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Gold Cup : l’enfer, c’est les hôtes

Par Mathieu Plasse
8 minutes

Alors que la compétition a mis la lumière sur des sélections plus modestes comme le Guatemala ou le Honduras, la Gold Cup servait aussi de test pour les trois pays hôtes de la Coupe du monde. À un an de son inauguration, les États-Unis, le Mexique et le Canada se servent de cette Gold Cup pour jauger leur niveau. Le tout pour des attentes et des résultats bien différents.

Gold Cup : l’enfer, c’est les hôtes

« Nous devons penser que nous pouvons gagner, pas seulement un match, mais la Coupe du monde. » Des mots bien ambitieux qui sortaient de la bouche de Mauricio Pochettino, lors de sa première conférence de presse à la tête de la sélection américaine. Arrivé à l’automne dernier, l’ancien patron du Paris Saint-Germain sortait d’une saison tumultueuse avec Chelsea. Terminant avec une sixième place de Premier League, et des échecs dans le dernier carré des coupes nationales, le tacticien argentin a été exfiltré des Blues. Originaire de Murphy, petite ville de la province de Santa Fe tirant son nom d’un émigré irlandais du XIXe siècle, Mauricio se retrouve patron des États-Unis, deux ans avant d’accueillir la Coupe du monde 2026. Habituée à des figures locales (Bruce Arena, Gregg Berhalter) ou des anciennes figures du foot mondial (Jürgen Klinsmann), Team USA acquiert cette fois une pointure du coaching.

Nous avons tendance à faire des sessions de deux heures, les séances les plus longues que j’ai pu avoir en quatorze ans de sélection.

Tim Ream, payé à l’heure

Prenant le relais à la suite d’un flop à la Copa América 2024, Mauricio Pochettino met en exergue les problèmes de mentalité au sein de la sélection. Alors que la génération « dorée » de Christian Pulisic, Weston McKennie ou Sergino Dest peine toujours à exploser, le technicien tient à rappeler la chance de représenter son pays. Le football, en grand décalage avec les autres sports américains, et ne peut se gagner avec une équipe étant désintéressée par ses matchs. Chose absolument impensable en Amérique du Sud : « Le joueur argentin est désespéré à l’idée de jouer avec l’Albiceleste, qu’importe s’il s’agit d’un amical ou d’une Coupe du monde. Il participe aux rassemblements comme s’il s’agissait du dernier. Si nous arrivons à entrer dans cet état d’esprit, nous serons deux fois plus forts », explique celui qui était déjà surnommé Big Brother par les joueurs de Tottenham. Cela passe par des entraînements plus intenses, comme le raconte Tim Ream, capitaine de l’USMNT : « Nous avons tendance à faire des sessions de deux heures, les séances les plus longues que j’ai pu avoir en quatorze ans de sélection. » Une hérésie, pour les pratiquants d’autres sports américains.

Les deux années qui le séparent du Mondial serviront alors de répétition générale. Les résultats et les défaites, aussi bien en amical contre la Suisse (0-4) ou en Ligue des nations contre le Canada et le Panama ne sont qu’anecdotiques. En quatorze matchs, Pochettino aura offert une cape à la bagatelle de 55 joueurs. Qu’ils soient membres d’une fratrie (Brendan et Paxten Aaronson), jeunes talents, cadres de la sélection ou même fils de l’ancien sélectionneur (Sebastien Berhalter), tout le monde a l’opportunité de prouver son abnégation. Certains se sont fait remarquer en mal, à l’image de Christian Pulisic, faisant l’impasse sur la Gold Cup mais souhaitant effectuer les amicaux contre la Suisse et la Turquie. Envie logiquement barrée par son sélectionneur : « Les joueurs ne peuvent pas choisir les matchs qu’ils veulent jouer. Les joueurs n’ont pas besoin de comprendre ou de ne pas comprendre les décisions. Ils doivent écouter et respecter notre plan. Ils ne peuvent pas nous dicter le plan. »

La place est alors offerte à d’autres durant le championnat d’Amérique du Nord. En tête, Malik Tillman ou Jack McGlynn, respectivement en grande forme au PSV et au Houston Dynamo. Mais la place du petit chouchou est réservée à Diego Luna. Meneur de jeu du Real Salt Lake, le Californien a gagné le respect de son coach après s’être fait péter le nez lors d’un entraînement en janvier dernier. Le visage ensanglanté, il demande à Pochettino de jouer l’amical contre le Costa Rica coûte que coûte. Titularisé, Luna offre une passe décisive à Brian White pour ouvrir le score. En conférence de presse, son tuteur fait son éloge : « Il a de sacrées couilles. » Et si Team USA a été plus en difficulté pour sortir ce Costa Rica en quarts de Gold Cup, et à quelques heures d’affronter le Guatemala en demi-finales, il n’empêche que son message rassembleur rentre dans la tête. L’American Dream, en quelque sorte.

