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LFP-Canal+ : le ridicule ne paye pas

Par Nicolas Kssis-Martov
4 minutes

La situation des droits TV n’est toujours pas franchement reluisante en France. Cependant, le lancement plutôt réussi – techniquement et en nombre d’abonnés – de Ligue 1+ laissait entrevoir une légère éclaircie. C’était oublier un peu vite la crise persistante avec Canal+.

LFP-Canal+ : le ridicule ne paye pas

Nous assistons donc à un énième rebondissement dans la petite guerre entre la LFP et Canal+. Un de plus. Un épisode dans lequel il est difficile de démêler ce qui relève de la guerre d’ego – le capitalisme a aussi ses capricieux – de la traditionnelle bataille pour obtenir le meilleur « deal » entre les parties assises autour de la table. Cette fois, la dernière péripétie laisse néanmoins pantois, tant elle semble desservir tous les acteurs concernés, à commencer par le foot tricolore. Le cœur de l’histoire concerne la diffusion de la chaîne Ligue 1+ sur la plateforme de la chaîne cryptée.

Il s’avérait en effet difficilement imaginable que notre championnat domestique se révèle absent de l’offre du principal protagoniste du PAF – en nombre d’abonnés, plus de 9 millions, et traditionnellement centré sur le foot (encore aujourd’hui avec la Premier League ou la C1). Il était stratégique pour le groupe Bolloré de proposer à ses clients de suivre les futurs OM-PFC ou Strasbourg-PSG. Par ailleurs, au regard des bons chiffres de démarrage, il apparaissait en outre, d’un simple point de vue économique, absurde de se priver d’une source de revenus facile et ne réclamant aucun gros investissement en amont. De ce point de vue, l’argent collecté par Canal+ semblait en soi une belle compensation pour la parenthèse, apparemment toujours douloureuse, de Mediapro.

Une relation toujours plus toxique

Malheureusement, tout le problème continue de se situer autour de ce sentiment de la part de Canal d’avoir été arnaqué – à juste titre il est vrai, si tant est qu’il puisse y avoir quoi que ce soit de moral dans le commerce à ce niveau – lors de la cession à Amazon, à un prix bradé, des droits de la Ligue 1. Depuis, les actions en justice au nom de ce crime de lèse-majesté se sont multipliées, pour l’instant en vain. De son côté, la Ligue, dont les jours sont comptés, pensait avoir fait le nécessaire, en particulier avec la mise en retrait de Vincent Labrune et l’arrivée à la tête de LFP Média de Nicolas de Tavernost. Les astres devaient s’aligner afin qu’au moins les bénéfices financiers de chacun convergent vers un accord.

Seul problème : apparemment, Maxime Saada, boss délégataire de Canal+, ne veut rien lâcher sur son droit légitime à demander réparation. Alors que les accords étaient apparemment scellés – du moins en matière de parole donnée, puisque rien n’avait été signé – la demande de la Ligue de suspendre les poursuites à son encontre devant les tribunaux aurait tout fait capoter. Au dernier moment, Ligue 1+ a coupé les flux que Canal comptait utiliser quoi qu’il en soit, même sans contrat de distribution formellement paraphé, s’estimant légitime en la matière. À la suite de ce couac, Maxime Saada exige, dans une lettre rendue publique par L’Équipe, de pouvoir vendre la Ligue 1 selon son bon vouloir : « Ces échanges ont abouti en fin de journée le 18 août à la finalisation d’un term sheet qui figeait l’accord entre les parties sur les éléments essentiels du contrat de distribution. […] Toutefois, de manière aussi inattendue qu’incompréhensible, vous avez indiqué que l’ »application » de cet accord supposait que Canal+ renonce à ses demandes dans le cadre des contentieux en cours contre LFP Média relatifs à l’attribution des droits de Ligue 1 à Amazon en juin 2021 […] Nous avons cherché la mention d’une telle condition dans les nombreux échanges écrits que nous avons eus, en vain. »

Les fans de foot et les petits clubs trinquent

Le plus amusant s’avère qu’en reculant ainsi la mise à disposition du produit sur sa plateforme, Canal fait de nouveau le jeu d’Amazon, qui dispose pour le moment de la formule d’abonnement la plus attractive en matière de coût. Inutile de perdre son temps à attribuer le rôle du bon ou du méchant dans ce triste spectacle. Dans cette querelle où, à l’issue de l’arbitrage, chacun interprète la règle selon son intérêt, cela demeure presque un truc de foot. Pour le reste, dans le monde des affaires, il serait épuisant de partir en quête de fair-play ou d’équité. Même ceux qui ne jurent que par les accords passés n’hésitent pas à tordre le cou de l’adversaire pour leur besoin ou leur petite satisfaction – telle fut la tactique de Canal+ cet été, qui regardait avec un léger sourire le foot français convulser d’angoisse autour de revenus médiatiques. Les seuls perdants sont d’abord les téléspectateurs – notamment les plus âgés, pas forcément à l’aise avec les applications ou les smart TV – et évidemment les petits clubs, qui vont compter chaque sou qu’un nouvel abonné ramène dans une bien maigre tirelire commune. Il ne manque finalement plus que Donald Trump convoque les parties en Alaska pour trouver une solution.

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Par Nicolas Kssis-Martov

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