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Et si Pep Guardiola avait perdu le contrôle ?

Sacha François
4 minutes

Encore victorieux in extremis mardi soir face à Fulham (5-4), Pep Guardiola montre cette saison une image nouvelle : celle d’un entraîneur qui a réellement perdu le contrôle. Pas seulement celui d’un match, mais celui d’une philosophie désormais désorganisée. Un état avec lequel il doit composer.

Et si Pep Guardiola avait perdu le contrôle ?

À 5-1, tout le monde avait déjà ressorti ses classiques. Résurrection, machine relancée, contrôle total rétabli. Mais ce mardi, Fulham et Samuel Chukwueze en ont décidé autrement. En 20 minutes, les Cottagers ont inscrit trois buts. Trois buts sur des ballons mal dégagés, des secondes balles abandonnées par des Cityzens en retard, désorganisés, presque passifs.
 S’ensuit alors une panique presque jamais ressentie sous l’ère Guardiola, 20 dernières minutes à se faire pilonner, une équipe à l’agonie, oxygénée uniquement par l’homme le plus hors de contrôle du club, Rayan Cherki.

En conférence de presse, c’est un Guardiola au nez rouge qu’on retrouve, ironique, narquois : « Vous avez aimé, les gars ? C’était bien, hein. Moi, j’en ai perdu mes cheveux, regardez. Je pensais que mes joueurs étaient contents de travailler avec moi, mais aujourd’hui ils m’ont prouvé que non. » Même les médias n’échappent pas à son constat : « À 5-1, vous ne vous attendiez pas à une fin comme ça, non ? Vous étiez déjà en train d’écrire vos articles “Manchester City is back”. Et finalement, tout à la poubelle. Vous devez tout recommencer. »

Des sueurs froides, encore

Ce match n’est pas un accident. C’est une récidive. Face à Leeds déjà, samedi dernier, City s’était imposé 3-2 après avoir largement dominé la première période, rentrant aux vestiaires avec deux buts d’avance. Mais dès le retour, la panique s’est fait ressentir, au point de se faire remonter 2-2, avant d’être délivré par l’enfant du club, Phil Foden, qui a de nouveau « sauvé » les siens mardi grâce à un nouveau doublé.

On marque, mais après, on ne contrôle toujours rien. On concède quatre corners, on dégage devant sans regarder…

Pep Guardiola

Mais l’impression demeure persistante, City marque, puis lâche tout. Le ballon, les distances, la maîtrise émotionnelle. Guardiola parle désormais comme un professeur dépassé par une classe trop talentueuse pour l’écouter. « On marque, mais après, on ne contrôle toujours rien. On concède quatre corners, on dégage devant sans regarder… » Le mot revient sans cesse : contrôle.
 Celui qui a bâti toute sa carrière à le traquer vient de le perdre. Lui qui se revendiquait adepte de millions de passes « ennuyeuses » et d’une possession étouffante ne l’est plus. Pour la deuxième fois cette saison, Manchester City termine un match sans dominer la possession. La première, c’était face à Arsenal, quand Guardiola s’était improvisé chauffeur de bus. Cette fois, c’est différent : c’est l’illustration parfaite des failles du nouveau City. Un City plus direct, presque champagne. Un City de transitions, de contres. Pep Lijnders, ancien adjoint de Jürgen Klopp arrivé cet été à Manchester, a peut-être contribué à cette mutation. Guardiola, le chantre du contrôle total, accepte désormais le chaos.

Une nouvelle génération et plus vraiment de consignes

Interrogé sur la capacité de cette équipe, telle qu’elle est construite, à reprendre le contrôle des matchs, Guardiola soupire : « C’est une question de processus pour les nouveaux joueurs. Ils doivent apprendre à gérer ces moments-là. » Mais surtout, Pep a lâché du lest. Beaucoup de lest.
 Jérémy Doku en est le symbole parfait. « J’ai dit à Jérémy : si tu te sens d’aller dans l’axe, vas-y. Si tu te sens d’aller sur l’aile, fais comme tu le sens », expliquait l’entraîneur espagnol après le chef-d’œuvre du Belge face à Liverpool. Guardiola laisse désormais l’initiative à ses joueurs offensifs. Lui, l’homme des circuits, des positions figées, des GPS posés sur les chaussettes, s’autoproclame même « génie » pour cette réinvention. Un génie uniquement quand ça marche. 
Mais Doku n’est pas la seule image de ce City déconstruit. La perte de Rodri depuis la saison dernière et un pressing beaucoup moins efficace ont fait totalement dérailler la machine guardiolesque. Le milieu est ouvert, et les adversaires s’y promènent comme sur les grands boulevards au lever du soleil.

Guardiola ne contrôle plus totalement le jeu. Il ne contrôle plus ses nerfs. Et peut-être plus vraiment son équipe. Il expérimente, il relâche, il doute au grand jour. Et paradoxalement, Manchester City s’en sort : deuxième de Premier League, à seulement deux points d’Arsenal. Le bateau tangue, mais ne coule pas. Guardiola le rappelle : « Une équipe qui gagne la Premier League est une équipe qui progresse et évolue dans son jeu au fil de la saison. »

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Sacha François

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