ce sera réussi », considère Leca. L’ex-entraîneur lyonnais débarqué avec son adjoint Jamel Alioui (Éric Sikora fera le relais avec la formation et un autre adjoint est encore recherché) ne veut, pour l’heure « pas parler individualités », entend raisonner « sur la globalité », mais a cerné qu’au-delà d’un « secteur très fourni au milieu de terrain et à la récupération » (El Aynaoui, Diouf, Mendy, Thomasson, etc), Lens a « du travail à fournir » partout ailleurs.
« L’année dernière, il y avait peut-être une dépendance à gérer des situations à la suite des centres, détaille déjà Pierre Sage. Mais c’est très difficile de marquer après un centre. Il existe une nuance entre la capacité à transformer les opportunités et la manière dont se construisaient celles-ci. » Dans le mille. La saison passée, Lens dégainait autant de centres qu’une machine à bulles, avec un déchet conséquent (par exemple 57 contre Reims en avril pour une défaite 2-0). Avec les classiques « intensité » et « générosité » pour une équipe qui « ressemble à son public », Sage veut « pousser à son paroxysme » la « manière de maîtriser le jeu, bien qu’il ne soit selon moi pas maîtrisable. On aime avoir le ballon et quand on ne l’a pas, on veut le récupérer le plus rapidement possible. C’est un mariage d’idées avec une méthodologie d’entraînement où les joueurs seront dans des conditions très proches de la compétition ». Reprise le 27 juin. Les grands principes sont là. Ce sont généralement les Sages qui parviennent le mieux à les appliquer.
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