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Brest-PSG : toute l’Europe vous regarde
Après une phase de ligue exceptionnelle, les hommes d’Éric Roy découvrent la phase à élimination directe de la Ligue des champions. Pour le PSG, c’est le retour des matchs éliminatoires, ceux sur lequel il sera jugé. Si sur le papier cet affrontement a des airs d’affaires domestiques, il faut tout sauf banaliser ce match aller à Guingamp.

À l’aube du match le plus important de leur histoire, les supporters du Stade brestois semblent bougons : le stade Roudourou, où se déroulera le barrage aller de la Ligue des champions, a eu toutes les peines du monde à se remplir, notamment à cause de la grille tarifaire très salée et d’un horaire (18h45) digne d’un match de 32es de finale de Coupe de France. À la suite du tirage au sort fin janvier des barrages de la phase éliminatoire de la C1, qui leur a attribué le Paris Saint-Germain, l’euphorie autour de l’épopée brestoise semble s’être évaporée, avant même que la moindre minute n’ait été disputée. La gifle reçue lors de la 20e journée de Ligue 1 n’a pas aidé, mais il serait trop bête que les Brestois s’arrêtent à ça. Parce que cette opportunité a une infime chance de se représenter, contrairement aux chances de passer, qui sont à cette heure-ci encore à 50-50.
Ty Zefs, à l’abordage !
Certes, les statistiques sont effrayantes : la dernière fois que le SB29 a vaincu le club de la capitale, c’était en 1985, et en tout, Brest n’a remporté que 8% de ses matchs contre Paris en Ligue 1 (3/36)… Bon. Mais sans sortir les violons, dans le football, tout est possible, et ce n’est pas Plymouth qui dira le contraire. Alors oui, Ousmane Dembélé est dans la forme de sa vie, et intrinsèquement la quasi-totalité des joueurs de Luis Enrique sont supérieurs à ceux du club finistérien, mais Brest a prouvé par son parcours européen que sa troisième place en Ligue 1 la saison dernière ne relevait pas du miracle, mais était le fruit d’un projet bien ficelé, guidé par un entraîneur aussi talentueux que revanchard, et des joueurs qui se subliment dans un environnement idéal pour eux.
Nous, on a cette chance d’avoir toujours zéro complexe, de toujours jouer avec nos valeurs, avec le cœur.
Il faut aussi noter que Pierre Lees-Melou, le métronome de la formation brestoise, semble enfin être totalement remis de sa fracture de fatigue et a de grandes chances d’être titulaire pour cette confrontation. Avec lui, le Stade brestois n’a pas le même visage et sa dernière performance face à Nantes le prouve. Face à Paris, il n’y a aucune pression à avoir et le milieu de terrain le sait mieux que personne. « Je pense que tous les clubs qui sont qualifiés sont des montagnes par rapport au petit club de Brest, note l’ancien joueur de Norwich. Mais bon, nous, on a cette chance d’avoir toujours zéro complexe, de toujours jouer avec nos valeurs, avec le cœur. Donc, on va essayer de se défendre et de jouer au mieux notre carte. »
Le PSG et la pression, une longue histoire
À Paris, le son de cloche est diamétralement opposé. Le champion de France n’a subi que deux défaites en un an et demi contre des clubs français toutes compétitions confondues (Nice et Toulouse), n’a a priori aucun sang d’encre à se faire. Après deux échecs en huitièmes de finale (face au Real Madrid puis au Bayern Munich), le club de la capitale reste sur une demi-finale frustrante face à Dortmund et a, évidemment, une expérience européenne sacrément plus solide que celle des Bretons qui découvrent à peine ce nouveau monde. Cependant, cette double confrontation face à Brest, battu à 9 reprises sur les 10 derniers matchs (TCC), a tout du piège. Luis Enrique en est conscient : « Chaque match qu’on a joué contre Brest à domicile comme à l’extérieur était difficile. Ils sont bons défensivement et offensivement et sur les deuxièmes ballons. Ce n’est jamais un match facile contre Brest . »
Nous sommes favoris, mais le football est plein de surprises. Le football ne récompense pas forcément l’équipe qui joue le mieux.
Paris est aussi connu pour ses trous d’air et sa capacité à très mal réagir à la pression (Barcelone-PSG 2017, Manchester United-PSG 2019, Real Madrid-PSG 2022, notamment). Ajoutez à cela un potentiel relâchement dû à ce duel entre deux eaux et vous obtenez la recette parfaite pour passer à côté d’une rencontre peu emballante en apparence. Si le technicien espagnol assure qu’il n’y aura aucun excès de confiance, il sait que sa formation n’est pas à l’abri d’une déconvenue : « Nous sommes favoris, mais le football est plein de surprises. Le football ne récompense pas forcément l’équipe qui joue le mieux. » Ce serait aussi oublier le caractère unique d’un match européen, délesté des enjeux nationaux, saupoudré de magie, mais aussi regardé par tout un continent. Ce mardi, ce n’est pas qu’un duel franco-français qui se joue, c’est aussi le foot français qui se montre à l’Europe. Alors messieurs, jouez !
Par Thomas Morlec