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Myziane Maolida : « Parfois, il faut se prendre un mur pour comprendre »

Propos recueillis par Victor Lengronne, à Edimbourg

Venu se relancer à Hibernian après des années délicates à Nice et au Hertha Berlin, Myziane Maolida revit en Écosse où, à 25 ans, il enchaîne les buts. L’international comorien formé à Lyon revient sur le début de sa carrière depuis un café non loin de son domicile d’Edimbourg. Et rêve toujours de Premier League.

Myziane Maolida : « Parfois, il faut se prendre un mur pour comprendre »

Tu as déjà marqué quatre buts en neuf matchs depuis ton arrivée en prêt, fin janvier, à Hibernian. Comment tu l’expliques ?

Je suis venu ici pour avoir du temps de jeu, montrer que je suis un joueur déterminé avec un bon état d’esprit, qui travaille, a faim, contrairement à ce que beaucoup de personnes peuvent penser, lire ou entendre. Et c’est ce que je suis en train de faire, il faut continuer.

C’est surprenant de te voir à Hibernian chez le 6e du championnat écossais.

Moi, ça ne me surprend pas. Dans le passé, je n’ai pas fait les choses nécessaires. J’avais l’image du jeune espoir qui, à 22, 23 ans, pourrait rejoindre des clubs de Premier League. Ça s’est passé autrement, j’ai appris de ça, ce n’est pas quelque chose que je regrette. C’est comme ça. Hibernian, c’est une très bonne opportunité pour me relancer et montrer que je peux revenir au haut niveau. Je suis en mission.

Dans le passé, je n’ai pas fait les choses nécessaires. J’avais l’image du jeune espoir qui, à 22, 23 ans, pourrait rejoindre des clubs de Premier League. Ça s’est passé autrement.

Myziane Maolida

Qu’est-ce qui t’a convaincu d’être prêté à Hibernian cet hiver ?

Je voulais trouver un club qui me désirait, où je sentais que j’allais vraiment être impliqué, et pas un projet où on me dit : « Viens, mais on verra, tu vas tourner, tu ne vas pas être important », même si la situation dans laquelle j’étais en Allemagne n’était pas évidente. Et Hibernian est le club qui a montré le plus d’intérêt. Le coach (Nick Montgomery) et le directeur sportif (Brian McDermott) m’ont convaincu. Ils m’ont dit qu’ils connaissaient mes qualités depuis longtemps, qu’ils se demandaient pourquoi j’étais dans cette situation et qu’ils savaient ce que je pouvais apporter à l’équipe. Ils voulaient juste savoir si j’étais déterminé à venir et à tout donner. Je n’ai pas du tout hésité.

Comment juges-tu le foot écossais par rapport au foot allemand ou français ?

Le niveau est bon ! C’est un football engagé avec beaucoup de combats et de duels, mais aussi des transitions. L’Allemagne, c’est basé presque uniquement sur des transitions. Ce qui m’avait choqué, c’est que tu commences un match, et même la première action peut être un but. Tactiquement, par rapport à la France, ils ne sont pas aussi prêts. Ici, je dirais que c’est plus de combats, et les espaces s’ouvrent au fur et à mesure, alors qu’en Bundesliga, parfois, tu te demandes comment il peut y avoir autant de trous, des choses qui n’arriveraient jamais en France.

Ça y est, tu comprends l’accent écossais ?

Je me suis un peu habitué. C’est vrai que des fois, c’est compliqué, ils parlent vite, et leur accent est très fort. Mais petit à petit, je comprends un peu plus.

Et les spécialités ?

Je n’en ai pas encore goûté. Je vois qu’au petit-déjeuner, ils mangent salé, des saucisses le matin.

Tu n’es pas encore devenu un vrai Écossais !

Non, pas encore, ça fait trop peu de temps que je suis là.

