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  • Interview Pierre Issa

Pierre Issa : « Nelson Mandela et Rolland Courbis, c’était quelque chose ! »

Propos recueillis par Florian Cadu
Pierre Issa : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Nelson Mandela et Rolland Courbis, c&rsquo;était quelque chose !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Son CSC contre la France en 1998 qui a fait sa renommée, son passage mouvementé à l'Olympique de Marseille, son bide en Angleterre, ses zéros matchs avec Chelsea, les gueulantes de Rolland Courbis, ses rencontres avec Nelson Mandela... Pierre Issa, ancien défenseur de première division et aujourd'hui agent, se plonge dans la machine à souvenirs.

Douze ans que tu as raccroché les crampons… C’est passé vite ?Hyper vite ! Comme tout, hein. Quand je vois mes filles grandir…

Un réseau, ça s’étire vite et c’est important. Quand tu participes à des séminaires avec des gars comme Youri Djorkaeff ou Maxwell, tu te fais pas mal de connaissances.

Contrairement à d’autres joueurs retraités, tu n’as pas eu de contrecoup. Parce que tu es passé agent directement, c’est ça ?Oui. Lorsque j’étais en fin de carrière, j’ai aidé quelques copains dans leur transfert. Et puis, je m’étais moi-même déjà retrouvé au chômage quand je suis revenu du Liban. Ça a été l’élément déclencheur, je me suis rendu compte que les agents qui m’appelaient n’étaient pas très sérieux et que je devais me débrouiller tout seul pour que ce soit plus efficace. Donc j’ai eu envie d’aider ceux qui avaient besoin d’un club, et c’est parti comme ça…

Tu as commencé avec Patrick Blondeau, non ?Pas vraiment. Patrick, c’est un ami. Nous avons collaboré sur quelques dossiers, mais nous n’étions pas associés. Il avait sa propre structure, dont je ne faisais pas partie.

Il paraît que tu as participé à la venue de Robert Pirès à Aston Villa, en provenance de Villarreal…Ouais, j’avais effectivement donné un petit coup de main à Robert à l’époque. Nous étions assez proches, nous le sommes toujours d’ailleurs. C’était un de mes premiers gros coups, si l’on peut dire !

Quel est ton rôle, dans ce genre de situation ?De la mise en relation en faisant l’intermédiaire, surtout, et avoir un œil sur les contrats.

Les CSC de France-Afrique du Sud font partie de mon histoire, et ça ne me gêne pas.

Quels sont les points forts qui t’ont fait réussir, en tant qu’ancien joueur ?En fait, j’ai toujours su conserver de bons liens et entretenir de bonnes relations avec ceux que j’ai croisés. Avec mes partenaires et avec les gens autour du club, ça se passait toujours très bien. Un réseau, ça s’étire vite et c’est important. Quand tu participes à des séminaires avec des gars comme Youri Djorkaeff ou Maxwell, tu te fais pas mal de connaissances. C’est également une question de confiance : lorsque tu prends ton téléphone et que tu proposes un joueur, tu as difficilement le droit de te tromper.

Pendant ces douze années, tu n’as pas seulement enfilé le costume d’agent.Non : de 2013 à 2015, j’ai été directeur sportif de l’Olympiakos. Après, j’ai également passé un master de General Management sur deux ans. Il y avait Juninho, Éric Abidal ou encore Christian Karembeu…

Karembeu, que tu as pu voir sur le banc adverse un certain 12 juin 1998. Quand on revient sur ta carrière, la majorité des Français qui suivent le foot pensent à ce jour-là et à ton CSC lors de France-Afrique du Sud. Ça ne t’emmerde pas, à la longue ?Non, pas du tout ! Ça fait partie de mon histoire, donc ça ne me gêne pas. Sur ce match-là, j’ai été malheureux. Ça ne m’a pas empêché de vite passer à autre chose, de compiler une soixantaine de sélections et de disputer trois coupes d’Afrique des nations. Sans oublier un autre Mondial, et mes passages à l’Olympique de Marseille ou en Angleterre…


Marseille, justement, entre 1996 et 2001… (Il coupe) J’aurais vraiment voulu y rester plus longtemps. Si j’avais pu… Si j’étais joueur aujourd’hui, je ne serais pas rentré dans la machine où l’on change de club chaque saison. J’aurais aimé rester à l’OM toute ma carrière. Un public extraordinaire, une ville que j’apprécie, une équipe que je supportais quand j’étais petit…

Entre Parisiens et Marseillais, on ne se faisait pas la bise !

