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France-Ukraine, un match dans l’ombre du 13 novembre
Dix ans jour pour jour après les attentats de Paris, l’équipe de France va disputer un match de football face à l’Ukraine. Une rencontre qui s’annonce hautement symbolique, tant pour l’adversaire qu’elle implique que pour la date à laquelle elle a lieu.
L’Ukraine n’est pas un adversaire comme les autres. Du moins en France, où l’on se rappelle que c’est à la faveur d’un barrage crucial disputé le 19 novembre 2013 que les Bleus se sont qualifiés presque miraculeusement pour le Mondial brésilien. C’est également de ce match qu’a véritablement débuté l’ère Deschamps, en même temps que le retour d’une relation apaisée entre le peuple français et sa sélection nationale. Alors oui, quand le tirage au sort place les Bleus et l’Ukraine dans la même poule d’éliminatoires pour une Coupe du monde, la rencontre a forcément une saveur particulière. Ce sera de nouveau le cas ce jeudi, mais pour une raison quelque peu différente.
Pas de choix dans la date
Depuis une décennie, chaque 13 novembre est l’occasion de mettre le quotidien en pause, de prendre le temps de souffler, de réfléchir et de se souvenir des 131 personnes qui ont perdu la vie, en plus de ces 400 blessés, victimes d’une vague d’attentats qui ont ensanglanté Paris. Une vague qui a débuté au Stade de France, en plein pendant une rencontre amicale entre les Bleus et l’Allemagne. Depuis une décennie, chaque 13 novembre est l’occasion de plein de choses, mais pas de jouer au football. Seulement voilà, ce match France-Ukraine tombe un 13 novembre. Qui plus est, le 13 novembre qui marque le dixième anniversaire des tueries de Paris. Symboliquement, c’est presque trop d’un coup.
On n’est pas déconnectés de ça dont on voulait avoir une pensée pour tous les Français et Françaises.
Mais l’UEFA n’en a visiblement pas tenu compte au moment de programmer le calendrier de ces éliminatoires, au grand dam de Didier Deschamps, puis de Kylian Mbappé, âgé de 16 ans au moment des fait et qui a humblement évoqué le sujet en conférence de presse : « On veut faire comprendre aux Français que bien que s’il y a une qualification à la Coupe du monde qui se joue, il y a des choses bien plus importantes. Et la commémoration de cette journée malheureusement historique en fait partie. On n’est pas déconnectés de ça, on voulait avoir une pensée pour tous les Français et Françaises. »
Le très beau message de Kylian Mbappé en conférence de presse à la veille de la commémoration des 10 ans des attaques du 13 novembre 2015 👏 pic.twitter.com/sovlmspOyC
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) November 12, 2025
Le football au second plan
Voilà la « petite phrase » que tout le monde attendait, bien plus importante que « l’affaire » Lucas Chevalier, que l’état de forme de Rayan Cherki, que la « dévalorisation » des entraîneurs français, que le schéma tactique attendu ou que le fait que la qualification pour la prochaine Coupe du monde pourra tomber sur les coups de 23 heures. Parce qu’effectivement, peu importent les enjeux sportifs, en France, tout passe désormais au second plan le 13 novembre, y compris le football. « On va essayer de faire de notre mieux pour faire passer la journée de la manière la moins difficile possible aux personnes qui ont vraiment été touchées. Après, malheureusement, on va devoir reprendre notre boulot le soir et essayer de donner la meilleure version de nous-mêmes », s’excusait presque Mbappé.
Ce n’est qu’un match de foot. À côté de ce qui s’est passé, ce n’est rien.
Même son de cloche de la part de son sélectionneur : « Ce n’est pas un sujet tabou, mais le match est important. J’ai un peu de mal à m’exprimer là-dessus, par retenue. Il y a un devoir de mémoire et de compassion par rapport aux familles qui ont perdu un être cher. On va faire avec ce contexte. Ce n’est qu’un match de foot. À côté de ce qui s’est passé, ce n’est rien. »

« La FFF entend rappeler que le football demeure un espace de mémoire, de fraternité et de résilience », écrivait pour sa part l’instance dans un communiqué, précisant qu’« une minute de recueillement sera organisée en hommage aux victimes des attentats avant le coup d’envoi […] et une bâche Football for Peace sera déployée dans le rond central. La FFF a convié à cette cérémonie du souvenir les personnalités présentes au Stade de France le 13 novembre 2015, ainsi que l’ensemble des associations qui œuvrent pour soutenir les victimes. » De leur côté, les joueurs arboreront le Bleuet de France, « symbole du souvenir et de la solidarité envers les anciens combattants et les victimes du terrorisme », sur leur maillot.
Le pouvoir de la symbolique
On ne peut pas faire comme si de rien n’était un 13 novembre. Surtout dix ans après. Et surtout quand on joue face à l’Ukraine qui, malgré elle, augmente le niveau de risque autour du match : « Il y a deux événements : la date, mais aussi l’adversaire, en raison du contexte politique. On sait qu’on a eu plusieurs manœuvres de déstabilisation apparentées au pouvoir russe ces derniers mois. On cumule beaucoup de problématiques pour cette rencontre », confirme ainsi une source policière à L’Équipe. Cela dit, où ce match pouvait-il avoir lieu, sinon à Paris ? La symbolique de la commémoration sera autrement plus intense que s’il s’était joué à Lyon ou à Marseille.
Interviewé par le quotidien sportif, le président de la fédération ukrainienne Andriy Shevchenko s’est montré très concerné par le contexte qui entourera la soirée : « C’est une grande tragédie, et nous compatissons avec le peuple français, car nous, Ukrainiens, comprenons profondément les horreurs des attentats terroristes injustes qui prennent la vie à des personnes innocentes. Il est important de s’unir contre les forces du mal pour assurer une paix durable et la prospérité de la démocratie. » Ce jeudi soir, 22 joueurs qui, il y a dix ans, étaient encore des gamins pour la plupart, se chargeront de reprendre à leur compte le flambeau du souvenir et de la vie. Pour ne jamais oublier.
Deschamps appelle un milieu en renfortPar Julien Duez