Jeune, les choses étaient un peu plus “faciles”. Le talent que tu as te permet de faire beaucoup de différences, mais quand t’arrives au haut niveau, ça ne suffit plus.

Myziane Maolida

Comment est l’ambiance au stade, l’Easter Road ?

Je l’aime beaucoup, les supporters sont bien, le terrain est proche des fans, c’est vraiment une belle sensation quand on marque. Je ressens cette atmosphère au Royaume-Uni. Ça me rappelle quand j’avais joué à Everton avec Lyon (le 19 octobre 2017, en phase de groupes de Ligue Europa, victoire de l’OL 1-2), je sens ce mood-là, des fans proches qui réagissent à chaque action, chaque passe vers l’avant.

Qu’est-ce que tu as ressenti après avoir marqué ton premier but avec Hibernian (le 27 janvier à Kilmarnock, 2-2) ?

Beaucoup de joie. Ça m’a fait du bien, ça faisait longtemps que je n’avais pas joué dans un beau stade. Il y avait du soulagement aussi, mais j’essaie de rester très concentré sur mes performances et de ne pas trop m’attarder sur ce que je fais de bien. J’essaie d’être plus exigeant avec moi-même pour aller encore plus loin.

Tu te considères à ton meilleur niveau ?

C’est la meilleure période de ma carrière : j’enchaîne les matchs, je ne me blesse pas, je suis performant, j’aide mon équipe, je me sens bien. J’ai repris beaucoup de confiance. Il y a eu des périodes où j’ai fait des bonnes choses, mais il manquait toujours un truc. À Nice, avec Patrick Vieira (en 2018), j’ai enchaîné les bons matchs durant une période, je me créais énormément d’occasions, mais ça ne rentrait pas. J’ai dû me remettre en question. Et ça m’a fait beaucoup de bien. Il faut tout le temps le faire. Jeune, les choses étaient un peu plus « faciles ». Le talent que tu as te permet de faire beaucoup de différences, mais quand t’arrives au haut niveau, ça ne suffit plus.

Quand tu dis que tu n’as pas fait « les choses nécessaires », tu penses à quoi ?

Je n’étais pas assez conscient de l’exigence du haut niveau. À l’OL, j’étais très pressé, je voulais jouer tout de suite. Avec le temps, j’ai compris que j’étais trop impatient. Et à Nice, j’ai voulu trop bien faire et je n’étais pas prêt. Je n’étais même pas conscient que je devais digérer ce transfert (10 millions d’euros). Tout ça fait que je n’étais pas assez sérieux, je me reposais énormément sur mes acquis. Je travaillais, mais pas assez dur pour atteindre les objectifs que j’avais en tête : jouer la Premier League, la Ligue des champions… Mon entourage et mes agents m’ont toujours rappelé à l’ordre pour me faire comprendre les choses. Parfois, il faut se prendre un mur pour les comprendre. Mes qualités n’ont pas disparu, je suis toujours le même joueur, mais en tant qu’homme, j’ai compris plus de choses. En tant que professionnel aussi, j’ai eu des échecs, des choses qui me font grandir et j’essaie de m’en servir pour être meilleur sur le terrain. Je mets tout ça en pratique aujourd’hui. Je travaille bien plus dur : je ne me contente pas de mon entraînement collectif, je peux rester 20-30 minutes à travailler la finition pendant que tout le monde a fini et rentre au vestiaire, aller à la salle. Je fais plus d’analyse vidéo aussi. Ça ne paraît rien comme ça, mais ça fait la différence.

Avant d’arriver à Hibernian, tu sortais de six mois sans jouer au Hertha Berlin, envoyé en réserve. Comment les as-tu vécus ?

C’était compliqué. Mais j’ai beaucoup relativisé et je m’en suis servi comme d’une force. Je suis parti m’entraîner et jouer avec la réserve, j’ai été sérieux. Quand tu joues dans des championnats beaucoup plus bas (Regionalliga, 4e division), tu te dois de montrer que t’es au-dessus des autres, et ça aussi, c’était un challenge pour moi, parce que si tu vas en bas et que tu ne performes pas… J’ai gardé une bonne condition physique, ce qui me permet d’enchaîner les matchs à Hibernian aujourd’hui.

