- CAN 2025
CAN : aucune surprise au pied du sapin
À un peu plus de la moitié du premier tour, un premier constat s’impose dans cette CAN 2025 : les vraies surprises tardent à pointer le bout de leur nez, et les grosses équipes ne sont pas particulièrement bousculées. Une certaine prévisibilité à laquelle la CAN ne nous a historiquement pas habitués.
Alors que la CAN 2025 bat son plein entre Rabat, Marrakech, Agadir, Fès, Casablanca et Tanger, certains seront peut-être déjà nostalgiques d’un temps que les moins de… deux ans ne peuvent pas connaître. L’édition disputée en 2024 en Côte d’Ivoire – la « CAN du siècle », comme elle avait été surnommée à l’époque – avait en effet marqué les esprits par son lot de surprises. Dès le premier tour, plusieurs gros poissons s’étaient fait sortir de l’étang, à l’image du Ghana, de l’Algérie et de la Tunisie. Les Éléphants ivoiriens, eux, s’étaient extirpés par un trou de souris de la phase de groupes, ne devant leur salut et leur futur titre de champion qu’à une place parmi les meilleurs troisièmes.
Deux ans plus tard, la magie n’est pas encore de retour : pour l’instant, il n’y a pas encore de véritable surprise ou d’émotions fortes à se mettre sous la dent dans cette Coupe d’Afrique. Sauf scénario improbable, on imagine mal comment une grosse cylindrée pourrait passer à la trappe dès le premier tour. Avec quatre points au compteur, les favoris marocains et sénégalais sont quasiment assurés de rejoindre les huitièmes, que connaîtront quoi qu’il arrive l’Égypte et le Nigeria, vainqueurs de leurs deux premier matchs. L’Algérie, la Côte d’Ivoire et le Cameroun ont eux aussi bien démarré, respectivement face au Soudan (3-0), au Mozambique (1-0) et au Gabon (1-0). Si l’on est encore bien trop tôt dans le tournoi pour tirer des conclusions, on peut au moins se poser une question : risque-t-on d’assister à une CAN plus prévisible que d’habitude ?
Changement de calendrier
Une première explication pour étayer cette projection se situe au niveau du calendrier. Contrairement aux éditions précédentes, la CAN 2025 a été planifiée de décembre à janvier plutôt qu’à cheval entre les mois de janvier et février. Un détail qui n’en est pas un, puisqu’il permet aux joueurs d’arriver en pleine saison plutôt qu’après la trêve hivernale, et donc d’afficher un niveau plus proche de celui qui est le leur en club. Pas de congés pour souffler face au calendrier exigeant, certes, mais la courte coupure du mois de décembre avait parfois pour effet de freiner le rythme de certains joueurs, notamment ceux qui prenaient quelques jours de vacances – ce qui conditionne toujours un retard au redémarrage, parfois fatal lors d’une compétition internationale.

On peut aussi signaler qu’être à quelques mois d’une Coupe du monde profite aussi aux meilleures nations. Dans la dynamique de la phase de qualification pour le Mondial, achevée au mois d’octobre dernier, les équipes ayant validé leur présence de l’autre côte de l’Atlantique sont déjà avancées dans leur projet de jeu, avec une confiance au zénith et des automatismes bien visibles sur le pré. Cette CAN fait presque office de grande répétition générale, avec la certitude pour chaque joueur que de belles prestations en terres marocaines leur assureraient un ticket pour l’Amérique en juin prochain.
Une météo et un format moins piégeux
La météo joue également un rôle dans le déroulement de la CAN. En cette fin d’année, le ciel gris marocain n’a rien à voir avec le chaud climat ivoirien d’il y a deux ans : ici, les températures tournent plutôt autour de quinze degrés, avec une forte humidité et des pelouses qui rappellent davantage le foot hivernal européen. De quoi rendre le voyage vers la CAN plus facile pour les joueurs des championnats européens, l’imprévisibilité engendrées par des conditions climatiques extrêmes étant ici réduite – même si des pluies intenses ont tout de même perturbé certaines rencontres.

Réformée en 2017 pour passer de 16 à 24 équipes, la CAN pourrait commencer à récolter les fruits pourris observés depuis 2016 à l’Euro – aucune grosse nation européenne ne s’est fait sortir en poules depuis le changement de format, à l’exception de la vieillissante Croatie en 2024. Plus d’invités signifie davantage de petites équipes, et donc une plus grande disparité de niveau. Les meilleures nations sont, en théorie, moins exposées à des adversaires périlleux en poules. Le système des meilleurs troisièmes n’oblige pas les équipes plus faibles à s’arracher à tout prix pour aller chercher un exploit contre un gros, trois points en trois matchs suffisant parfois pour se qualifier en huitièmes de finale.
Si les éditions précédentes avaient offert des scénarios complètement fous, on peut se demander si voir un tournoi sans surprise au premier tour cette année ne serait finalement pas logique au vu des différences de niveau observés entre certaines sélections. De là à laisser la TV éteinte en attendant de « vrais » matchs intéressants en huitièmes ou en quarts ? On compte sur le Mozambique, le Bénin ou la Tanzanie pour nous faire mentir dans les prochains jours.
Les tops et les flops de Sénégal-RDCPar François Linden
























