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Le Duc dépouille

Par Mathieu Faure
6 minutes
Le Duc dépouille

Joueur le plus utilisé par Thomas Tuchel depuis le début de saison, Adrien Rabiot surfe sur une vague indécise. D’un côté, son entraîneur a fait de lui son homme de base, voire un capitaine. De l’autre, le joueur formé au club est en fin de contrat en juin prochain et n’a toujours pas prolongé au PSG.

Adrien Rabiot est de toutes les sorties de Thomas Tuchel depuis que le longiligne Allemand a pris le micro du PSG. 10 matchs, 10 titularisations (876 minutes de jeu) et plutôt dans le coup à chaque sortie si on excepte le déplacement à Rennes où le numéro 25 semblait tirer la langue (Liverpool étant un cas à part, toute l’équipe étant passée au travers à Anfield). C’est un fait, Thomas Tuchel est un fan de son gaucher de 23 ans. L’ancien coach de Dortmund l’assume assez facilement en public d’ailleurs. « J’aime beaucoup Adrien. Vraiment, je l’apprécie, confiait Tuchel sur la chaîne RMC Sport mi-septembre. (…)Il a montré une incroyable volonté, dès le premier jour à l’entraînement. Il n’a raté aucun entraînement, aucun module. On peut vraiment lui faire confiance. Il est bon physiquement. Actuellement, il est indispensable à notre dispositif. Il a un énorme potentiel. J’adore travailler avec lui et je n’ai pas d’influence sur le reste. » Le reste ? Oui, le reste. Car Adrien Rabiot est sous contrat jusqu’en juin 2019. Autrement dit à partir du 1er janvier, si le natif de Saint-Maurice n’a pas prolongé son bail avec le PSG, il pourra s’engager librement avec le club de son choix. Une aubaine quand on sait que le gaucher est estimé à 50 millions d’euros sur le marché des transferts. Comment un garçon qui a joué près de 220 matchs avec le PSG, titulaire indiscutable, formé au club, peut-il se retrouver dans une telle situation contractuelle ?

Rabiot garde le silence

C’est en tout cas la question que se posent les dirigeants parisiens qui cherchent à prolonger le bail de leur poulain depuis maintenant deux ans… Plus le temps passe, plus le clan Rabiot est en position de force. Seul souci, personne ne sait réellement ce que désire le garçon que l’on sait très attaché à son club formateur, mais également à son nouveau coach. C’est simple, Adrien Rabiot ne prend jamais la parole pour évoquer son avenir, dans un sens ou dans l’autre. Même quand le parcage visiteur de Nîmes le supplie de prolonger l’aventure, Rabiot ne ferme aucune porte. Mais n’en ouvre aucune également. On le dit en contact avec Barcelone, Manchester City, la Juventus ou Liverpool. C’est possible. On prétend que la relation entre Antero Henrique, le directeur sportif du club, et Rabiot est glaciale à souhait. C’est envisageable, mais le PSG fait tout pour tordre le cou à cette rumeur comme le montrent les séances câlines entre Rabiot et le Portugais lors du quart d’heure d’entraînement ouvert à la presse.

Dans un monde où tout n’est que communication, difficile de prendre ces caresses pour une vraie marque d’amour sans envisager l’entourloupe. Ce qui est certain, c’est que le président Nasser Al-Khelaïfi a fermé les portes à un départ l’été dernier alors qu’il s’agissait de la dernière fenêtre de tir pour récupérer de l’argent en cas de vente. En janvier, le PSG ne sera plus maître de l’avenir de son milieu. Il reste donc trois mois au club de la capitale pour trouver un terrain d’entente avec son joueur. Lors de la première prolongation du milieu de terrain, à l’automne 2014, les négociations avaient déjà pris du temps, à la différence que le club l’avait écarté de l’équipe première jusqu’à la signature d’un nouveau bail. Ce n’est plus le cas, puisque Rabiot joue tout le temps. Contractuellement et sportivement, le joueur est maître de son destin. Et il le sait.

« Je l’aime beaucoup, mais je ne suis pas sûr que son profil soit celui d’un numéro six »

Ubuesque quand on se souvient qu’en mai dernier, il s’était attiré les foudres du grand public en refusant son statut de réserviste au sein du groupe France. Sa réaction – entière pour certains, immature pour d’autres – avait placé son club dans l’embarras. Soutenir son poulain pour ne pas le vexer dans une période de négociations au risque de se mettre le grand public à dos ou rester en retrait et laisser Rabiot assumer seul son geste ? Le PSG n’a pas tranché et s’est fendu d’un communiqué qui allait dans les deux sens. Selon certains échos de la presse, Adrien Rabiot ne s’est pas senti assez soutenu par son club lors de cette difficile période. Pour le moment, il est en marge du groupe France où Tanguy Ndombele devrait prendre la place laissée vacante par Corentin Tolisso. Reste donc le PSG. Là où il a tout connu, comme sa prétendue envie de ne pas évoluer en numéro 6.

Thomas Tuchel, sans que l’on sache s’il en est à l’initiative ou la victime collatérale, ne fait plus jouer Rabiot à ce poste en tout cas. Quand l’équipe ne joue pas avec deux numéros 8, c’est Marquinhos qui est sacrifié au poste de sentinelle. Après tout, Thomas Tuchel ne s’était pas caché à propos de Rabiot avant le match à Liverpool. Notamment concernant sa position préférentielle sur le pré : « Adrien est un joueur très curieux, il a l’esprit tourné vers l’offensive et aime prendre des risques. Je l’aime beaucoup, mais je ne suis pas sûr que son profil soit celui d’un numéro six. Cela ne concerne pas son talent : il pourrait le faire, sans aucun doute, mais il ne suffit pas d’avoir les capacités physiques ou techniques d’un numéro six, il faut aussi penser comme un numéro six. Il apprend, il sait que je lui fais complètement confiance. » Thomas Tuchel est sans doute le meilleur atout du PSG – sans oublier le facteur financier, appelons un chat, un chat – dans ce dossier. Depuis le début, l’Allemand ne cesse de dresser des louanges à son joueur. Mi-août, il avait d’ailleurs demandé à son gaucher de faire un choix : « Je veux qu’il reste, mais c’est la décision d’Adrien. Il sait, je l’espère, que j’aime travailler avec lui. Je pense qu’il a beaucoup de potentiel pour s’améliorer et devenir un joueur de top niveau. Il doit confirmer qu’il veut être au PSG. Pour moi, c’est très important d’avoir des joueurs qui sont nés à Paris et qui arrivent du centre de formation, mais la situation est telle qu’elle est. Adrien doit prendre une décision. Il doit confirmer qu’il veut jouer au club, dans son club. » Voilà donc deux mois que le PSG est suspendu à ses lèvres. Depuis, le tube d’Alliage résonne dans les têtes des décideurs parisiens : « Et c’est le temps qui court, court… »

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