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40 ans, toujours dispo
Ashley Young, Luka Modrić, Olivier Giroud ou Edin Džeko n’ont pas eu de mal à trouver un nouveau club cet été, malgré leur âge avancé. Si l’intensité continue de grimper dans le football européen, les vétérans ne jettent pas l’éponge. Ils prouvent surtout que lorsque la tête suit, le corps avance tout seul.

Le 9 juillet dernier, Ashley Young soufflait sa 40e bougie et n’a pas profité de ce cap fatidique pour prendre une retraite bien méritée. Lancé dans le monde professionnel en 2003, le latéral anglais vient de signer un contrat d’un an à Ipswich Town et on ne doute pas qu’il pourrait poursuivre l’aventure en Championship, si affinités. Durant la saison qui se profile, James Milner devrait récupérer le flambeau du joueur de champ le plus âgé de Premier League (39 ans, 6 mois et 29 jours lors du prochain match de Brighton), loin derrière Dante (41 ans, 9 mois et 29 jours quand Nice affrontera Toulouse à la première journée de Ligue 1).
Un esprit sain dans un corps sain
Aux quatre coins du monde, les exemples continuent d’être légion, des préretraités Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, qui continuent de performer à 40 et 38 ans, aux vétérans en quête de nouveaux défis comme Luka Modrić (40 ans en septembre), Olivier Giroud (39 ans en septembre) ou Edin Džeko (39 ans). « C’est vraiment une tendance très forte. J’ai deux exemples très frappants qui me viennent en tête : Thiago Silva et Sergio Ramos. Les deux ont fait la Coupe du monde des clubs et tu vois que leur niveau est encore fort acceptable. Ce sont des mecs qui se sont entretenus toute leur vie, ils ont toujours fait attention à tout », analyse Fabien Richard, préparateur physique personnel.
Selon lui, ce n’est pas illogique de voir les exemples s’accumuler dans un jeu toujours plus intensif car « les techniques de récupération se sont améliorées et les joueurs ont tous des staffs autour d’eux, que ce soit médical, physique, psychologique, nutritionniste ». La tactique énergivore de l’Inter Milan n’a d’ailleurs pas empêché Yann Sommer, Francesco Acerbi ou Henrikh Mkhitaryan de se hisser en finale de Ligue des champions.
Un aspect très important est d’avoir toujours faim. Au-delà du physique, c’est la tête qui compte.
Alors que les jeunes poussent, Ashley Young continue d’enchaîner les allers-retours dans son couloir, tout comme Christian Stuani (39 ans en octobre) n’arrête pas de trouver le chemin de filets avec Gérone. Fabien Richard estime que la cure de jouvence a plusieurs ingrédients primordiaux : « Il faut être cohérent dans ce que l’on propose, il ne faut pas être en surcharge par rapport au club, on travaille pour améliorer leurs points forts. » Mais le corps peut-il vraiment suivre quand un jeune attaquant supersonique part à toute vitesse dans le dos de Nicolas Pallois ou Yunis Abdelhamid (38 ans en septembre tous les deux) ? « Un aspect très important est d’avoir toujours faim. Au-delà du physique, c’est la tête qui compte. Ce qui limitait la fin de carrière des joueurs que j’ai accompagnés, c’est l’envie. Même si on est tous d’accord pour dire que le corps décroît, le fait d’avoir envie de continuer de travailler, de s’entraîner, permet de continuer pour plusieurs années », admet le préparateur physique, qui ne prêche donc pas pour sa paroisse.
La peur de la petite mort
En accompagnant Hatem Ben Arfa, Clément Grenier ou Morgan Schneiderlin, Fabien Richard a pu se rendre compte que les phénomènes de précocité peuvent avoir tendance à se brûler les ailes bien plus vite. « Je pense que les joueurs qui commencent très jeunes vont plutôt s’arrêter jeunes. Je prends souvent l’exemple de (Mathieu) Valbuena. S’il joue encore aujourd’hui, c’est parce qu’il a commencé tard dans le milieu professionnel », explique-t-il, laissant donc penser que la génération de Kylian Mbappé et Lamine Yamal ne sera plus sur les terrains au moment de fêter les 40 printemps. De la même façon, si Fabien Richard a vu Bafétimbi Gomis pousser jusqu’à 39 ans, c’est parce qu’il note que ce dernier « a découvert le travail à 26 ans, avant il n’avait pas la condition, c’est ce qui l’a sauvé, sinon il aurait terminé à 33 ans ». Selon lui, tous les aspects extrasportifs jouent dans cette longévité et une carrière marquée par les galères peut être rapidement écourtée.
Riyad Mahrez a envie de jouer jusqu’à 40 ans, il veut aller le plus loin possible parce qu’il adore le football, il me dit qu’il ne se voit pas arrêter.
Du Barça à la Lazio, en passant par Chelsea et l’AS Roma, on peut d’ailleurs dire que Pedro a suivi une trajectoire rectiligne, ce qui lui permet d’être toujours performant en Serie A. Alors que Marco Baroni, coach des Ciel et Blanc la saison dernière, voulait le voir « jouer encore quatre ans », l’Espagnol qui fêtera ses 38 ans le 28 juillet a, pour l’heure, prolongé l’aventure d’une seule saison. À 34 ans, Riyad Mahrez a, lui, connu des passages plus tumultueux, avec une arrivée tardive dans le monde professionnel avant d’atteindre les sommets européens, puis de s’exiler rapidement en Premier League, mais Fabien Richard assure que l’Algérien « a envie de jouer jusqu’à 40 ans, il veut aller le plus loin possible parce qu’il adore le football, il me dit qu’il ne se voit pas arrêter ».
Peut-être a-t-il tout simplement peur de passer de l’autre côté, celui des retraités. La petite mort est redoutée dans tous les milieux, mais plus particulièrement dans celui du sport professionnel où les concernés sont loin des 64 ans. « Les anciens joueurs avertissent les jeunes sur la difficulté de la retraite, témoigne Fabien Richard. Mes joueurs arrêtent au moment où ils se sentent prêts à faire autre chose. Demba Ba est devenu un président de club fantastique, Mathieu Bodmer est tout de suite devenu directeur sportif, Yohan Cabaye est directeur du centre de formation du PSG, ils avaient un projet. » Sinon, il faudra passer des diplômes d’entraîneur pour revenir au plus vite sur le terrain.
Prêté à Lille la saison passée, Chuba Akpom rebondit à IpswichPar Enzo Leanni
Tous propos recueillis par EL, sauf mention.