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Virer son coach à trois journées de la fin, idée à la con ?

Par Nicolas Jucha
5 minutes
Virer son coach à trois journées de la fin, idée à la con ?

Dans une saison particulièrement dangereuse pour les entraîneurs, Marseille et Reims ont fait fort : couper la tête de leur stratège dans la dernière ligne droite du championnat. Si l'OM est a priori hors de danger, ce n'est pas le cas des Champenois. Fallait-il vraiment dégager le coach ? Maintenant ?

Avec Olivier Guégan, débarqué par le Stade de Reims suite à la dernière défaite de son équipe à Nice, la Ligue 1 en est à 12 entraîneurs virés depuis le début du championnat. Un cru particulièrement sanglant, alors que la saison passée, ils n’étaient que quatre à avoir pris la porte. De quoi mobiliser l’UNECATEF.

La direction des clubs concernés cherche un effet psychologique, rien de plus.

Plus surprenant encore est le timing des « remerciements » : David Guion, directeur de la formation à Reims, n’a que trois matchs pour décrocher le maintien, quand Franck Passi en a à peine plus pour le valider. Autant dire qu’il « ne faut pas attendre des miracles, car en trois matchs, tu ne fais rien » , estime László Bölöni, l’ancien technicien de Nancy ou Lens. « La direction des clubs concernés cherche un effet psychologique, rien de plus. » Ce fameux choc psychologique qui peut transformer onze chèvres en prédateurs impitoyables ?

Coup de poker psychologique

À Marseille, l’intérimaire Franck Passi a d’ailleurs bien délimité le cadre de sa fonction lors de sa première conférence de presse, la veille d’affronter Sochaux en demi-finale de Coupe de France : « Essayer d’atteindre le cerveau et le cœur des joueurs. » Ce qu’en Champagne, on a justifié par le besoin d’insuffler « de la fraîcheur, un supplément d’âme » . Pour Jean-Marc Furlan, qui a quitté Troyes en cours de saison, l’entraîneur qui reprend un groupe à quelques encablures de la fin du championnat a donc tout intérêt à assurer pendant ses causeries. « Cela ne doit pas forcément durer très longtemps, 3 à 5 minutes, d’ailleurs parfois c’est même mieux de ne pas parler, mais le coach doit trouver les bons mots, les ressorts qui parlent aux joueurs. »

On a des entraîneurs dont c’est la spécialité, qui sont excellents sur le court terme.

Ce qui avait fonctionné pour Guégan à Évian la saison passée, mais s’est révélé impossible à rééditer en 2015-2016. « On a des entraîneurs dont c’est la spécialité, qui sont excellents sur le court terme » , assure Furlan. Toujours est-il que László Bölöni y voit un vrai coup de poker psychologique, et qu’il imagine mal « un adjoint ou un directeur de la formation pouvoir amener ce plus mental, car ils ne sont pas perçus par les joueurs comme l’entraîneur principal » . Pour le Roumain, la « mission commando » de Guion ou Passi ressemble bien plus à une mission suicide.

Mission commando

« Il ne faut pas prendre l’entraîneur qui vient d’être débarqué pour un idiot, il mettait les joueurs les plus performants, ce n’est pas parce que le nouvel arrivant va changer un milieu ou intégrer un nouveau remplaçant que cela va révolutionner l’équipe. Sauf s’il a vraiment beaucoup de chance. » L’ancien coach du Sporting Portugal, Rennes ou Monaco ne se veut pas spécialement rassurant pour le Stade de Reims, car « en trois matchs, l’entraîneur ne peut rien modifier, la tactique, le fonds de jeu… Il ne peut même pas faire progresser les joueurs individuellement » . Or, dans le cas des Champenois, David Guion est présenté par ses pairs comme un adepte du beau jeu et « une personne réfléchie, méticuleuse et qui apporte beaucoup d’importance au travail en amont » selon Franck Chalençon, coach des U19 de Reims.

Si je suis dans une situation de ce type, je demande à mon staff de me faire un rapport sur les joueurs les plus attachés au club d’un côté, et les statistiques des équipes types qui ont gratté le plus de points sur les 18 derniers mois.

Guion, pas forcément quelqu’un qui aime travailler dans l’urgence… Si Jean-Marc Furlan partage l’analyse de Bölöni, car « les joueurs ont besoin d’une sécurité, or les animations de jeu se travaillent quotidiennement et sur le long terme » , il ne voit pas la mission commando comme une fatalité dépendante du hasard ou de la chance. « Si je suis dans une situation de ce type, je demande à mon staff de me faire un rapport sur les joueurs les plus attachés au club d’un côté, et les statistiques des équipes types qui ont gratté le plus de points sur les 18 derniers mois. » L’idée du technicien passé par Strasbourg est « d’associer des mecs qui ont des habitudes en commun, notamment celles de la victoire » . Une fois cela fait, « il faut donner de la confiance au groupe » , et éventuellement brûler un cierge, histoire de mettre toutes les chances de son côté. Car tout le monde en convient, changer de coach à trois ou quatre journées de la fin, cela reste, quoi qu’on en dise, un aveu d’impuissance.

Les présidents en mode freestyle

« Les dirigeants sont très intelligents, ils vont expliquer leur stratégie, le pourquoi de leur choix… Mais dans les faits, ils ne sont pas en mesure de recruter un entraîneur extérieur sur trois matchs » , assure Bölöni, « car ils ne peuvent pas lui proposer un projet pour l’année suivante » . D’où l’obligation de recycler un adjoint, un directeur de la formation ou un préparateur physique. Jean-Marc Furlan voit dans ces licenciements sans réel plan B la pression du milieu, « qui n’autorise pas l’échec, alors que ce sont les situations d’échec douloureuses qui peuvent amener à de grands succès derrière » . Mais le technicien d’origine girondine se refuse à blâmer les présidents de clubs, et pas seulement parce qu’il est sur le marché. « Il faut les comprendre, dans le football, c’est tellement simple que tout le monde donne son avis » , et donc ne comprendrait pas un immobilisme apparent.

On peut dire que c’est scandaleux de virer un entraîneur aussi tard dans la saison, mais peut-être qu’ils ont attendu dans l’espoir de ne pas avoir à le faire.

Or, le licenciement du coach est le levier le plus médiatique à disposition des patrons du football. Sans pour autant être une solution appréciée : « On peut dire que c’est scandaleux de virer un entraîneur aussi tard dans la saison, mais peut-être qu’ils ont attendu dans l’espoir de ne pas avoir à le faire » , tente d’expliquer Furlan. Solution par défaut, aveu d’impuissance, activation d’un fusible… Tout indique que les présidents de Reims et de l’OM ont perdu le contrôle. Et pourtant, les faits peuvent encore leur donner raison. László Bölöni : « Au final, les résultats peuvent s’avérer positifs, car en football, tout est possible. C’est pour cela que c’est le sport le plus merveilleux. Personne ne maîtrise toute la vérité, mais chacun peut avoir raison. »

Dans cet article :
Olivier Létang alerte sur la programmation du match contre l’OM
Dans cet article :

Par Nicolas Jucha

Propos de Franck Chalençon extrait du site officiel du Stade de Reims, ceux de László Bölöni et Jean-Marc Furlan recueillis par NJ

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