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Portugal, Pays-Bas : championnats mineurs, suspense majeur
Alors que la fin de cette saison 2024-2025 approche en Europe, deux irréductibles championnats ont décidé d’étirer le suspense jusqu’au bout : la Liga Portugal et l’Eredivisie. Pour notre bon plaisir.

Soyons sérieux quelques secondes : peu de monde suit le championnat du Portugal ou celui des Pays-Bas. La musique est connue, trois clubs alternent les succès (Porto, Benfica, Sporting d’un côté ; Ajax, PSV, Feyenoord, de l’autre) et l’un se détache bien souvent du troupeau à la mi-saison. Pourtant, en cette édition 2024-2025, un phénomène rare est venu foutre son nez dans l’histoire : le suspense. Au sud comme au nord en effet, le champion n’est toujours pas connu, offrant une petite bouffée d’air frais à une Europe qui en avait certainement besoin.
L’effondrement improbable de l’Ajax de Farioli
Car dans les cinq « grands » championnats, il n’y a (presque) plus rien à gratter. Le PSG a plié la Ligue 1, de même pour Liverpool en Angleterre, le Bayern Munich en Allemagne et très bientôt le FC Barcelone en Espagne. Seule l’Italie résiste alors un peu, avec un sympathique duel relancé ces dernières semaines entre Naples et l’Inter, bien que le ballottage soit favorable aux Napolitains (un calendrier favorable et des Intéristes certainement préoccupés par leur finale de Ligue des champions à venir). Nous restent donc nos proches Portugais et Néerlandais.
Chez les Bataves, l’histoire est d’ailleurs improbable. Fin avril, l’Ajax de Francesco Farioli tenait le titre entre ses mains. Sept points d’avance sur son dauphin – le PSV – un calendrier plutôt simple, et même la possibilité de soulever le trofee à cinq journées de la fin, à la maison. Tout partait donc bien. Oui mais. Mais la peur de gagner est passée par là et l’effondrement mental a laissé la magie opérer. L’Ajax n’a ainsi remporté aucun de ses quatre derniers matchs, subissant de lourdes défaites (4-0 à Utrecht et 0-3 contre Nimègue) et des nuls aux scénarios spectaculaires (arrachés et subis dans le temps additionnel face au Sparta Rotterdam et Groningen). Une aubaine pour le PSV, parvenu à faire carton plein et à prendre les rênes de l’Eredivisie à une journée de la fin. De quoi raviver les scènes de liesse de supporters célébrant la défaite de leur rival à distance, comme à l’ancienne.
Mass brawl erupts after Ajax throw title away to 99th-minute equaliser 😱 pic.twitter.com/96Xr99AT4p
— GOAL (@goal) May 15, 2025
Une notion de plaisir retrouvée
Au Portugal, s’il n’est point question de flop pour le Sporting et Benfica, le duel à distance est tout aussi (voire plus) intéressant à suivre. À égalité de points (76), les écuries lisboètes se tirent ainsi la bourre depuis janvier, et le Sporting en est sorti premier gagnant samedi dernier. En décrochant le nul sur la pelouse de La Luz (1-1), les Lions ont effectivement réussi à conserver leur première place à la différence de buts (+59 contre +56) et à quelque peu rattraper leurs ratés de février – avec trois nuls consécutifs, contrecoup du départ de leur entraîneur Rúben Amorim pour Manchester United. Pour assister au sprint final, rendez-vous est donc pris ce samedi 17 mai à 17 heures. Le départage sera d’ailleurs décidé par deux équipes du Minho, Braga et Guimarães, adversaires respectifs du Sporting et Benfica, mais surtout, habituels grands rivaux.
Ce bref résumé fait, se pose alors le débat d’un suspense de moins en moins visible chez nous, en Angleterre ou en Espagne, dès qu’il est question de titre. Souvent catégorisés comme championnats de seconde zone, l’Eredivisie et la Liga Portugal ont pour elles de laisser la part belle à une réelle concurrence entre leurs favoris. Un fait suffisamment rare pour être souligné. L’an dernier, par exemple, le Sporting était sacré champion avec dix points d’avance sur Benfica tandis que le PSV l’était avec sept unités sur Feyenoord… Surtout, il est intéressant de noter que ces sprints finaux sont souvent le fait de course au maintien ou de qualification en Coupe d’Europe. Cette saison, au moins, les regards seront donc braqués vers le très haut du classement. Et cette saison, aussi, les regards seront braqués sur ces clubs historiques que sont l’Ajax, le PSV, Sporting et Benfica. Avant que tout ne redevienne chiant dès l’année prochaine.
Par Adel Bentaha