Tu aurais voulu être un Steven Gerrard ou un Francesco Totti de l’OM ?Oh la, c’est un grand mot ! Je n’ai pas le même talent que Gerrard, mais j’aurais aimé continuer là-bas même en ne faisant que quinze-vingt matchs à l’année. Dans un effectif, il y a besoin de ce type de joueurs assez polyvalents qui peuvent dépanner quand on leur demande. Ce type de joueurs qui ont l’esprit club avant tout, qui pensent collectif avant de songer à l’évolution de leur propre carrière.

Souvent, tu mentionnes les discours de Rolland Courbis comme des souvenirs mémorables. Alors, qu’est-ce que ces discours avaient de particulier ?Ah… Il faut comprendre que dans ces années-là, l’atmosphère était différente. Notamment dans les classiques, les PSG-OM. Entre Parisiens et Marseillais, on ne se faisait pas la bise ! On ne se faisait pas des checks, comme dirait Éric Di Meco. Donc le discours était très, très marseillais. Très, très engagé. Il n’en fallait pas beaucoup, vu les guerriers qu’on avait. Blondeau, Fabrizio Ravanelli, Cyril Domoraud… Mais Rolland maîtrisait totalement les mots nécessaires pour que les oppositions avec Paris deviennent d’énormes combats. Ses causeries… Quel meneur d’hommes ! Et quand il était en colère… Son accent, tout le monde l’entendait à trois kilomètres à la ronde.

Il aurait encore sa place, dans le sport actuel ? De ton point de vue, le foot a totalement changé ?Il suffit de regarder, en France, les propriétaires des clubs. La plupart représentent des sociétés ou des entreprises étrangères, et sont toujours absents. Ce sont les présidents qui sont à la tête des entités, et qui les dirigent. Le principal est d’optimiser la manne financière, de rentabiliser, de vendre des joueurs, de penser économie…

Je préférais les championnats dits « latins » au kick and rush, je prenais plus de plaisir à la relance qu’au combat essentiellement physique de 95 minutes.

Tu as terminé ton aventure à Marseille en 2001. La fracture, notamment avec les supporters, ce ne serait pas ce gros manqué contre Lille ?Ah, ce loupé… J’ai une bigoccasion, je la mets à côté. Les fans n’ont pas aimé, ils ont sifflé. Mais fracture, non. À ce moment-là, c’était compliqué sur le plan sportif pour l’OM. Changement d’entraîneur, départ de joueurs… La spirale se refermait, il fallait changer d’air et je ne me voyais pas évoluer dans une autre formation française. Du coup, j’ai opté pour l’étranger.

Et pour Chelsea, où tu n’as joué aucun match !Oui, c’était peut-être un choix précipité ! Frank Lebœuf devait partir à Monaco, mais ça ne s’est pas fait. Résultat : on était six défenseurs centraux, pour deux places. Et pas des moindres : John Terry, Marcel Desailly, Bernard Lambourde, Mario Melchiot, Lebœuf et moi. C’était l’embouteillage, et je n’ai fait que du banc. Bon, ça n’a pas duré longtemps, car je n’étais prêté que quelques mois ! Et ça m’a permis de rencontrer des internationaux, comme Gianfranco Zola ou Jimmy Floyd Hasselbaink.

Watford, ça a été un échec pour toutes les parties.

Un mot sur Watford, qui a suivi : ton gros salaire a-t-il joué en ta défaveur ?Watford, ça a été un échec pour toutes les parties. On avait des ambitions de montée, on n’a pas réussi. Et le Championship, ce n’était sûrement pas la décision idéale pour moi : je préférais les championnats dits « latins » au kick and rush, je prenais plus de plaisir à la relance qu’au combat essentiellement physique de 95 minutes. L’équipe n’a pas tourné comme il fallait, et on a tous eu des regrets en fin de saison. En revanche, je ne crois pas que mon salaire a influencé quoi que ce soit.

Mandela a été un modèle, pour moi.

Retour à la sélection : tu as la nationalité française, mais tu as dit que tu avais choisi les Bafana Bafana pour Nelson Mandela. C’était ton idole ?
En grande partie pour Mandela, oui. Pour représenter un pays dans lequel je suis né et dans lequel j’ai grandi, aussi. Mais tout le monde a suivi le combat contre l’apartheid et le changement de régime, c’est vrai que Mandela a été un modèle pour moi. Je pouvais faire partie de cette histoire en défendant les couleurs de l’Afrique du Sud, en quelque sorte. Pour un immigré vivant en France comme moi et qui suivait beaucoup l’actualité de sa nation, c’était un symbole fort. Son combat, sa sortie de prison, ses discours pacifiques, ses sacrifices… Difficile de retrouver des personnages comme ça, aussi inspirants.

Tu l’as rencontré ?Oui, à plusieurs reprises, et c’était très fort pour tout le monde. Il était par exemple là lors d’un amical contre les Bleus, et je n’étais pas le seul a être ému. Madiba, c’était quelque chose…

Propos recueillis par Florian Cadu

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