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  • La vie des supporters de l'OGC Nice

Supporter de l’OGC Nice : mode d’emploi

Propos recueillis par Quentin Ballue et Julien Duez

Les supporters de France à l’honneur sur sofoot.com. Nous sommes partis à la rencontre de ceux qui font vivre nos stades, qui célèbrent pour leur club, qui pleurent pour leur club. Bref, ceux qui vivent pour leur club. Cette semaine, place à ceux qui défendent bec et ongles les Aiglons niçois.

#1 - Baptiste

Baptiste Janiszewski

20 ans, supporter depuis 2007

« Je suis né à Nice donc, pour moi, c’était assez évident de supporter l’OGC Nice. J’ai grandi dans un milieu avec une ambiance très portée sur le local. C’est un peu une histoire de famille. Je me souviens que mon parrain me chantait « Les gens veulent savoir«  quand j’avais quatre ans, j’ai grandi là-dedans en fait. Quand j’habitais à Nice, j’allais voir tous les matchs à domicile. J’ai été abonné en BSN (Brigade Sud de Nice) de 13 à 16 ans. Les deux premières années de l’Allianz, il y avait un parking un peu au-dessus du stade. Je me souviens y aller avec mon père, c’était à l’ancienne, foot plaisir, foot populaire, avec les paquets de chips et les bières sur le capot de la voiture pour un apéro à deux heures du coup d’envoi.

« Tout le monde avait une histoire avec le Berger, moi y compris. » Baptiste

Je me souviendrai toute ma vie de l’année Ben Arfa. J’ai toujours gardé dans mon téléphone la vidéo de la victoire contre Saint-Étienne à la dernière minute de jeu, avec un but de Valère Germain qui nous envoie en Ligue Europa. Ça, c’était un truc de fou. Je me souviendrai aussi toute ma vie du slalom de Ben Arfa contre Caen. J’étais en tribune sud, donc il était face à nous, il met huit joueurs par terre, il fonce, il fusille Vercoutre, un truc de fou. Mais je pense que le souvenir que tous les Niçois partagent en tant que supporters, c’est le Berger, Paul Capietto, qui malheureusement nous a quittés il y a quelques mois. Ça a été un grand choc pour tous les supporters niçois parce que tout le monde avait une histoire avec le Berger, moi y compris. Je me rappelle les moments où il venait en ski au stade pour un sombre Nice-Bordeaux en février, à l’époque où le capitaine était Olivier Echouafni.

Mon rapport au club est assez viscéral. Je le prends un peu du côté identitaire. C’est un peu comme ça dans les clubs du Sud ! Si je ne peux pas voir le match sur le moment, je regarderai le résultat, le résumé, l’analyse, l’analyse du résumé, etc. Ça va m’occuper entre 30 et 40 minutes minimum le lendemain pour voir le débrief du match, les actions, les buteurs, qui a bien joué, regarder les notes, lire les articles de L’Équipe, etc. Alors que j’étais en Pologne pour mes études, le Gym a même décidé de ma date de retour. La première chose que j’ai faite avant de prendre mes billets pour rentrer, ça a été de regarder le calendrier pour voir si un avion me permettait de voir le dernier match avant Noël. C’était un match en bois (victoire 3-0 contre Toulouse en décembre 2019), mais j’avais pris mon vol pour ne pas rater ce match. Et puis la première chose que j’ai installée dans mon appartement à Aix, c’était une pancarte du Gym, donc ça veut dire beaucoup de choses. »

#2 - Lucien

Quand l’Aiglon Lucien sortait à peine de sa coquille

Lucien Cohen

77 ans, supporter depuis 1956, abonné en tribune Garibaldi

« Je ne suis pas de la première cuvée ! Je suis arrivé à Nice en 1956, j’avais 13 ans, et je suis tombé amoureux de la ville et du club. Je suis abonné depuis une trentaine d’années maintenant. À l’époque, les matchs avaient lieu le dimanche après-midi, à 15h. On avait le temps de sortir, de manger dehors et après d’aller au match. On allait à la buvette pour prendre un pan-bagnat ou un sandwich, il y en a qui étaient bien arrosés. (Rires.) C’était une ambiance différente. Il y avait l’avant-match, le match et l’après-match. Maintenant, quand c’est fini, tout le monde reprend sa voiture et rentre à la maison. Ce n’est plus la même flamme. Le Ray était aussi plus chaleureux, le stade était en centre-ville… Mais bon, il partait en brioche. Le Riviera est beau, et c’est mieux desservi. J’habite à l’ouest de la ville en plus, donc ça me rapproche. Mon fils est abonné, ma fille et mon petit-fils aussi, donc quand on peut, on va au stade tous ensemble. On est quatre, ça remplit la voiture !

