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  • Angleterre – Championship – Relégation en League One

Les derniers jours de Pompey

Par Régis Delanoë
4 minutes
Les derniers jours de Pompey

Pendant que son grand rival Southampton sort de l’ombre en retrouvant la Premier League, Portsmouth s’enfonce irrémédiablement dans la crise. Relégué en League One, gravement touché financièrement et cible d’hommes d’affaires tous plus louches les uns que les autres, « Pompey » semble être prisonnier d’un interminable cercle vicieux.

Mai 2008 : Portsmouth FC décroche la FA Cup, dominant Cardiff en finale (1-0) après avoir éliminé Manchester United en quart. Avec une huitième place en Premier League et une qualification européenne, l’avenir s’annonce radieux pour l’une des formations les plus ambitieuses du royaume, menée par le brillant Harry Redknapp et emmenée par de sacrés éléments, parmi lesquels Niko Kranjcar, Lassana Diarra, Glen Johnson, Jermain Defoe, Sulley Muntari, John Utaka ou encore les expérimentés David James, Sol Campbell et Nwankwo Kanu.

Mai 2012 : Portsmouth FC termine 22e de League Championship et est officiellement relégué en League One, la D3 anglaise. L’effectif emmené par l’inexpérimenté Michael Appleton est réduit à peau de chagrin, avec comme seuls noms connus Tal Ben Haim, Aaron Mokoena, Benjani ou l’ancêtre Kanu. L’avenir ? Il n’y en a peut-être pas du tout, vu que les dettes s’accumulent et que la disparition pure et simple du club est évoquée. Son dernier propriétaire est mis en examen pour une fraude à grande échelle et aucun repreneur ne semble disposé à venir à la rescousse d’un club en phase terminale.

Redknapp parti, le début de la fin

C’est bien connu qu’en football, tout peut aller très vite, dans un sens comme dans l’autre. A Portsmouth, comme on ne fait pas les choses à moitié, il n’a fallu que 4 ans pour passer de la hype à la grosse lose. Durant cette période, se sont succédé cinq propriétaires, huit entraîneurs et une impressionnante quantité d’emmerdes. On va tâcher de faire court et synthétique, mais on prévient, la tâche est ardue. Retour donc à l’été 2008 : le proprio Alexandre Gaydamak, qui a acheté le club deux ans plus tôt via une société basée aux Iles Vierges, aligne les ronds pour faire venir notamment Peter Crouch et Younes Kaboul. Sauf qu’à l’automne, le manitou Harry Redknapp, grand artisan de l’ascension de l’équipe les saisons précédentes, répond favorablement aux sollicitations de Tottenham. Son adjoint Tony Adams – l’ancien défenseur des Gunners – le remplace, mal.

A l’hiver, Defoe et Diarra se cassent ; l’entraîneur des jeunes Paul Hart prend les rênes de l’équipe, qui évite la relégation. Viennent alors les premières rumeurs de difficultés financières. Gaydamak, à la gestion plus que douteuse, décide de vendre son jouet. Le repreneur est un certain Suleïman al-Fahim, celui-là même qui a repris Manchester City. Le citoyen des Emirats arabes unis se penche sur les finances de sa nouvelle acquisition et, constatant sa piètre situation comptable, décide de revendre, 40 jours plus tard seulement, au Saoudien Ali al-Faraj (via une autre compagnie enregistrée aux Iles Vierges), faisant au passage une plus-value estimée à 10 millions de livres.

Intraitable Fisc

Le mystérieux nouveau proprio de Portsmouth ne peut empêcher le départ à l’été 2009 de joueurs majeurs : Crouch, Kranjcar, Johnson, Distin… Résultat, la saison démarre par sept défaites. Le fantôme al-Faraj, qui aurait été aidé dans l’opération rachat par le businessman hongkongais Balram Chainrai, ne rembourse pas son associé. Les deux hommes s’entendent – sans jamais se rencontrer ! – pour que le premier cède ses parts au second. A peine arrivé au pouvoir début 2010, Balram Chainrai déchante : 7 millions de livres de droits TV qu’il espérait sont directement saisis par la Premier League pour rembourser des transferts impayés. Placé en redressement judiciaire, le club écope de 9 points de pénalité. Au printemps, c’est l’inévitable relégation.

Avec un effectif réduit au minimum, « Pompey » entame très mal sa saison 2010/2011, mais au courage et avec un énième changement d’entraîneur, une deuxième relégation consécutive est évitée. Ce n’est qu’un sursis. L’été qui suit – l’été dernier, donc, si vous suivez – le club change une nouvelle fois de propriétaire. Le Russe Vladimir Antonov débarque avec ambition. Il recrute (un peu) et l’on se met à croire enfin en des jours heureux. Grave erreur : en novembre, Antonov est arrêté à son bureau à Londres sur requête des autorités lituaniennes, qui lui reprochent des malversations de grande ampleur sur une banque locale : appropriation de biens (à hauteur de 300 m$, rien que ça), abus de fonction, falsification de documents et de comptabilité, etc. Un bel escroc quoi.

Sans son financier, Portsmouth plonge. Le fisc anglais, intraitable, réclame des taxes impayées et le club est sanctionné de 10 points en février. C’est le coup de grâce pour une équipe qui, sur le terrain, s’est battue courageusement jusqu’au bout sans pouvoir éviter la relégation en League One, officialisée le 21 avril, après une défaite 1-2 à Fratton Park face à Derby County. La plupart des joueurs actuels, qui ont eu à subir des retards de salaire, vont partir et rien ne dit encore que le club va disposer des finances nécessaires pour s’aligner en League One la saison prochaine. Fans et industriels locaux réfléchiraient actuellement aux conditions d’un sauvetage. Affaire à suivre.

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