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Le Club Bruges, une bonne recette à la sauce flamande
Présent pratiquement chaque année en Ligue des champions depuis 2018, le Club Bruges commence à être pris au sérieux sur la scène continentale. Une réussite qui n’est en rien due au hasard, tant le club flamand a su bâtir un modèle efficace et vertueux, sportivement et financièrement.

Une chose est sûre : l’Atalanta Bergame ne sous-estimera plus jamais le Club Bruges. Ce mardi, alors que la Dea reçoit les Blauw en Zwart pour la deuxième journée de la Ligue des champions, les Lombards n’ont certainement pas manqué de revisionner les images de leur double défaite face aux Belges en février dernier (2-1 et 1-3). Des séquences qui auraient dû alerter Monaco, venu en touriste en Venise du Nord il y a deux semaines et qui s’y est bien gaufré (4-1). Année après année, le Club Bruges confirme qu’il n’est plus un simple sparring-partner européen, comme c’était le cas à l’époque de son retour en C1 en 2016, où il n’avait pas engrangé le moindre point dans un groupe composé de Leicester, Porto et Copenhague. L’équipe de Nicky Hayen n’est peut-être pas encore un poids lourd en Europe, mais elle est désormais incontestablement une formation qu’on ne peut plus prendre à la légère. Au-delà de cela, le club flamand représente aujourd’hui un cercle vertueux parfaitement huilé qui n’est pas près de s’arrêter de tourner.
Équipe U23 et achats reventes
Les clés du succès de Bruges n’ont rien de révolutionnaire en soi : bien former, bien recruter et bien vendre. Simple, basique. Mais à l’instar d’une vieille recette de grand-mère, cette formule peut devenir spéciale si chaque ingrédient est choisi et entretenu avec soin. Premier pilier : la formation. En quelques années, le Club est devenu, avec le Racing Genk, le meilleur pourvoyeur de talents de Belgique. Dernièrement, les Gazelles alignent régulièrement une défense 100% maison, avec Brandon Mechele, Joel Ordóñez (recruté en Équateur, mais post-formé au Club), Kyriani Sabbe ou Joaquín Seys.
Bruges dispose aussi d’un avantage compétitif majeur, avec la présence d’une équipe U23 en deuxième division, qui permet de faire une jonction parfaite pour les jeunes pousses du club vers le monde pro. La récente réforme des championnats belges a même offert un totem d’immunité à ces rookies, qui sont presque assurés de leur maintien en D2, quels que soient leurs résultats. Cette réforme – qui concerne aussi les U23 de trois autres clubs, et qui est contestée en justice par plusieurs clubs – devrait permettre à Bruges d’accentuer encore son développement de jeunes sur le long terme.
😱 Monaco SOMBRE à Bruges : 3-0 à la pause en faveur des Belges 😳#BRUMON | #UCL pic.twitter.com/TCYkSJjLsg
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) September 18, 2025
Deuxième ingrédient, et non des moindres : un flair redoutable pour recruter… et un sens aigu des négociations pour revendre. Les exemples s’accumulent : Igor Thiago, acheté 11 millions d’euros et cédé 33 briques douze mois plus tard ; Antonio Nusa, recruté pour 5,7 millions et revendu quatre fois plus cher à Leipzig ; ou encore Ardon Jashari, déniché pour 6 millions en Suisse et parti à Milan un an plus tard pour 36 millions, après d’âpres négociations pour faire gonfler le montant.
Tout comme l’Ajax Amsterdam en Eredivisie, Bruges s’affirme sur le marché des transferts comme un club capable de former, de recruter et de revendre à des montants largement supérieurs à ce que le championnat domestique offre habituellement, ce qui motive aussi les jeunes talents à signer là-bas. Les Brugeois sont désormais si à l’aise dans l’exercice qu’ils peuvent se permettre de faire la fine bouche. Cet été, le club flamand aurait ainsi refusé deux offres d’environ 30 millions d’euros pour Joel Ordóñez et Chrístos Tzólis. Un calcul risqué mais malin : se séparer de ces joueurs aurait eu un effet négatif sur la campagne européenne, la meilleure vitrine pour les valoriser encore davantage l’été suivant.
Une régularité récompensée
Depuis 2018-2019, Bruges enchaîne les campagnes de Ligue des champions, avec pour seule exception la saison 2023-2024, où le Club avait tout de même atteint les demi-finales de la Ligue Conférence. Cette régularité européenne remplit les caisses et offre une expérience sportive précieuse pour permettre à l’équipe de progresser en Europe. Depuis 2022-2023, on perçoit une véritable maturité dans cette formation, portée par sa colonne vertébrale : Simon Mignolet, Brandon Mechele et Hans Vanaken. Lors de la dernière décennie, les Blauw en Zwart ont cumulé près de 300 millions d’euros de revenus européens. Dans un championnat comme la Pro League, où la majorité des clubs sont en difficulté financière, cette manne disproportionnée assure à Bruges de rester en haut du classement, et donc de continuer à jouer l’Europe chaque année. Une spirale positive se met alors en place : l’argent de la C1 finance la formation et le scouting, qui favorisent de meilleures ventes et de meilleures performances continentales, et ainsi de suite, en continu depuis un peu moins de dix ans.
Reste qu’un petit caillou est venu se glisser dans la chaussure brugeoise ces dernières années : l’Union saint-gilloise, qui a raflé le titre en mai dernier et qui dispute aussi la Ligue des champions cette saison. Mais cette nouvelle rivalité n’est finalement que du win-win : en plus de pousser les Brugeois à élever leur niveau, les Unionistes font eux aussi belle figure en Europe, ce qui permet à la Belgique de soigner son coefficient UEFA. La Pro League, actuellement huitième championnat d’Europe, commence même tout doucement à zieuter sur le Portugal (septième) ou les Pays-Bas (sixième), moins performants sur la scène continentale ces trois dernières saisons. De là à un jour envoyer chaque année deux représentants belges en C1 ? Une chose est sûre : Monaco comme l’Atalanta ne souhaitent certainement pas ça.
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