« On ne joue pas la gagne, on joue pour ne pas perdre, c’est pas pareil. Pour moi qui ai connu les autres équipes, ce n’est pas encore ça. » Lucien

On a eu des bons joueurs comme (Jean-Pierre) Alba, (Nenad) Bjeković, (Jean-Noël) Huck, (Jacques) Foix… Ils étaient peut-être moins rapides à l’époque, mais plus techniques. Celui qui m’a le plus marqué, c’est Leif Eriksson. Il pouvait faire le jeu, organiser. Il n’a pas eu la brillance qu’il aurait dû avoir. On a eu des joueurs à Nice, hein ! Je me rappelle l’ambiance pour Nice-Real Madrid, en 1960. Victor Nurenberg avait mis trois buts. C’était un match spécial, c’était le Real de Francisco Gento, Alfredo Di Stéfano… On avait gagné un match de folie, un match comme on n’en verrait plus maintenant. C’était le grand Real, ils achetaient les plus grands joueurs. Nous, on n’a pas ça, peut-être que ça va venir dans les années qui viennent. (Rires.) On ne joue pas la gagne, on joue pour ne pas perdre, c’est pas pareil. Pour moi qui ai connu les autres équipes, ce n’est pas encore ça.

Ça fait un moment qu’on n’est plus dans le haut du panier, alors qu’on a joué les quatre premières places pendant au moins vingt ans. En début d’année, à l’époque, les abonnés faisaient une fête dans les jardins de Masséna. Vous aviez les joueurs, le président… Ils faisant une sorte de lunch, à l’époque vous connaissiez les joueurs physiquement, vous pouviez parler avec eux. Ils nous disaient : « Cette année on joue ça, on va essayer de gagner ça », même si ce n’était pas vrai, mais ça faisait plaisir aux supporters. On ne va pas dire aux supporters : « Ça va mal, on a une équipe de merde, qu’est-ce qu’on va faire ! » (Rires.) »

#3 - Simon

Simon Samama

22 ans, supporter depuis 2007, membre de la Parigi

« J’ai toujours vécu à Paris, mais j’ai découvert l’OGC Nice par tradition familiale. Mon grand-père et son frère se sont abonnés il y a plus de 50 ans, ensuite les enfants de mon grand-oncle l’ont fait, et c’est venu comme ça. En allant à Nice depuis tout petit, j’ai développé une attache avec cette ville. Et l’attache au club est évidemment renforcée par le fait que j’aime beaucoup la ville. Je supporte aussi le club pour tout ce qu’il y a autour, Nice est l’une des plus belles villes de France ! Quand j’étais petit, globalement, ça parlait OL, OM et PSG. Mais pour moi, c’était Nice, c’était mon moyen d’aller au stade. Je suis membre de la section Parigi depuis février 2019. C’est super sympa d’avoir des gens qui supportent le même club que toi en région parisienne. On partage des moments hyper sympas, chaque déplacement est unique : il y a tout l’avant-match, le trajet en voiture où on parle du club… Il y a une sorte d’esprit d’équipe.

« C’est grâce à Cvitanich qu’aujourd’hui je bois du maté. » Simon

L’un des plus grands moments que j’ai vécus, c’est le derby contre Monaco en 2019. Je devais aller à Nice le samedi parce que la 38e journée de Ligue 1 était en multiplex à 20h. Sauf que le match a été avancé au vendredi à cause des élections européennes. Sur un coup de tête, j’ai pris un bus qui faisait Paris-Nice du jeudi soir au vendredi matin, juste après mes partiels à la fac. Je suis parti à 19h de Bercy et je suis arrivé à 9h à Nice. J’étais complètement crevé, mais il y avait l’excitation de partir la veille et de se dire que demain, c’est jour de derby. C’était un derby particulier avec la relégation de Monaco en jeu. Faire descendre Monaco en plus de les avoir battus, ça aurait été la cerise sur le gâteau, on n’aurait pas dit non ! On a gagné 2-0, mais malheureusement, c’est Caen qui est descendu.

