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Japon-France : la course aux miracles des Bleus
Après son succès inespéré contre l'Afrique du Sud, l'équipe de France se présente face au pays hôte, le Japon, ce mercredi à 13h30 (heure française) pour décrocher une place en quarts de finale de ces Jeux olympiques. Si le contexte, l'effectif bricolé, et le contenu des deux premières rencontres n'incitent pas à l'optimisme pour des Bleus pas vraiment favoris, la bande emmenée par André-Pierre Gignac doit trouver les ressources pour s'accrocher à son rêve de médaille.
Dans l’Hexagone, ce mercredi ne sera pas différent de tous les autres. Sur les coups de 13h30, au moment du coup d’envoi d’un France-Japon pourtant crucial pour la suite de l’aventure olympique, les terrasses ne seront pas bondées, les open spaces ne vont pas s’arrêter de travailler, et l’immense majorité des juillettistes ne vont pas retarder leur après-midi farniente pour se poser devant la dernière rencontre de poule de la bande de Sylvain Ripoll. En s’imposant au bout d’un scénario inespéré contre l’Afrique du Sud (4-3) dimanche, Dédé Gignac and co ont gagné le droit de boucler leur phase de groupes en affrontant le pays hôte dans un match qui compte, ce que personne n’avait vraiment envisagé quand les Bleus étaient menés 3-2 à la 85e minute face aux Bafana Bafana. « On se croyait dans l’avion, avait assumé Gignac après son triplé. Mais il y a un sursaut d’orgueil, un peu d’ego aussi, et on l’emporte. Quand on est si près de prendre l’avion, il ne faut pas calculer, il faut tout donner. C’est une victoire qui fait du bien et qui nous ressoude. » Un succès qui permet d’entretenir la flamme et le rêve, encore très lointain, d’une médaille olympique.
Sortez la calculette
À Yokohama, à une vingtaine de kilomètres au sud de Tokyo, les Français vont découvrir ce mercredi un troisième stade et se frotter à un Japon plus redoutable que prévu avec une seule idée en tête : décrocher un ticket pour les quarts de finale. Pour cela, Ripoll a sans doute sorti la calculette pour comprendre qu’une deuxième victoire ne pourrait même pas suffire à la France pour sortir de cette poule A, le sort des Bleus dépendant aussi grandement du résultat du Mexique contre une Afrique du Sud déjà éliminée. Concrètement, Florian Thauvin et ses copains ont trois options : l’emporter par deux buts d’écart face aux Nippons en cas de succès mexicain (une histoire de différence de buts particulière) ; gagner sans avoir à se casser la tête si les Sud-Africains accrochent un point contre El Tri ; se contenter d’un nul en parallèle d’une défaite inimaginable des partenaires de Diego Lainez. « Bien évidemment qu’on axe notre parcours sur une victoire contre le Japon », posait Ripoll à la veille de la rencontre décisive. Le visage fermé et abattu du technicien de 49 ans après le pion de Teboho Mokoena dimanche a disparu pour laisser place aux messages d’espoir.
La chasse aux éléments positifs
La mission s’annonce pourtant très compliquée face au Japon de Takefusa Kubo et Ritsu Doan, vainqueur de ses deux premières rencontres dans le tournoi contre l’Afrique du Sud (1-0) et face à un Mexique réduit à dix (2-1), mais pas encore qualifié pour les quarts. Reste que l’équipe de France doit d’abord se concentrer sur ses limites et ses lacunes, notamment défensives, trop visibles lors de deux premières sorties très pauvres dans le contenu. Il n’était pourtant plus question de travailler les automatismes ou d’effectuer quelques réglages ces derniers jours au centre d’entraînement français, la faute à un manque de temps provoqué par le rythme soutenu de la compétition. « Il n’y a pas de vraie mise en place, et quand tu joues trois matchs en sept jours, il s’agit surtout de réaccumuler du jus, expliquait Ripoll ce mardi. On a beaucoup utilisé la vidéo pour revenir à une compacité du bloc équipe. On laissait trop d’espaces contre l’Afrique du Sud, les premiers écrans n’étaient pas assez précis et quand l’adversaire attaque, on se sent fragiles. » En échec avec un groupe Espoir séduisant au dernier Euro, l’ancien coach de Lorient a cette fois beaucoup moins de marge pour poser un onze cohérent sur le papier, son effectif résultant plus d’un grand bricolage subi qu’à une réflexion sportive maîtrisée.
Les éléments ne seront pas toujours en faveur des Bleus, comme dimanche dernier quand Paul Bernardoni a été sauvé deux fois par ses montants avant d’assister au renversement improbable, et André-Pierre Gignac, impliqué sur les cinq pions tricolores du tournoi, ne pourra pas toujours porter une équipe brinquebalante sur les épaules. Si Ripoll devrait encore légèrement remanier sa formation au coup d’envoi, sa défense perméable (sept buts encaissés) ne va pas se transformer en rideau de fer en un claquement de doigts, et certains cadres décevants (Tousart, Thauvin) sont attendus au tournant. « Quand tu reviens trois fois au score, que tu trouves l’orgueil pour ne pas lâcher contre l’Afrique du Sud, c’est aussi un élément important et un enseignement positif, a choisi de relativiser Ripoll. On voit toujours plus le côté rationnel, mais le foot, ce sont aussi des moments comme ça où tout part dans ce qui n’est pas convenu. Cela offre des scénarios fédérateurs quand ils sont en notre faveur. Pour passer, il faudra garder ce qu’on a fait de bien, et être beaucoup plus solide. » Et sans doute compter sur un nouveau coup de pouce du destin.
Par Clément Gavard