Le Mexique fait le Tri des entraîneurs

Alors que les États-Unis montrent un peu d’ouverture à enrôler un entraîneur hors de leurs frontières, le Mexique semble plus récalcitrant. Le mal provient de deux autres Argentins n’ayant pas convaincu par le passé. D’abord Tata Martino, qui avait démarré tambour battant avec une Gold Cup en 2019, avant de perdre en finale en 2021, puis de se ramasser au Qatar l’année suivante. S’ensuivra le mandat insignifiant d’un autre flaco : Diego Cocca, fort du premier titre de champion de l’Atlas Guadalajara en 70 ans. À partir de là, la priorité sera donnée à des chilangos issus de la capitale et tant pis pour Guillermo Almada (originaire d’Uruguay, NDLR), qui peut présenter de beaux résultats avec Pachuca. Cette priorité aux locaux a été initiée par la nomination de Jaime Lozano, ancien international, qui est allé glaner une Gold Cup en 2023 avant de se planter à la Copa América l’année suivante. La place est aujourd’hui réservée à Javier Aguirre, ancien gourou de Majorque déjà présent aux Mondiaux 2002 et 2010.

Du neuf avec du vieux et une grande instabilité sur le banc, c’est l’ambiance qui règne autour de la Tri depuis plusieurs années. Pourtant, une constante reste : le fonds de jeu inexistant, basé sur les qualités individuelles. Sans les exploits de Raúl Jiménez, Edson Álvarez et Johan Vásquez, la Tri ne ferait que de la figuration et ses victoires contre l’Arabie saoudite et la République dominicaine ne seraient que science-fiction. Au point que le retour des belles performances au Mondial n’est pas prévu pour tout de suite, et les observateurs tablent plutôt sur une génération qui arrivera à maturité pour 2030. Un constat justifié par les espoirs placés en Santiago Giménez et César Huerta (Anderlecht) qui ont déjà fait leurs preuves  comme le petit Gilberto Mora (Tijuana), né en 2008 et déjà titulaire en quarts de finale contre l’Arabie saoudite. À cela peut être ajouté Elías Montiel, milieu de terrain ultra-complet auteur de belles performances au Mondial des clubs avec Pachuca, ou encore Mateo Chávez, futur latéral de l’AZ Alkmaar. De belles promesses qui permettront sûrement d’effacer le Honduras sur le chemin de la finale de cette Gold Cup, mais qui restent insuffisantes pour imaginer le Mexique arriver en cador l’an prochain.

Le Canada rate le train en Marsch

Organisant quelques matchs du Mondial dans les villes de Vancouver et Toronto, le Canada aura été un véritable pétard mouillé lors de cette Gold Cup. Attaquant les poules par un set de tennis collé au Honduras (6-0), les Canucks ont déposé les armes dès les quarts de finale. Réduite à dix après l’expulsion stupide de Jacob Shaffelburg, la patrie de Justin Bieber s’est vue sortir par le Guatemala (1-1, 5-6 TAB), possiblement l’équipe la plus constante de la compétition. Un échec cuisant, un de plus pour une nation qui attend un vrai coup d’éclat. Troisième nation du continent en matière de soccer, le Canada a aussi fait appel à un entraîneur au CV plus reluisant. Déjà éliminé au stade des quarts de finale lors de la dernière Gold Cup, John Herdman a tiré sa révérence au profit d’un certain Jesse Marsch, ayant officié à Leeds et Leipzig. Originaire de Racine dans le Wisconsin, le technicien états-unien n’a pas hésité à vilipender Donald Trump lorsque celui-ci évoquait le Canada comme « 51e État » : « Si j’avais un message à faire passer à notre président, c’est de laisser tomber la rhétorique ridicule qui présente le Canada comme le 51e État. En tant qu’Américain, j’ai honte de l’arrogance et du mépris que nous avons montré à l’un de nos alliés historiques. »

Non soutenue par Pochettino, la prise de parole se veut rafraîchissante, mais est devenue la marque de fabrique du coach biberonné au groupe Red Bull. Dans un registre sportif, Jesse Marsch n’hésitait pas à louer l’esprit de groupe avant le début de la Gold Cup : « Pas un gars ne m’a appelé et ne m’a dit “Coach, cette année a été longue, je ne souhaite pas venir” ou quoi que ce soit qui s’en rapproche ». Avant de faire un virage à 180 degrés à la suite de l’élimination : « Je ne cherche pas d’excuses, mais il nous manquait la moitié de notre groupe. » Groupe auquel il manquait certes Alphonso Davies, victime d’une rupture des ligaments croisés, mais qui comportait Derek Cornelius, Tajon Buchanan et surtout les homonymes David en pointe. Un propos irrecevable, après une défaite contre le 106e au classement FIFA. Censé lancer l’équipe dans une bonne dynamique, ce tournoi n’aura fait qu’exploser toute certitude qui pouvait subsister dans le Great White North. À l’heure où les États-Unis sont contestés pour leurs conditions météorologiques corsées, le Canada devra tout faire pour éviter un autre phénomène. Un blizzard en plein été.

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