Quand j’étais petit, il y avait Bakari Koné, Marama Varihua, Hugo Lloris, mais le joueur dont je garde vraiment de très bons souvenirs, c’est Dario Cvitanich. En plus, c’est grâce à lui qu’aujourd’hui je bois du maté. Une fois, il était sur le banc avec un truc bizarre entre les mains. Je me dis : « Mais qu’est-ce que c’est que ça ? » Après, j’ai testé ça, et j’ai commencé à en boire régulièrement ! Il a un peu marqué le club en plus, c’est lui qui inscrit le premier but dans notre nouveau stade. Mais le seul joueur floqué sur l’un de mes maillots, c’est Dante. Parce que je m’étais dit qu’il ne quitterait pas le club au vu de son âge avancé, que c’est un modèle d’expérience, qu’il a gagné beaucoup de titres. Il fait partie des vétérans qui sont assez attachants. Il a beaucoup de qualités humaines, et comme le répète souvent Jean-Pierre Rivère, l’OGC Nice est un club familial. Dante, c’est un peu le tonton de l’équipe. »

#4 - Bruno

Bruno Martel

35 ans, ancien membre de l’Armata Rumpetata, co-fondateur du fanzine Quoura Ven Lou Dissata

« Je ne pourrais pas dire à quelle occasion je suis allé au Ray pour la première fois. Ce qui est sûr, c’est que c’était avec mon père et mon grand-père et que je devais avoir sept ans. Quand j’ai commencé à m’y rendre régulièrement par moi-même en revanche, c’était une dizaine d’années plus tard. On était au début des années 2000 et le Gym était encore en D2. Pour les jeunes de mon âge, il n’y avait pas cinquante milliards de trucs à faire à Nice le samedi soir. On pouvait traîner dans le Vieux-Nice avant d’aller boire des bières sur la plage, mais avec mes potes, on préférait se retrouver au stade. L’entrée en Populaire Sud était gratuite pour les mineurs, à condition d’être accompagné d’un adulte. Donc il suffisait de trouver quelqu’un qui te fasse rentrer et c’était réglé. En ce temps-là, la tribune était assez désertée, le noyau comprenait peut-être 200 personnes, ce qui fait que tu finis par toujours croiser les mêmes têtes, toutes unies pour la même cause, peu importe que tu sois chômeur ou avocat, et j’ai commencé à devenir plus qu’un simple supporter.

Mon premier dép’, c’était en 2002, pour le dernier match de la saison à Laval. Ce qui est plutôt costaud parce que quand tu es jeune, généralement, ton premier match à l’extérieur, c’est plutôt Monaco ou, à l’époque, Cannes. J’avais dix-sept ans et on était déjà assurés de monter en D1. Comme j’étais mineur, mon père avait dû aller dans un bar pour signer une décharge et me laisser y aller avec trois potes. Pour l’occasion, j’avais acheté un appareil photo jetable. La qualité n’est pas ouf, mais au moins j’ai encore une trace de cette journée. On est arrivés très en avance et j’ai croisé Christian Karembeu qui était en rééducation là-bas. Quand j’ai fait développer la pellicule, le gars du magasin m’a offert un agrandissement de la photo qu’on avait prise ensemble. Sympa, non ?

« À Nice, on a notre propre identité. On n’est pas français depuis longtemps, la langue niçoise est encore présente… Donc on ne peut pas faire comme si tout ça n’existait pas. » Bruno

