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En Alsace, il y a les quetsches et El Mourabet

Par Sacha François et Ulysse Llamas
5 minutes

Alors qu’il évolue dans un effectif cueilli aux quatre coins du monde et à prix d’or pour mûrir à Strasbourg, Samir El Mourabet a été récolté à quelques minutes de la Meinau. À 20 ans, il a même disputé tous les matchs de cette saison de Ligue 1, s’affichant comme l’anomalie, mais aussi le futur porte-drapeau de BlueCo.

En Alsace, il y a les quetsches et El Mourabet

Il aurait pu être perdu dans la province de Murcie, jouer pour ElPozo, le club d’une marque de charcuterie au chiffre d’affaires supérieur au milliard d’euros. Fin décembre, sur un parquet, il aurait affronté le Barça dans un choc au sommet de la Liga Nacional de Fútbol Sala, la D1 espagnole de futsal, en VF. Il n’en aurait rien à foutre de Crystal Palace, n’aurait pas su où était Breidavik, encore moins Jagiellonia Białystok, n’aurait pas été leader de la C4, ou n’aurait pas joué les premiers rôles en Ligue 1. Samir El Mourabet ne connaît pas ce monde parallèle. Il a choisi le foot à 11, il a choisi Strasbourg, sa ville.

Samir mure à la table des grands

Dans un effectif renforcé par l’injection de plus de 125 millions d’euros cet été, un gamin de 20 ans est indiscutable au milieu. Samir El Mourabet a joué tous les matchs de Ligue 1 cette saison dans une équipe composée de Sud-Américains, d’Anglais et de Belges. Un type qui a grandi dans la Cité de l’Ill, au nord de Strasbourg. Il est le chouchou de Diego Moreira, un des cadres du vestiaire. Son entraîneur, Liam Rosenior, est élogieux sur son pied gauche. « Je m’en fiche de son prix », pose-t-il au Républicain lorrain. L’Anglais raconte la première fois qu’il l’a vu avec la réserve, ce « ouah » qu’il a fait, sa compréhension du jeu, son « sens du placement ». Ses formateurs sont dans cette lignée, affirmant que Rosenior est la personne idéale pour le faire progresser. Il a signé son premier contrat professionnel en mai 2024. Il aurait pu être transféré à Aubagne, en National, y jouer numéro 10. « C’est un garçon qui marque les esprits. On apprécie, parce qu’il a un toucher de balle au-dessus de la moyenne, un pied gauche magnifique », décrit par exemple Patrice Feys, conseiller technique de la Ligue du Grand Est.

Pour éclore dans le Strasbourg version BlueCo, Samir El Mourabet a traversé pas mal d’étapes. Formé en jeunes au Racing, il n’a pas passé le cap du passage au grand terrain, en U14. « Comme il éliminait les gens sur un pas ou une passe, il n’avait pas besoin de faire les efforts défensifs, et ça l’a pénalisé, » remet Patrice Feys, qui fait partie de ceux qui l’ont orienté vers le futsal. Il en faisait déjà avec ses potes, les week-ends. D’autres formateurs, comme Djamel Ferdjani, aujourd’hui entraîneur de Sarreguemines, optionnaient plutôt un parcours de football à 11, en attendant qu’il gagne en confiance et en « explosivité ». En 2020, Samir El Mourabet s’entraînait à ses côtés aux Pierrots Vauban, ancien club formateur reconnu dans la région strasbourgeoise.

Quand tu as connu les matchs de futsal dans des salles surchauffées, tu peux tout appréhender.

Patrice Feys

Il s’envole finalement à Lyon où, sous l’égide de Raphaël Raynaud, l’actuel sélectionneur de l’équipe de France, la FFF compte développer le futsal. Loin de ses parents, Samir El Mourabet se rend tous les jours dans les gymnases. C’est sur les parquets qu’il a continué à développer sa créativité technique, touchant plus de ballons que sur grand terrain, et apprenant aussi le goût de l’effort. « Le droit à l’erreur est aussi plus élevé au futsal, ajoute Patrice Feys. Quand tu as connu les matchs de futsal dans des salles surchauffées, tu peux tout appréhender. » Aujourd’hui, les apprentis footeux du Racing pratiquent le futsal au moins une fois par semaine.

Le comte de Mourabet

Concernant son potentiel dans les gymnases, tous sont unanimes. « Il sortait quand même du lot. Il est entré dans le pôle avec une technique au-dessus des autres. C’était le seul surclassé, le premier joueur de notre génération à être appelé en équipe de France », remet Mamady Kouyate, un de ses amis à Lyon, et aujourd’hui joueur au Cuatro Futsal, dans les Yvelines. « Clairement, l’équipe de France jouait la semaine dernière à Metz, il aurait pu être dans le groupe, » affirme Patrice Feys. Reste cet élément, raconté par son ancien partenaire : « La priorité de Samir, ça a toujours été le foot à 11. Heureusement que là, quand je regarde ses matchs, je vois qu’il a encore des réflexes de futsal. »

Glisser sur du parquet, ça fait plus mal.
Glisser sur du parquet, ça fait plus mal.

Les passes cachées, des prises d’information très rapides et des touches de balles très soyeuses composent son CV. « Sur le premier but contre Crystal Palace, on le voit faire un cassé, une feinte de corps typique des ailiers du futsal », exemplifie Patrice Feys. Sur le deuxième but, Samir El Mourabet surgit à l’affût d’un coup franc mal repoussé. Il marque son premier but professionnel, avant d’afficher un gros sourire de timide, le même qu’il avait affiché avec son pote Abdoul Ouattara après la victoire face à Metz, début août« En fait, Samir se distingue des profils défensifs au Racing, auxquels on accole les valeurs d’abnégation alsaciennes, pour lesquelles on est connus. » Valérien Ismaël ou Morgan Schneiderlin l’incarnent. Et à 20 ans, l’international jeunes marocain a encore des choses à montrer. « Il a beaucoup de fraîcheur et d’envie de jouer. Tout ça a tendance à disparaître aujourd’hui, avec les U17 ou U19 nationaux. Samir n’est pas cramé pour le foot professionnel. Il arrive frais, grandi d’un parcours qui lui a fait beaucoup apprendre », confirme Patrice Feys. Djamel Ferdjani va plus loin : « Samir est un atout fondamental pour le Racing, et pour BlueCo. D’un côté, il est la preuve qu’ils peuvent compter sur le centre de formation. De l’autre, il vient valider la filière alsacienne. Et il n’est qu’au début de son parcours. »

Liam Rosenior enguirlande ses joueurs avant les fêtes

Par Sacha François et Ulysse Llamas

Propos recueillis par SF et UL, sauf mentions.

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