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France-Angleterre : cette fois, c’est la bonne ?
Après avoir encaissé pas mal d’échecs en grandes compétitions, l’équipe de France commence son Euro 2025 contre les tenantes du titre anglaises. Une affiche idéale pour être dans le bain.

En 2017, Olivier Echouafni répétait que la France n’avait rien gagné, qu’elle n’était pas favorite de l’Euro. Un France-Angleterre débarquait. Grace Geyoro avait 20 ans, Sakina Karchaoui 21, Kadidiatou Diani et Griedge Mbock 22. Certaines avaient gagné le Mondial U17 (en 2012), l’Euro U19 (2013). C’était écrit : la France allait passer les quarts d’une grande compétition. Mais Jodie Taylor a marqué, l’Angleterre a vu les demies de l’Euro, pas la France. Huit ans plus tard, l’équipe de France démarre ce samedi son Euro contre l’Angleterre. Avec un statut, celui de championnes des matchs amicaux, une équipe et un nouveau coach, mais toujours la même pression : aller chercher un premier trophée, après de multiples quarts perdus et une demie en 2022. L’affiche est belle, et le moment peut permettre de mesurer la hauteur du plafond de verre.
Mission rémission
En face, il n’y a pas seulement les inventeurs du jeu, un rival historique, transposable au rugby et partout ailleurs. Il n’y a pas seulement une nation défaite en 2011, époque Bussaglia, Abily, Thiney et toutes les autres, pour aller chercher une place en demi-finales de la Coupe du monde. Non, devant les Bleues se dressent Sarina Wiegman, les dernières gagnantes de l’Euro, mais aussi et surtout un modèle de développement et d’engouement autour du ballon rond. La France en est loin aujourd’hui. Mais elle dispose d’un vivier excellent et d’un entraîneur, Laurent Bonadei, de mieux en mieux installé sur le banc. Arrivé en septembre, il démarre sa première grande compétition comme entraîneur principal.
Un mérite lui revient : la France débarque en Suisse apaisée, malgré les remous. Ni Wendie, ni Kenza, ni Eugénie, 444 sélections à elles trois, ne squattent les bords du lac de Constance. Léa Le Garrec, Solène Durand, Eve Périsset et Viviane Asseyi auraient pu être ajoutées à la liste, le tableau aurait pu être gris, mais les Bleues sont invaincues en 2025. Avec un jeu pas toujours emballant mais collectif, certaines prestations ont été très abouties (contre la Suisse, 4-0), d’autres solides (devant la Norvège, 2-0), certaines offrant du temps de jeu (face à la Belgique, 5-0). Le moral est bon, conforté par une dernière victoire renversante contre le Brésil, pays qui avait mis fin à leur rêve de JO à domicile il y a un an.
Des Bleues fortes, mais outsiders
Une défaite aurait fait tache, on fut longtemps plus proche du 0-3 que du 3-2, mais en une période, les Bleues sont revenues et ont montré du caractère. Des nouvelles cadres se révèlent : Selma Bacha, Sandie Toletti, Sakina Karchaoui, Grace Geyoro, en plus de la capitaine Griedge Mbock, blessée ce samedi soir. Derrière elles, les sans JO (Clara Mateo, Melvine Malard) veulent lâcher les chevaux, et montrer qu’elles peuvent assumer la suite de leurs grandes sœurs. La série est enclenchée, et permet de masquer l’incompréhension de certaines filles à voir leurs anciennes potes être privées d’Euro.
Voilà le paradoxe : la France est forte, mais est outsider en Suisse. « On entre dans le vif du sujet, commente Laurent Bonadei en conférence de presse. On est en position de challenger. Il y a un petit peu de bluff pour ce premier match, c’est le jeu. Mais à partir du moment où on n’a encore rien gagné, et je le dis depuis le début, les favoris de ce groupe sont les Pays-Bas et l’Angleterre. Mais ça ne veut pas dire qu’on manque d’ambition. » Il y a de quoi.

En face, après un Euro terminé à domicile par une magnifique victoire, une finale de Coupe du monde, l’Angleterre entame son Euro dans la brume. Millie Bright, son ancienne capitaine, s’est mise en retrait. Les Three Lionesses ont même perdu contre la Belgique début avril. Mais elles ont un titre à défendre, Sarina Wiegman, une coach qui a gagné les deux derniers Euros, et ont développé leur championnat national mieux que quiconque dans le monde. L’heure est venue d’inverser les tendances, ce samedi soir, à Zurich.
Les Bleues dans le groupe de la mort, vraiment ?Par Ulysse Llamas, avec Léna Bernard, en Suisse