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- Liverpool-Tottenham (5-1)
De Jürgen Klopp à Arne Slot, une leçon de transition made in Liverpool
Après huit ans et demi à marcher derrière Jürgen Klopp, Liverpool a dû se trouver un nouveau guide. Une mission vertigineuse, à la hauteur de la trace laissée par l’Allemand. Arne Slot a néanmoins repris le flambeau de manière remarquable, en bonifiant le travail de son prédécesseur, pour ramener le club au sommet de la Premier League.

Liverpool est de retour sur « son putain de perchoir », et tant pis pour Sir Alex Ferguson. Les Reds ont décroché leur 20e titre de champion d’Angleterre – autant que Manchester United – en corrigeant Tottenham dimanche (5-1). Pas à coups de millions lâchés ici et là sur le marché des transferts, puisque Liverpool n’a recruté qu’un seul joueur l’été dernier (Federico Chiesa) et personne cet hiver. Mais en bâtissant de manière intelligente, sur la durée, avec une vision claire. Le choix de confier les rênes de l’équipe à Arne Slot en est le meilleur exemple aujourd’hui : orphelin de Jürgen Klopp, le club a placé sa confiance en un coach loin des radars médiatiques, qui ne s’était jamais expatrié – ni en tant que joueur, ni en tant qu’entraîneur – et dont l’expérience en Ligue des champions se limitait à six petites rencontres. Et c’est un perfect match.
Monsieur propre
Les chiffres sont éloquents puisque Liverpool affiche 74% de victoires en championnat cette saison. Le Liver bird n’a été associé à la défaite que deux fois, contre Nottingham en septembre (0-1) et sur la pelouse de Fulham il y a trois semaines (3-2). Le club pourrait même finir la saison avec 94 points, soit le troisième meilleur bilan de son histoire après les 99 unités de 2019-2020 et les 97 de 2018-2019. Slot n’est pas venu pour rien. « Ma famille est restée aux Pays-Bas, confiait-il. Cela signifie qu’en étant ici, 99% de mon temps est consacré au travail. Je rentre à la maison, je mange, je sors l’ordinateur, je visionne la séance d’entraînement, je prépare le rendez-vous du week-end. » Le Néerlandais s’est ainsi fondu dans le décor sans rupture, tout en douceur.
Il faut dire que Jürgen Klopp avait savamment préparé le terrain. The Normal One lui a laissé un effectif débordant de qualité et un vestiaire sain, uni par un véritable esprit collectif. Il s’est aussi assuré que le public adopte la recrue avant même qu’elle ne mette les pieds dans le Merseyside, en chantant en son honneur le 19 mai 2024, sur l’air de « Life is life », pour lui souhaiter la bienvenue. L’Allemand a tout fait pour que Liverpool continue d’avancer et que son successeur soit soutenu, dès le début. Slot ne s’y est pas trompé et lui a renvoyé l’ascenseur dimanche, sur le même air du groupe Opus, en lançant au micro un « Jürgen Klopp ! La la la la la ! »
Arne Slot singing Jurgen Klopp’s name ❤️ pic.twitter.com/Uq5DNKLsIO
— Anfield Sector (@AnfieldSector) April 27, 2025
Ceci est une évolution
« Ce qu’il a fait avant même que je n’arrive ici, je pense que c’est quelque chose qu’aucun manager n’avait jamais fait auparavant », expliquait d’ailleurs Slot au sujet de son prédécesseur, saluant aussi « le travail que Jürgen et Pepijn (Lijnders, qui était son adjoint, NDLR) ont laissé ici, la culture de l’équipe ». Succéder à un homme autant apprécié et respecté que Klopp n’avait rien d’évident, mais Slot a réussi à faire fructifier son héritage avec habileté. Sa décision de construire son milieu de terrain autour de Ryan Gravenberch, dans l’ombre la saison dernière, explique en grande partie la solidité défensive retrouvée par l’équipe. Celle de promouvoir clairement Cody Gakpo comme le troisième homme du trio offensif, aux côtés de Mohamed Salah et Luis Díaz, a aussi payé. S’il y a des gagnants, il y a forcément des perdants, parmi lesquels Darwin Núñez, Conor Bradley ou Harvey Elliott, qui ont vu leur temps de jeu se réduire considérablement. Sans que l’équilibre du vestiaire n’en soit affecté, et le mérite en revient largement au management du Néerlandais. Les prolongations de Virgil van Dijk et Salah donnent d’ailleurs encore plus de crédit à Slot, dont la vision a convaincu les cadres du vestiaire.
Dancing with the Premier League champions 🕺 pic.twitter.com/lZuSOf0f3p
— Liverpool FC (@LFC) April 27, 2025
« Au début de saison, lorsque le coach est arrivé, il a apporté tellement de choses, soulignait Ibrahima Konaté sur Canal+. Il nous a montré ce qu’on avait peut-être mal fait ces dernières années et nous a dit qu’il fallait changer ces choses fondamentales pour pouvoir gagner le titre. On savait que si on mettait tout ça en pratique, il y avait de grandes possibilités d’arriver à nos fins et de prendre ce titre. C’est exactement ce qu’on a fait. On gagne un mois à l’avance, c’est magnifique ! » Les Reds ont passé 40 minutes sur leur pelouse, ce dimanche, une fois la fin du match sifflée. Ils ont enchaîné les photos, les chants, les douches au champagne et les pas de danse, au rythme de « Freed from desire », « One Kiss » ou « Three little birds ». Kóstas Tsimíkas brandissait même devant le Kop une version en carton du trophée de la Premier League, le sourire jusqu’aux oreilles. Privé de célébrations dignes de ce nom en 2020 à cause du contexte sanitaire du moment, le LFC peut commencer à fêter un titre de champion d’Angleterre au contact de ses supporters pour la première fois depuis 1990. Un peu grâce à Jürgen Klopp, et beaucoup grâce à Arne Slot.
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