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La « Jardelisation » de Cristiano Ronaldo

Par William Pereira
6 minutes
La «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Jardelisation<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>» de Cristiano Ronaldo

Mario Jardel, Cristiano Ronaldo. Il y a une dizaine d'années, tout les séparait. Pourtant, le Portugais a apporté quelques réglages à son jeu, au point de présenter de nombreuses similitudes avec le « cabeceador » brésilien, à commencer par le jeu de tête et l'amour pour la surface de réparation. Retour sur la plus incroyable des évolutions depuis l'invention des Pokemons.

La vidéo a fait le tour du monde en quelques minutes. On y voit Cristiano Ronaldo mettre à l’amende le pauvre Borges, humilié par l’enchaînement virgule/petit pont du Portugais. L’image est presque devenue rare de la part du triple Ballon d’or, tant il a changé de registre au fil des années. Plutôt buteur que dribbleur, CR7 a épuré son jeu au fil des saisons pour devenir l’antithèse même de ce qu’il était en débarquant chez les pros du Sporting, à savoir un type qui vivait pour aligner les petits ponts et les passements de jambe en tout genre. Des grigris que le poétique László Bölöni aime comparer « aux épines d’une rose. Mon travail d’entraîneur, c’était d’en retirer le maximum, mais aussi d’en garder les meilleures. Car une belle rose doit aussi avoir des épines. » Le problème, c’est qu’elles se sont envolées avec le temps, et avec elles tout le romantisme du jeu de Cristiano Ronaldo, dont le geste préféré est devenu la frappe, et l’arme la plus redoutable sa détente de perchiste. Il plante des deux pieds et de la tête, soit, mais le frisson n’est plus là. Les buts d’anthologie se font plus rares. Aujourd’hui, CR7 marque des buts en veux-tu en voilà, mais la plupart d’entre eux sont pourris et prémâchés par ses coéquipiers. « Il a peut-être perdu un peu cette folie de gosse qu’il avait à 18 ans, mais c’est normal » , analyse son ancien coéquipier David Bellion. Pire, ses dernières sorties ont montré un Ronaldo pratiquement abandonné par son coup de rein et difficilement capable d’éliminer en un contre un, lui qui jadis était imbattable à ce jeu. À croire que le Portugais est victime d’une malédiction le transformant lentement mais sûrement en Mario Jardel, sans la drogue et le gros bide. Mais comment et pourquoi en est-il arrivé là ?

« En dehors de la surface, Jardel était un joueur de DH »

Évidemment, la comparaison est relative, mais la théorie est belle. Il y a dix mondes d’écart entre les deux anciens pensionnaires du Sporting. Et si Bölöni le pouvait, il punirait quiconque oserait aligner les deux noms dans la même phrase, bien qu’il ait accepté de comparer ses deux anciens attaquants. « Jardel était statique, il se servait de sa force et sa détente pour faire la différence dans la surface. Ronaldo, même s’il joue en pointe, est un joueur d’espaces. Il a besoin de liberté et court beaucoup. En dehors des 16m50, Jardel, c’était un joueur de DH qui ne savait ni contrôler le ballon, ni courir. Si tu l’avais mis sur une piste d’athlétisme à côté du Ronaldo d’aujourd’hui, tu aurais pu croire que c’était un handicapé. » Pan !

Bref, comparer Jardel à CR7 ne mène à rien. N’empêche que le bambin n’est plus la danseuse qui retournait des défenses entières avec des gestes aussi farfelus qu’efficaces. « Avant, il jouait avec un côté un peu enfantin qui lui donnait envie de faire chavirer les foules. La dernière passe et le dernier geste l’intéressaient peut-être un peu moins » , explique Bellion. Jusqu’au jour où René Meulensteen, alors adjoint de Ferguson, le prend à part et fait le point avec lui quelque part entre 2007 et 2008. « Tu dois penser à l’équipe et marquer plus de buts si tu veux vraiment être le meilleur. » S’ensuivent une prise de conscience et la maturité. C’est là le point crucial de l’évolution de Ronaldo.

