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On explique à Pep Guardiola comment bien garer son bus
Pour la première fois de sa carrière d’entraîneur, Pep Guardiola a décidé de jouer très bas à l’Emirates Stadium face à Arsenal dimanche dernier. Pas vraiment la meilleure inspiration de l’Espagnol, qui va devoir encore progresser dans sa technique pour bien garer le bus.

À quelques secondes près, le plan aurait été parfait. Cela s’est joué à une ouverture par-dessus la ligne défensive d’Eberechi Eze dans la course de Gabriel Martinelli, auteur de l’égalisation dans les derniers instants d’une partie qui a vu Manchester City jouer contre-nature. Un bloc extrêmement bas, un but précoce d’Erling Haaland, quelques transitions offensives et le plus faible taux de possession de la carrière de Pep Guardiola (32,8%) : les Cityzens n’étaient pas venus à Londres pour le spectacle. Problème, ils ont encore (logiquement) quelques progrès à faire pour manier à merveille la tactique du bus solidement garé dans les 30 mètres.
Permis et adaptation
Bernardo Silva, Tijjani Reijnders, Phil Foden… Les joueurs alignés au cœur du jeu dimanche dans le nord de Londres ne correspondent pourtant pas vraiment aux profils que l’on imagine évoluer ainsi. « Je suis vraiment fier, satisfait… je n’arrive pas à trouver le mot juste. Nous avons retrouvé beaucoup de choses qui nous avaient manqué la saison dernière », se satisfaisait pourtant l’architecte Guardiola quelques jours plus tard, avant de défier Huddersfield en Coupe de la Ligue.
À Arsenal, il a failli réussir le coup parfait. Jouer bas, il peut le faire même si on sait que ce n’est pas sa vision du foot.
Voir son City aussi timide, conséquence de la saison écoulée, passée à enchaîner les désillusions ? À voir le Catalan, d’habitude si sûr de ses forces, clamer haut et fort que ce nul est un bon résultat face à un adversaire infiniment plus fort peut le laisser penser. « Il a failli réussir le coup parfait. Jouer bas, il peut le faire, même si on sait que ce n’est pas sa vision du foot, analyse à froid Patrice Garande, convaincu que malgré les profils, les ouailles de Pep sauraient s’adapter à ses demandes. Ils sont réceptifs parce qu’ils ont l’un des meilleurs entraîneurs du monde qui leur propose de gagner des matchs de telle ou telle façon. Ce sont des joueurs de très haut niveau, capables aussi de prendre la profondeur comme Haaland. »
32.8% possession is the lowest figure any Pep Guardiola team has ever recorded in a top-flight match 📊 pic.twitter.com/7q4JZBD9ag
— Match of the Day (@BBCMOTD) September 21, 2025
Construire un bus bien solide avec cet effectif serait donc possible. Reste ensuite à apprendre à le conduire. « Le permis, c’est trois semaines de formation, entre la théorie et la pratique. On fait du plateau, un peu comme le permis moto, et beaucoup de manœuvres. Et pour pouvoir travailler en entreprise, il faut passer la FIMO (Formation transport de marchandises, NDLR), c’est quatre semaines supplémentaires », détaille Nicolas*, conducteur pour la RATP et habitué à rouler en ville. Une période d’adaptation est donc à prévoir. « Il faut s’entraider avec d’autres conducteurs si on peut. » Un petit coup de fil à son vieil ami José Mourinho ou Diego Simeone va-t-il s’imposer pour un coup de main ?
Pep and the city
Avant l’Emirates, il y avait déjà eu Naples à domicile en Ligue des champions. Une rencontre presque intégralement disputée en supériorité numérique dans laquelle les Mancuniens avaient totalement refusé de se découvrir, prenant tout leur temps pour faire la décision tant bien que mal. De là à imaginer le plan devenir une rengaine à chaque match au sommet ? « J’imagine mal Guardiola renier sa vision du foot, tempère Garande. Je pense que c’est un plan de jeu sur un match. S’il dit “on va jouer bas et avoir un jeu de transition”, je pense que sur la durée ce n’est pas possible. Je ne l’imagine pas un instant. Mais cela montre que l’équipe va être hybride et capable de pratiquer toutes sortes de football. »
Un conducteur de bus en ville peut mettre des années à maîtriser les créneaux. C’est différent d’un routier.
« J’ai toujours voulu apprendre à célébrer un match nul, lâchait encore Guardiola, décidément moins entreprenant, mais pas encore prêt à tomber pleinement dans le conservatisme. Bien sûr, nous ne pourrons pas jouer toute la saison de cette manière, et d’ailleurs nous ne le voulons pas. » Habitué à transporter des équipes de sport, Nicolas* assure que la city se prête assez mal à l’exercice : « En centre-ville on ne fait jamais de créneaux, c’est différent d’un routier. Un conducteur de bus en ville peut mettre des années à les maîtriser. Ça dépend de là où on exerce. » Pas sûr donc que l’est de Manchester soit le meilleur endroit où apprendre à maîtriser l’art du bus bien garé. « Avoir des coachs en stationnement, ça serait pas mal, ça servirait », conclut toutefois le chauffeur. Scott Parker, tacticien à la tête de Burnley, équipe à la plus faible possession moyenne de ce début de saison et prochain adversaire des Skyblues, se propose pour donner quelques leçons.
Pep Guardiola fait un beau cadeau à la famille HeskeyPar Tom Binet et Sacha François
Tous propos recueillis par TB et SF.
* le prénom a été modifié.