En 2001, quelques anciens de la Sud ont créé l’Armada Rumpetata Nissa (ARN) pour animer le virage Nord. Je les ai rejoints, non pas parce que j’avais un différend avec la Brigade Sud Nice (BSN), mais parce que je connaissais les gars de l’ARN et voulais continuer de traîner avec eux. Ce qui nous différenciait de la BSN, c’est qu’on faisait énormément de dép’. On s’en foutait de remplir une voiture pour poser la bâche à quatre ou cinq. La BSN était plus dans une logique de sélectionner deux-trois matchs dans le calendrier et de se déplacer en nombre. Vers mes 22 ans, il y a eu une scission au sein de l’ARN et c’est à cette époque que l’on a commencé à éditer nos premiers zines avec mon nouveau groupe. La qualité n’était pas spécialement là, mais c’était surtout pour conserver une trace matérielle de tous nos souvenirs, plutôt que de passer un temps fou à chercher de vieux messages archivés sur un forum ou des photos numériques sur ton portable. Si j’avais fait mon dép’ à Laval aujourd’hui, il y a de fortes chances que je n’aie pas le réflexe d’imprimer les photos de la journée et qu’elles finissent par se perdre ! Entre-temps, mon boulot d’ingénieur informaticien m’a fait bouger à Caen et à Paris et je ne me suis plus carté depuis mon retour à Nice en 2013. En revanche, je suis retombé sur ma vieille collec’ de zines il y a un an et demi et cela m’a donné envie de relancer la machine. Et c’est comme ça qu’on a lancé Quoura Ven Lou Dissata, dont le nom est la traduction en nissart du légendaire fanzine anglais When Saturday Comes.

À Nice, on a notre propre identité. On n’est pas français depuis longtemps, la langue niçoise est encore présente… Donc on ne peut pas faire comme si tout ça n’existait pas, et de toute façon, c’est une force qu’il faut utiliser pour éviter qu’elle ne se perde. Car contrairement aux Basques, aux Corses ou aux Bretons, le niveau des revendications est moins grand ici. C’est pour cela qu’on publie certains articles en niçois. L’un des gars de la rédaction est d’ailleurs prof de niçois et est à l’origine de la création de la première école primaire où l’enseignement se fait dans les deux langues. C’est important parce qu’en général, cette langue, on l’apprend surtout en option LV3 pour avoir des points faciles au bac ! Bon, moi je ne l’ai pas fait parce que j’ai passé un bac S et que je n’avais pas le droit de choisir une troisième langue. Aujourd’hui, je le lis et je le comprends, mais je ne peux pas prétendre le parler. Ce qui ne m’empêche pas de me sentir concerné quand même : notre dernier projet en date, c’est de lancer un cours de niçois sur l’application Duolingo. J’aimerais que les jeunes aient un autre rapport avec notre langue et qu’on leur propose autre chose que les danses traditionnelles ou de jouer dans des pièces de théâtre sur la crèche de Noël… Quand tu sors du lycée, tu as envie d’autre chose ! Et peut-être que notre zine aidera à aller dans ce sens. »

#5 - Solange

Solange Claude

59 ans, présidente du Club des supporters (CDS) Nice depuis six ans et adhérente depuis 1982

« Je vais être honnête, mon premier club préféré, c’était Saint-Étienne. Sur les murs de ma chambre, il n’y avait pas de posters de chanteurs, mais ceux de l’équipe de l’ASSE. Pourtant, je suis niçoise à 100%, mais quand j’étais jeune, on ne voyait que les Verts à la télé. Nice n’avait même pas droit à un condensé de leur match sur Téléfoot le dimanche midi. Au départ, le stade était un truc d’hommes que mon père partageait avec mon cousin. Avec ma mère, ma cousine et mon jeune frère, nous passions les matchs dans le jardin à côté du Ray, en écoutant les clameurs qui s’élevaient de la tribune. Autour de mes dix ans, j’ai demandé à mon père s’il pouvait m’emmener avec lui et, comme on arrête d’écouter un chanteur quand on n’entend plus parler de lui, j’ai laissé tomber les Verts au profit du club de ma ville. L’ambiance du Ray, ça métamorphosait les gens, et ma passion s’est prolongée quand j’ai rencontré mon mari, lui-même fan du Gym, à dix-huit ans. Nos week-ends étaient rythmés par les matchs : après le stade, on allait manger une pizza et on terminait la soirée en boîte. Puis, j’ai rejoint le Club des supporters et commencé à suivre l’équipe à l’extérieur.

