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Mondial 2030 : l'hypocrisie n'a pas de frontière

Par Nicolas Kssis-Martov

Il va devenir difficile de critiquer la FIFA tant cette dernière excelle à pondre à chaque fois une idée pire que les craintes de ses plus acharnés contempteurs. Cette fois, une Coupe du monde sur trois continents, sacrifiant aussi bien le climat que la signification culturelle et sociale de l’événement.

Mondial 2030 : l'hypocrisie n'a pas de frontière

Où va s’arrêter la FIFA version Gianni Infantino ? Après le Mondial au Qatar, puis une Coupe du monde des clubs, des calendriers délirants et surchargés que les joueurs dénoncent, le passage à 48 équipes en phase finale, sans oublier l’édition 2026 sur tout le continent nord-américain ? Apparemment, il ne s’agissait que de petites foulées d’échauffement. Dans un communiqué rendu public le 4 octobre, la multinationale du ballon rond se réjouit d’un accord entre l’UEFA, la CAF et la CONMEBOL. Dans ce cadre, le Mondial 2030, baptisé « du Centenaire », concernera six pays dont trois en Amérique du sud (Argentine, Uruguay et Paraguay, qui disputeront chacun leur premier match à domicile). Le gros des rencontres (101 matchs) sera coorganisé par l’attelage méditerranéen Espagne-Portugal-Maroc (qui décroche enfin des miettes de cette tant désirée timbale). Ce format rappelle naturellement l’Euro « soixantième anniversaire » qui, malgré le Covid, s’égraina dans onze villes sur le Vieux Continent, pour ne décevoir ni contenter personne.

Cette fois, le cap planétaire est franchi, sans honte ni sens du ridicule, le tout avec un mépris à peine dissimulé des considérations écologiques. « Dans un monde divisé, la FIFA et le football s’unissent. Le conseil de la FIFA, représentant l’ensemble du monde du football, a décidé à l’unanimité de célébrer de la manière la plus appropriée le centenaire de la Coupe du monde de la FIFA, dont la première édition s’est déroulée en Uruguay en 1930 », s’est de la sorte autocongratulé Gianni Infantino. L’instance du foot et ses notables encravatés ont donc aussi décidé de piétiner encore davantage ce qui rendait normalement cette compétition exceptionnelle pour le pays hôte, en la transformant en une tournée promotionnelle des têtes de gondole du foot professionnel international, accompagnée de la caravane publicitaire des sponsors.

L’histoire qui cache l’infamie

Certes, il reste à valider définitivement le projet, mais de fait, devant l’unanimité de tous les acteurs concernés, on se doute qu’il ne s’agira que d’une formalité. Sur le papier, la fédération internationale présente cette folie comme une merveille drapée de l’alibi historique du retour aux sources. Le fond de l’affaire est bien plus pragmatique et surtout financier. Par ce tour de passe-passe, les deux candidatures (à chaque fois une collaboration de plusieurs pays) en lice sont réunies, et globalement tout le monde (sauf le Chili expulsé du quatuor sud-américain) y trouve son compte. Il n’est pas inutile de souligner qu’il s’avère dorénavant de plus en plus difficile pour un seul État – en dehors des puissances comme le Qatar et la Russie – d’assumer seul le coût d’un grand événement sportif.

Les belles phrases autour des 100 ans, certifiés par une « cérémonie du centenaire au stade où tout a commencé », à Montevideo, constituent un beau storytelling pour maquiller l’infamie. Au passage, pour véritablement honorer la mémoire des pionniers, que les équipes européennes s’y rendent en bateau, formule plutôt écoresponsable finalement… Infantino y voit aussi le signe que le football réunit mieux que quiconque toute la planète, par-delà les clivages et tensions. Une hypocrisie humaniste déjà entonnée au Qatar au mépris des droits humains des travailleurs, des femmes et des LGBT. L’alliance méditerranéenne, alors que la mer ancestrale est devenue un cimetière pour migrants, prendra sûrement tout son sens quand les supporters marocains demanderont leur visa ou passeront par Ceuta ou Melilla pour aller voir un match.

Scandale on tour

Surtout, alors que déjà l’édition 2026 entre États-Unis, Mexique et Canada s’avère fortement critiquée sur le versant écologique, la configuration pour 2030 constitue clairement une insulte face à l’urgence climatique. Le foot ne peut sauver la planète à lui seul, au moins peut-il arrêter de creuser notre tombe collective. « La FIFA prend le chemin d’une compétition plus éclatée que jamais, alors qu’elle avait l’occasion de dessiner pour 2030, année décisive pour le climat, ce qui aurait pu être une révolution écologique dans le format des événements internationaux », explique dans les colonnes de L’Équipe Jérémie Suissa, le délégué général de Notre affaire à tous.

Cela dit, les premiers qualifiés sont déjà connus : l’Uruguay, le Paraguay, l’Argentine, l’Espagne, le Maroc et le Portugal. De quoi réduire encore la glorieuse incertitude du sport après le passage à 48 qualifiés. Que reste-t-il de la signification sportive, sociale et culturelle d’une Coupe du monde de football ? Fondée en 1930 pour concurrencer les JO, l’épreuve a fini par battre la mesure tous les quatre ans du football. Désormais un pays, avec son rapport singulier au ballon rond, ne reçoit plus le Mondial, mais devient une étape d’un cirque ambulant. Le passage à un rythme tous les deux ans, tant souhaité par Infantino, paraît la suite logique et inévitable. Pour clôturer la séquence, la FIFA a en outre promis que 2034 partirait en Asie ou en Océanie. L’Arabie saoudite est immédiatement positionnée en favori. Dans dix ans, avec le réchauffement climatique, les équipes seront bien préparées à affronter les fortes chaleurs du désert… au pied des pistes de ski sous cloches climatisées.

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Par Nicolas Kssis-Martov

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Federico Valverde of Uruguay on the attack during the 2022 FIFA World Cup match between Ghana and Uruguay held at Al Janoub Stadium in Al Wakrah, Qatar on 2 December 2022 © Alain Guy Suffo/Sports Inc - Photo by Icon sport   - Photo by Icon Sport
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