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Tunisiano : « Mes potes disent que je ressemble à Luis Suárez »

Propos recueillis par Arnaud Clement
9 minutes
Tunisiano : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Mes potes disent que je ressemble à Luis Suárez<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Quinze ans après Du Rire aux larmes et cinq ans après leur dernier album, les membres du groupe Sniper se reforment pour une série de concerts en France. L'occasion pour la caution foot de la bande, Tunisiano, d'évoquer ce retour sur les prés après une longue absence, sa passion du PSG ou ses five avec ses jambes de vétéran.

Refaire des concerts avec Sniper après des années d’absence et revoir tout le monde lever les bras, comme à la Cigale en mai, est-ce que ca a le même goût que regoûter au terrain après une année blanche à la suite d’une rupture des croisés ?Franchement, ça doit être un peu la même sensation. Quand on a quitté la scène ou qu’on était un peu en guerre avec les gars, ça te fait chier. Surtout quand tu passes des Zénith et Olympia à ça. Puis tu cultives une sorte de manque, tu encaisses et tu batailles pour revenir, avec cette satisfaction au bout de retrouver toutes tes sensations ! Bon, les croisés, c’est pas la même douleur, mais dans notre cas, c’est plus… psychologique, disons. Il a fallu encaisser.

Sniper, de loin, on pourrait se dire que c’est un peu comme pour le mouvement ultra, plus les années passent, plus ça devient dur de faire son truc, avec des pouvoirs publics qui vous tombent dessus, des médias qui ne vous aident pas…Exactement, c’est ça. Au début, le mouvement ultra a fait parler de lui et on a cherché à le museler, puis à le faire disparaître. Et nous aussi, on a cherché à nous faire disparaître. En nous touchant financièrement et artistiquement. Un artiste, c’est en studio ou en concert, pas dans les tribunaux. C’est comme un joueur, sur le terrain. Ensuite, ça va vite. Tu es médiatisé en mal par rapport à ça et tu es sali. Et puis, un procès, plus un procès, plus un procès, plus un procès… Que tu sois sanctionné ou relaxé, ton baveux s’en fout, il encaisse…


Quand la classe politique et une certaine frange de ce pays ont pris pour cible Karim Benzema après l’affaire de la sextape, est-ce que ça t’a fait penser d’une certaine façon à la tempête médiatique que vous avez affrontée après avoir chanté La France est une garce ?
Il est pris pour cible, oui. Le type a la gueule du coupable, donc on s’en donne à cœur joie alors que ce n’est pas jugé, qu’il n’y a rien de définitif. Vous pouvez le descendre, oui, mais que s’il est vraiment coupable. Il y a de la similitude entre lui et nous. Tu es né français, tu vis ici, tu cotises, mais quand on voit ta gueule, on te dit que tu es moins français que d’autres dans certaines circonstances. Eh bien, c’est pareil pour lui. Il joue dans un grand club, il est un des meilleurs à son poste, mais sur la photo de classe, on lui dit gentiment de faire de la place.

J’aime bien faire des five avec mes potes, mais on ne va pas se mentir, on joue un peu en mode vétéran, on évite les passements de jambe de ouf… Ça se finit plus souvent en arrêt pour claquage sinon.

Si on reste dans les parallèles, vous pratiquez le même jeu aujourd’hui qu’à l’époque du Rire aux larmes, en 2001 ?
Non, on a plus d’expérience. Au début, on était un peu « foufou » , tu en fais trop, tu veux briller sur le terrain. Là, tu as un peu plus de maturité, donc tu la joues au métier. À l’italienne (rires). Donc le discours reste le même, mais on tâche d’être plus subtil. À l’époque du Rire aux larmes, on était rentre-dedans, vulgaires, bêtes et méchants. Ce qui a aussi fait notre marque de fabrique, et de toute façon, ça correspondait à notre état d’esprit. C’est un schéma qui se prête bien au foot aussi. Quand les gamins explosent, ils peuvent être maladroits et en faire trop, et ça peut se retourner contre eux. Après, avec l’expérience, en côtoyant les grands, tu n’as plus le même état d’esprit.


Et en 2001, ton club préféré qu’est le PSG, c’était tout autant Panam All Starz qu’aujourd’hui ?
Non, sincèrement, c’était les moyens du bord, mais le cœur parlait. L’époque de George Weah ou David Ginola, même si je n’avais pas de biff et que j’ai plus suivi le PSG à la télé à l’époque, c’était magnifique. Mais là, ça devenait le creux petit à petit… Aujourd’hui, c’est dingue, on en parle autour du monde du PSG. Quand même ! J’ai commencé à aller au Parc quand j’ai fait mes premiers cachets et, aujourd’hui encore, j’aime y aller. J’ai d’ailleurs quelques connaissances qui ont joué ou sont au PSG. Mathieu Bodmer est un bon pote, Hatem Ben Arfa, j’avais sympathisé avec Adrien Rabiot il n’y a pas si longtemps aussi. Avec Aketo, on devait aller les voir contre le FC Bâle en C1. Et j’ai eu un imprévu de dernière minute.

Est-ce qu’il y a des moments de football gravés dans la roche pour toi ?Moi, c’est le PSG-Real de 1993 et la tête de Kombouaré, direct ! J’étais mioche, mais c’était fou… Il y a eu ça, puis le doublé de Zizou en finale de Coupe du monde et l’Euro 2000, j’avais les larmes aux yeux, j’ai niqué mon klaxon sur les Champs, je peux te le dire aujourd’hui ! Quelle folie aussi… C’étaient vraiment des sensations de ouf. Et plus récemment, je dirais le dernier PSG-Chelsea. J’étais en Thaïlande, je regardais le match en direct entre potes dans une villa – il y avait Rim’K d’ailleurs comme on donnait un concert commun sur place –, et on a vu, malgré le décalage, ces deux coups de tête magnifiques.