Le CDS existe depuis 1947, et j’y suis active depuis une douzaine d’années. En temps normal, il compte environ 600 membres et on essaie de suivre notre club le plus possible, y compris en Europe. Pour le match contre Salzbourg, en 2016, j’ai réussi à remplir deux bus, ce qui est pas mal pour un groupe non ultra. Je précise, car notre philosophie, c’est celle du « bon père de famille ». Ce qui ne veut pas dire que nous sommes des enfants de chœur pour autant, on boit aussi du pastis dans le bus, sauf qu’à la fin, ça ne sent pas le vomi. Et quand on se fait chahuter, on renvoie la pareille, cela fait partie du folklore. Moi par exemple, je travaille comme comptable dans un bureau toute la semaine, donc le football agit comme un exutoire. Insulter l’adversaire et l’arbitre, c’est aussi mon truc ! Mais nous avons des membres de 70 ans ou d’autres qui viennent avec leurs enfants en bas âge, donc il faut faire attention. Depuis un certain match de Coupe de la Ligue en février 2012, on ne va plus à Marseille par exemple. Ce soir-là, on est tombés dans un guet-apens, et une barre à mine a transpercé le pare-brise du bus avant d’atterrir à quelques centimètres de notre ancien président. Et le webmaster de l’OGC Nice s’est fait frapper à la tempe, on l’a vu au bord du terrain avec un bandage autour du crâne. Les forces de l’ordre n’ont rien fait pour nous aider.

« L’équipe de France, je ne la regarde pas, sauf quand Lloris joue, parce que c’est l’enfant du pays. D’ailleurs, à Nice, on n’aime pas vraiment le foot, on aime Nice. » Solange

Hormis les premières années où je devais m’occuper de mes enfants, je n’ai jamais arrêté d’aller au stade. D’ailleurs, mes amis prévoient toujours leurs invitations en fonction du football. Ils savent que les matchs, c’est sacré pour moi. Ce qui m’intéresse, c’est évidemment de voir du beau jeu, mais surtout d’avoir des joueurs qui ne sont pas là pour se la péter. C’est pour ça que c’était dur avec Balotelli : il était beau à voir jouer, mais il avait vraiment un sale caractère. J’ai également du mal avec ceux qui vont au clash pour du fric. Pourquoi Malang Sarr est parti aussi jeune ? Si c’est pour ne pas jouer, il aurait mieux fait de rester chez nous, chez lui. En fait, j’ai du mal avec ce côté « Monopoly » qui entoure les transferts. On dirait que c’est vraiment facile de dire « Je te vends celui-ci, je te rachète celui-là… » Tout cet aspect business ne me convient pas du tout, même s’il faut accepter le fait que depuis quelques années, le Gym a changé de dimension.

Malgré tout, ce qui ne change pas, c’est notre identité. On n’est pas vraiment français, on n’est pas italiens, on est niçois. Quand je suis en déplacement, dès que je vois une statue de Garibaldi, je la prends en photo. Idem quand j’étais en voyage à New-York, en passant devant un resto qui s’appelait Nice Matin, près de Central Park. L’équipe de France, je ne la regarde pas, sauf quand Lloris joue, parce que c’est l’enfant du pays. D’ailleurs, à Nice, on n’aime pas vraiment le foot, on aime Nice. Quand l’équipe gagnait, mon père disait toujours : « Ils ont gagné. » Et quand elle perdait : « Ah tu as vu, tes chèvres ont encore perdu ! » C’est tout à fait niçois ça. On encense le club aussi vite qu’on le descend. Ça doit venir de notre tempérament méditérannéen. Et c’est peut-être pour ça que le football français ne nous aime pas. Peut-être aussi à cause du côté sulfureux des années Médecin, ou bien par jalousie, à cause du beau temps. Quand le président Rivère est arrivé, il nous disait qu’à Paris, on lui faisait tout le temps des remarques sur son bronzage. Mais depuis quelques années, les lignes ont bougé, et je le remercie d’avoir réussi à nous faire une place au sein des instances. Le club s’implique beaucoup en dehors du terrain à travers son fonds de dotation qui soutient des personnes en difficulté et bosse énormément, notamment dans les écoles, pour faire venir régulièrement les gens au stade. Avant, dans la rue, on voyait peut-être un gamin sur mille avec un maillot du Gym sur le dos. Mais ça, c’est du passé. S’ils gardent le virus de la culture foot et qu’ils arrivent à le transmettre à leur famille, dans quelques années, l’Allianz Riviera sera beaucoup plus remplie qu’aujourd’hui. »

Propos recueillis par Quentin Ballue et Julien Duez

Épisode 1 : Toulouse
Épisode 2 : Reims
Épisode 3 : Nantes
Épisode 4 : Marseille
Épisode 5 : Lens

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