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Du Gabon à Montaigu : la guigne, la guigne

Par Marius Le Moual

La fédération gabonaise de football a annoncé le jeudi 30 mars l’annulation de sa participation au tournoi de Montaigu en Vendée, qui a commencé le dimanche 2 avril. La faute au refus dans un premier temps du consulat de France de délivrer les visas permettant aux jeunes Panthères de se rendre en France.

Du Gabon à Montaigu : la guigne, la guigne

Il y a plus de 5000 kilomètres entre Libreville, capitale du Gabon, et Montaigu. Une distance importante, certes, mais que l’époque mais aussi les organisateurs, les administrations et les fédérations ont choisi de truffer d’innombrables barrières. Fin 2019, le Gabon est invité à participer à l’édition 2020 du célèbre tournoi minime vendéen, qui a par le passé accueilli Cristiano Ronaldo, Andrea Pirlo ou Carlos Tévez. La pandémie du Covid ajournera finalement cette opportunité de disputer le « Mondial », qui devait donc se représenter cette année. Le contexte sanitaire étant cette fois-ci favorable à la tenue de la compétition, c’est une décision administrative qui fera tout basculer du jour au lendemain.

Volte-face et non-retour

Organisé chaque année depuis 1973, le tournoi de Montaigu rassemble clubs et nations du monde entier, représentés par des jeunes footballeurs (et footballeuses depuis 2019) de moins de 16 ans. Sollicité en décembre dernier pour participer au grand raout du foot de jeunes, le Gabon voit en la 49e édition de ce tournoi une occasion de mettre en avant sa génération minime. Les documents des conditions de participation reçus fin 2022 sont signés par Yoland Mavouroulou, secrétaire général de la fédération gabonaise (FÉGAFOOT) et renvoyés une semaine plus tard. Faisant partie de la liste des équipes retenues par le comité d’organisation, le Gabon tombe dans le groupe C avec la Tchéquie, le Portugal et le Japon. Moment où la Fédération lance alors sa sélection en supervisant pendant moins d’un mois près de 500 jeunes répartis dans tout le pays pour n’en retenir que 23. Ceux-là pensent alors embarquer dans une aventure qui pourrait in fine leur ouvrir les portes du football professionnel. Un rêve de gosse, quoi.

Je me disais que seules deux ou trois demandes avaient été refusées, mais à ma plus grande surprise, elles l’ont toutes été.

Sadrick Essono (FÉGAFOOT)

L’organisation du voyage se met en place, avec notamment les dossiers de demande de visas à transmettre au consulat de France, autorisant à se rendre sur le territoire. Ces dossiers sont remplis « plusieurs semaines » avant le départ pour la France selon la FÉGAFOOT, et un complément d’information sur quelques dossiers est demandé le 28 mars 2023. Tout est alors bouleversé lorsque la Fédération publie un communiqué annonçant l’annulation de sa participation au tournoi de Montaigu. Le consulat de France à Libreville n’aurait délivré aucun visa, puisque n’ayant aucune garantie sur la « volonté des membres de cette même délégation de quitter l’espace européen après l’expiration du visa », si l’on s’en tient au communiqué. « Nous devions récupérer les passeports le 29 mars à 14h. Je récupère les enveloppes contenant les passeports et je vois qu’il y a un document de refus dans chacune d’elles, raconte Sadrick Essono, directeur de la Protection de l’enfance auprès de la FÉGAFOOT et chargé de l’organisation de ce voyage. Je me disais que seules deux ou trois demandes avaient été refusées, mais à ma plus grande surprise, elles l’ont toutes été. » La publication de ce communiqué a pour conséquence la multiplication d’articles de presse évoquant le sujet et de réactions pointant du doigt l’ambassade de France. Comme par magie (1), les demandes de visas sont cette fois rapidement validées, mais le mal étant fait, la Fédération ne veut plus (et ne peut plus) envoyer sa sélection à Montaigu.

« Nous devons être respectés »

La première décision de la Fédé à la suite du refus du consulat étant d’annuler les réservations des billets d’avion et de l’hôtel, la raison de cette opposition à un départ pour l’Hexagone est dans un premier temps logistique. Le chef du département communication au sein de la FÉGAFOOT, Omer Paraiso, explique cette réflexion : « Après avoir payé intégralement toutes les charges, après avoir reçu les refus, on ne pouvait pas se permettre de rester les bras croisés en espérant qu’ils nous rappellent. Nous avons donc désactivé toutes les actions relatives à ce voyage. » Sadrick Essono ajoute que, même en tentant de réserver un nouveau vol, les Panthères ne seraient pas arrivées à temps pour disputer le premier match contre la Tchéquie, prévu le dimanche 2 avril à Fontenay-le-Comte. Restée à quai, c’est donc toute la délégation gabonaise qui n’a plus que la frustration à porter dans ses bagages. Willy Ndong, chef du service des sports au quotidien L’Union et suiveur assidu des équipes nationales, s’exprime en ce sens : « Je ne trouve pas cette raison (la justification du consulat) valable. D’un côté, il y a des enfants de moins de 16 ans qui ont des autorisations parentales, de l’autre, ce sont des adultes accompagnants qui ont tous une situation au pays. Vous pensez vraiment que le médecin de l’équipe, un journaliste et le directeur du centre technique de Bikélé vont laisser leur job pour fuguer en France ? Vous pensez que des enfants de 15 ans vont s’échapper seuls en Europe ? Nous devons être respectés. » Willy Ndong se veut ensuite plus définitif : « Une chose est certaine, c’est qu’en moins de 24 heures, changer de décision veut tout simplement dire que la première décision n’était pas la bonne. »

La blessure est d’autant plus profonde pour des enfants qui se voient « brisés dans leur élan ». « Dans les pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine, beaucoup de parents fondent de l’espoir sur leurs enfants », prolonge Willy Ndong. Sadrick Essono pense d’abord à « ses » jeunes, remplacés au tournoi par une sélection vendéenne : « Certains se sont rendus à la capitale pour préparer ce voyage-là. Nous sommes en train de mettre en place un match amical avec nos voisins pour que sur le plan psychologique, les enfants ne soient pas trop affectés. » Au-delà du football, ce sont des relations entre États qui pourraient être remises en question. Toutefois, les liens diplomatiques qu’entretiennent la France et le Gabon demeurent historiquement importants, mais la fédération gabonaise s’attend à ce que ces rapports soient redéfinis. « Il y aura des entretiens consulaires », assure Willy Ndong. Histoire que les ambitions de jeunes footballeurs ne soient pas dépendantes d’un simple coup de tampon.

Dans cet article :
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Par Marius Le Moual

Tous propos recueillis par MLM.

(1) Contacté, le consulat n'a pas pu répondre à nos questions.

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