Est-ce que tu t’offres un petit retour aux sources avec un petit match entre potes d’enfance de Deuil-la-Barre parfois ?Pas avec mes potes de Deuil, mais j’aime bien faire des five avec d’autres amis. Bon, on a les derniers survêtements, mais on ne va pas se mentir, on joue un peu en mode vétéran, on évite les passements de jambe de ouf… Ça se finit plus souvent en arrêt pour claquage sinon (rires). Jeune, c’était plus efficace. On ne s’échauffait pas pendant trente minutes, ça jouait toute la journée… Je suis gaucher, plutôt milieu, j’avais un petit côté technique, ça se perd pas trop, mais ça va bien moins vite !

Parfois je suis fou en matant Cavani devant mon écran, mais pourtant, sur le coup, je ne le pense pas quand je l’insulte.

Dans ton monde, tu embaucherais quels joueurs de ton panthéon pour t’accompagner à un tournoi de five ?
En tournoi de five ? J’en prendrais trop… Pour le kiff perso, ça serait quand même Ronaldinho ! La définition du génie du football selon moi. Lui, il m’a toujours fait rêver, avec son grand sourire, son jeu sans forcer, c’était inné ! Le mec est capable d’aller en boîte, rentrer à 4h et mettre des virgules ou un doublé le lendemain. Quand même ! Et techniquement parlant, lui comme Ronaldo, ça allait au-delà de Messi ou Cristiano.

Le ou les matchs qui t’ont fait passer du rire aux larmes…La finale de la Coupe du monde 2006 avec le coup de boule de Zizou, ça m’a scié les jambes. Tout était parfait dans le scénario… Le retour en force de Zizou, qui éclate tout le monde, et on vient en finale alors qu’on était donnés pour mort. Quand on avait sorti l’Espagne qui l’envoyait à la retraite dans les journaux, quelle dinguerie. Et puis vient ce manque de sang-froid… Une fin un peu trop dure quoi. L’Euro de cet été ? Ça m’a déçu aussi, mais pas à ce point, c’était pas aussi fou.

Et le Clásico perdu à FIFA 11 avec Mevlüt Erding contre Soprano et Steve Mandanda, on en parle ?
(Rires) Mais Erding, il était éclaté à FIFA, il m’avait dit qu’il savait pas trop jouer et on s’est fait taper par les Marseillais !


Vous avez fait un titre nommé Mentalité française. En matière de ballon rond, est-ce qu’il y en a une ?
Ah oui, elle est simple : tu marques deux buts en finale de Coupe du monde, tu es adulé, incroyable, on veut te mettre au Panthéon ! Et tu vas louper quelques trucs comme Giroud récemment et tu te fais rouler dessus. C’est malheureux, mais franchement, je suis si loin de la réalité ? Moi aussi je participe à ça, parfois je suis fou en matant Cavani devant mon écran, mais pourtant, sur le coup, je ne le pense pas quand je l’insulte. Dans ce pays, on est tous sélectionneurs de toute façon…

Alors puisqu’on est dans les exemples, est-ce qu’il y a un ou des joueurs auxquels tu t’identifies trait pour trait ?Luis Suárez ! Plein de potes me disent qu’on se ressemble, mais même sans ça, je le kiffe, il n’y a pas photo, c’est le numéro un à son poste. Et puis c’est un haineux, il est malin, il est adroit…

Avec le blé qu’ils ont, ils peuvent s’acheter une domestique en même temps… Mais l’attaquant de Monaco, Valère Germain, je trouve qu’il a la gueule du Tanguy.

Le ou les joueurs qui ont le blues de la tess ?
Pastore ! Le pauvre, il est tellement fragile… Depuis qu’il est là, il n’arrive pas à donner sa pleine mesure, il a toujours des bricoles. Il reste sur le banc alors qu’il a un talent de malade. Lui, il doit l’avoir le blues de la tess

Le ou les joueurs les plus « ange et démon » ?
Zlatan, c’est d’ailleurs tout ce qu’on aime chez lui, non ? Il a son arrogance, son côté grande gueule qui se rapproche des rappeurs d’ailleurs, mais en revanche, quand il est lâché dans l’arène, il maîtrise. Et il te la fait fermer sur le terrain.

Le ou les joueurs qui feraient de très bons jeteurs de pierres ?Cristiano Ronaldo, il a un petit côté jeteur de pierres pour le coup…


Le ou les footballeurs qui te font penser à la Génération Tanguy ?
Avec le blé qu’ils ont, ils peuvent s’acheter une domestique en même temps… Mais l’attaquant de Monaco, Valère Germain, je trouve qu’il a la gueule du Tanguy. La dernière fois, j’ai vu Julien Cazarre l’assassiner dans J+1, il m’a fait ma soirée… Quel tueur celui-là !

Tu as trente-sept ans maintenant. Si tu étais joueur, tu préférerais quel eldorado pour ta fin de carrière ? L’Amérique de Donald Trump ou ces hauts lieux de démocratie que sont le Qatar ou la Chine ?Peu importe l’endroit où tu es, ton niveau de vie ne va pas foncièrement changer. Et comme en tant que footballeur, tu ne vas pas vivre dans un quartier défavorisé… Je ne vais pas te mentir, quitte à choisir une fin de carrière, je vais aller là ou il y a plus de zéro sur le contrat.

Dans cet article :
L'OL domine Francfort et s'ouvre les portes de la qualification
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Propos recueillis par Arnaud Clement

Infos : Sniper Classics Tour
22 novembre - PARIS - Zénith
1er décembre - NANTES - La Carrière
9 décembre - TOULOUSE - Le Phare
17 décembre - RENNES - Le Liberté

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