L’entraîneur du Hertha Berlin, Pal Dardai, s’en est pris publiquement à toi, pointant ton manque d’investissement.

Pour moi, les critiques étaient injustifiées. Ça n’a servi à personne, que ce soit moi ou le Hertha. Mais je n’ai pas trop envie de m’attarder là-dessus. Ce qui m’importe, c’est de continuer sur ma lancée avec Hibernian.

Durant cette période délicate, tu as fait tes premiers pas avec la sélection des Comores. Comment as-tu vécu ça ?

C’était une très très belle expérience d’un point de vue humain et professionnel, la première fois que j’allais dans mon pays d’origine et la première fois en sélection. Tout était réuni pour passer des bons moments, j’en suis très content. Ils ont toujours été là pour m’inciter à rejoindre la sélection : ils me disaient que j’allais énormément leur apporter, que je pouvais servir de déclic pour plusieurs binationaux qui hésitaient. Ils ont été très patients avec moi. J’étais décidé à jouer pour eux depuis un certain moment, mais les choses n’étaient pas réunies pour que j’y aille plus tôt. Ce moment est arrivé et ça s’est fait comme ça, naturellement.

Je n’ai que 25 ans, et ma carrière est loin d’être terminée, j’ai encore beaucoup, beaucoup de choses à faire dans le foot.

Myziane Maolida

Tu as marqué dès ta première sélection (4-2 contre la République centrafricaine, le 17 novembre 2023), puis face au Ghana (1-0). Comment était l’ambiance ?

C’était incroyable ! Le décor du stade était magnifique, faut le vivre pour le décrire : tout le pays est derrière toi, c’est un volcan. C’était encore plus marquant contre le Ghana, le stade était vraiment full. Les supporters des Comores sont super chauds, j’étais surpris ! Pour moi, les Comores, c’était un peuple avec des gens assez calmes. Ce but contre le Ghana, je le place tout en haut. En club, je n’ai jamais mis un but important dans une Coupe d’Europe ou une coupe nationale. Là, c’était à domicile, contre les favoris de la poule, une des meilleures nations d’Afrique. Maintenant, on veut se qualifier pour la Coupe du monde, se qualifier et aller loin à la CAN, on veut être compétitifs. Si on peut aller chercher des titres, on ne va pas s’en priver.

Qu’est-ce que tu veux accomplir ?

Jouer les meilleures compétitions possibles dans les meilleurs clubs possibles, disputer une Coupe du monde, gagner des titres, prendre beaucoup de plaisir sur le terrain et marquer des buts. Je fais et je vais tout faire y arriver. Je n’ai que 25 ans, et ma carrière est loin d’être terminée, j’ai encore beaucoup, beaucoup de choses à faire dans le foot. Chacun a son parcours, je suis arrivé plus tôt, ma carrière a fait ça (il mime une courbe qui descend) et là, elle remonte. Je vais continuer sur cette dynamique-là.

Tu rêves de Premier League ?

Oui, c’est le championnat que j’aime le plus depuis tout petit. J’aimais beaucoup regarder Liverpool et Chelsea. Il y a énormément de gros clubs, des matchs plaisants et à enjeu. J’aimerais y jouer, j’ai les qualités pour. Après, le dire, c’est facile, mais il faut le montrer et se donner les moyens de pourquoi pas un jour atteindre cet objectif.

Il est atteignable ?

Bien sûr ! Plus jeune, je voulais être pro, c’était inatteignable, et j’y suis arrivé. Pourquoi là ça ne serait pas atteignable ? Il faut que je fasse le maximum pour ne pas avoir de regrets.

Propos recueillis par Victor Lengronne, à Edimbourg

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