« Cristiano n’a jamais été un ailier pur »

Si personne ne pouvait prévoir que le natif de Funchal se muerait en « joueur NBA » (pas même Bölöni : « Je serais malhonnête si je vous disais que je savais qu’il ferait des saisons à 60 buts » ), l’entraîneur roumain refuse néanmoins de dire que le CR7 contemporain est fondamentalement différent de celui qu’il a connu. « Quand j’entends dire que c’est un ancien ailier pur qui s’est transformé en buteur, je ne suis pas d’accord. Il n’a jamais été un ailier pur. Quand je suis allé le chercher chez les juniors du Sporting, Ronaldo était un numéro 9, un buteur. J’ai décidé de le mettre sur le côté parce qu’il était trop frêle pour jouer entre deux stoppeurs assassins pendant 60-70 minutes. »

La vérité, c’est que Cristiano Ronaldo savait déjà tout faire étant gamin. Comme l’explique René Meulensteen, ancien adjoint de Ferguson : « Le talent, il l’avait. Il fallait juste rentabiliser ses qualités » . Autrement dit, lui expliquer qu’il devait se servir de tous ses attributs pour progresser. L’exemple du jeu de tête est à ce titre édifiant. Si David Bellion se dit aujourd’hui surpris de voir quel joueur de tête son ancien pote est devenu, c’est que ce dernier n’avait donné aucun indice sur ses qualités aériennes à MU. « Il était tellement bon des pieds qu’il préférait que tu lui mettes une mine claquée à ras de terre plutôt qu’un ballon aérien. À cause de ses qualités techniques, peut-être qu’il refusait inconsciemment le duel aérien » , s’interroge presque l’ancien Bordelais. Intrinsèquement, le « wonderkid » était pourtant déjà un bon joueur de tête, grâce à « une explosivité et une détente incroyables » , dixit Bölöni, mais aussi… à Mario Jardel. « À la fin des entraînements, on faisait un jeu qui consistait à marquer le maximum de buts de la tête sur un centre ou un corner en cinq tentatives. Jardel gagnait tout le temps, il faisait du 5/5. Le deuxième, c’était Niculae. Quand Cristiano est parti, c’était le troisième meilleur de l’équipe dans ce secteur alors qu’il n’avait que 18 ans » , se souvient le Roumain.

Le choix de CR7

Moralité, Cristiano Ronaldo adopte le style de jeu qui convient le mieux à ses envies. Quand il était jeune, il voulait se la péter, gagner le respect et draguer des midinettes anglaises, d’où le côté flambeur. C’est peu ou prou ce que pense Bölöni : « Quand il avait 18, 19 ans, son objectif était de devenir titulaire dans une grande équipe. Dans sa tête, il se disait qu’il avait plus de chances de se faire remarquer en dribblant des défenseurs. Aujourd’hui, il veut être le meilleur. » Le Portugais a fait le choix de la « jardelisation » , car c’était d’après lui le meilleur moyen de glaner des titres collectifs et individuels. Mais pourquoi le but et pas la passe ? Pourquoi délaisser totalement la fantaisie ? À en croire l’ancien René Meulensteen, le triple Ballon d’or a pourtant « un niveau de créativité égal à celui de Ronaldinho » . La réponse, David Bellion la détient peut-être. « Quand il est au top de ses capacités, Ronaldo sait qu’il aura beau faire tout le temps la même chose, il passera toujours devant son défenseur, car il est trop fort et trop rapide pour lui » . Si le chemin le plus court se trouve dans l’appel au premier poteau suivi d’une tête gagnante ou dans le crochet suivi d’une frappe à ras de terre, pourquoi s’emmerder à faire des gestes d’otaries ? Ces gestes qui l’ont fait connaître ne lui sont aujourd’hui plus utiles, il les a donc rangés. Cela ne veut pas dire que CR7 est devenu une pipe balle au pied, juste qu’il a trouvé un domaine dans lequel il est meilleur et s’est focalisé dessus. Car au fond, le Madeirense a les qualités pour jouer au milieu, en position d’arrière latéral… et même aux buts. « À l’entraînement, Cristiano aimait aussi aller dans les buts et il sortait des ballons que certains gardiens auraient du mal à attraper. Seulement, je ne pouvais pas me permettre de l’aligner aux cages » , s’excuse László Bölöni. Dommage. Avec un peu de chance, CR7 aurait succédé à Yachine comme gardien lauréat du Ballon d’or et marqué plus de coups francs que Chilavert. Oui, une bien belle théorie.

Dans cet article :
Pardon d’avoir douté, Rayan Cherki
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Par William Pereira

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