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Du Mondial des clubs à la Coupe du monde 2026 : le climat de tension

Par Evan Glomot
6 minutes

Les conditions climatiques américaines ont sérieusement perturbé le bon déroulement du premier tour de la Coupe du monde des clubs. De quoi nourrir l’inquiétude à un an du coup d’envoi du Mondial 2026, également prévu en Amérique du Nord ?

Du Mondial des clubs à la Coupe du monde 2026 : le climat de tension

RB Salzbourg-Pachuca, Ulsan Hyundai-Mamelodi Sundows, Palmeiras-Al Ahly, Auckland City-Boca Juniors, Juventus-Manchester City, Benfica-Chelsea… On ne compte plus les matchs interrompus par le climat américain tumultueux durant cette Coupe du monde des clubs 2025. Tantôt les chaleurs suffocantes, tantôt les violents orages, la météo n’éclipse décidément pas cette première édition d’un tournoi tant décrié par les fans du ballon rond et même par certains joueurs, pas forcément enclins à tâter le terrain après une saison éreintante.

Si les organismes de joueurs qui ont enchaîné les rencontres cette saison sont déjà entamés, les 40 degrés affichés sur certaines pelouses américaines ne sont pas de nature à les soulager. Avant d’affronter la Juventus pour le troisième match de groupe, Pep Guardiola n’avait pas mâché ses mots : « Nous devons être prêts à souffrir. La chaleur est évidente. Nous ne pouvons pas la changer, n’est-ce pas ? Mais je pense que toutes les équipes doivent gérer cette situation. C’est comme ça pour la prochaine Coupe du monde. Les gens le savent déjà. » Un avertissement à peine voilé, et une inquiétude bien réelle : à un an du Mondial 2026, qui se tiendra également sur le sol nord-américain (ainsi qu’au Mexique), faut-il craindre un tournoi déformé par la météo, au détriment du spectacle et de la santé des joueurs ?

L’important, ce n’est plus vraiment la santé

Cette répétition générale qui n’en est pas vraiment une suffit en tout cas à alerter les acteurs comme les observateurs. « Cette Coupe du monde m’inquiète, tout comme les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028, confirme Stéphane Bermon, médecin du sport et membre du département médical et scientifique de World Athletics, la fédération internationale d’athlétisme. Je suis préoccupé par la santé des athlètes face aux défis de thermorégulation, aux épisodes de chaleur extrême, aux phénomènes climatiques violents et à la pollution. »

La vraie question, c’est celle-ci : quelle place souhaite-t-on réellement accorder à la santé des footballeurs face aux enjeux économiques et politiques qui pèsent sur ce type d’événement ?

Stéphane Bermon, médecin du sport

Son équipe mène depuis plusieurs années des recherches, ainsi que des campagnes de prévention et d’éducation sur les dangers liés à la chaleur : « Il est impératif d’être extrêmement vigilant sur la santé des sportifs, de leurs staffs et de leur encadrement. Mais surtout, il faut influencer les organisateurs suffisamment tôt pour mettre en place des calendriers cohérents, adaptés aux réalités climatiques. Si on commence à s’en inquiéter six mois avant la compétition, il sera déjà trop tard. La vraie question, c’est celle-ci : quelle place souhaite-t-on réellement accorder à la santé des footballeurs face aux enjeux économiques et politiques qui pèsent sur ce type d’événement ? »

La solution idéale est surtout utopique. Elle consisterait à programmer les rencontres tôt le matin, entre 7 heures et 9 heures, « là où l’humidité reste modérée et la température redescend », selon les mots de Stéphane Bermon. Seulement, les impératifs économiques et télévisuels des diffuseurs (ainsi que les habitudes des joueurs) prennent rapidement le dessus sur ce type de considérations. Les sélections européennes seront nombreuses à participer au prochain tournoi estival, et imaginer une affiche de l’Espagne ou de la France diffusée à l’heure du petit-déjeuner n’enchante guère M6 (qui retransmettra 54 des 104 matchs) ni les autres chaînes du Vieux Continent, soucieuses des audiences de prime time.

Un climat beaucoup plus imprévisible qu’au Qatar

Si la santé des joueurs suscite des inquiétudes croissantes, celle des supporters ne doit pas être négligée. Des fans du monde entier afflueront dans des stades pour la plupart ouverts et fortement exposés au soleil. « Au Qatar, en 2022, les stades étaient climatisés. Aux États-Unis, ils ne le seront pas, rappelle Bermon. Paradoxalement, cela pourrait poser davantage de problèmes. Car au Qatar, les gens s’attendent à avoir chaud, ils s’y préparent. Alors qu’aux États-Unis, ce n’est pas forcément le cas : on s’y attend moins, donc on s’y prépare moins. Ce n’est vraiment pas bon pour les spectateurs d’être exposés à une telle chaleur pendant 3 heures. »

Autre différence notable avec le pays du Moyen-Orient : la grande variabilité des conditions météorologiques. Alors qu’au Qatar, la chaleur reste constante du matin au soir, les États-Unis présentent un climat beaucoup plus imprévisible. On y observe des pics de chaleur soudains suivis, parfois dans la même journée, de violents orages. Une instabilité amplifiée par le réchauffement climatique. « On en voit les effets un peu plus chaque année. Quatre ans, à l’échelle planétaire, ce n’est pas grand-chose, mais pour les statistiques météorologiques (événements extrêmes, ouragans, vagues de chaleur, orages) la tendance est clairement à la hausse », observe le médecin du sport.

S’acclimater, la seule solution ?

Pour faire face à ces nouvelles réalités climatiques, la FIFA et l’UEFA, à l’instar d’autres fédérations internationales, ont commencé à adapter leurs règlements. Parmi les mesures mises en place : les pauses fraîcheur (cooling breaks), des horaires de match décalés, ou encore l’autorisation pour les remplaçants de suivre la rencontre depuis les vestiaires plutôt que depuis le banc. Autant de dispositifs appliqués lors du Mondial des clubs, et qui pourraient bien être reconduits lors de la Coupe du monde 2026.

D’ici là, les nations qualifiées devront s’organiser pour s’adapter à des températures parfois extrêmes. Cela reste tout à fait possible. « Beaucoup de gens l’ignorent, mais on peut s’acclimater à la chaleur, explique le membre de World Athletics. Il existe des protocoles qui s’étendent sur une à deux semaines, impliquant des exercices quotidiens d’intensité modérée dans une ambiance chaude. C’est crucial, notamment pour les pays froids comme la Suède ou la Norvège. On peut s’acclimater de manière active ou passive, à travers des bains chauds ou des séances de sauna. Ces techniques permettent de limiter la baisse de performance due à la chaleur, tout en réduisant les risques médicaux. » À défaut de repenser sérieusement le calendrier mondial du football, l’acclimatation semble aujourd’hui la seule parade pour éviter de voir sur la pelouse des joueurs exténués par la chaleur, tristes victimes collatérales d’un sport de plus en plus sacrifié sur l’autel du spectacle et du profit.

Le PSG, avec tout le respect de l'Europe

Par Evan Glomot

Propos de Stéphane Bermon recueillis par EG

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