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L’Angleterre récompensée à sa juste valeur

Par Julien Duez, à Londres
L’Angleterre récompensée à sa juste valeur

Le 31 juillet restera gravé dans les mémoires du football anglais comme étant le jour où le beautiful game est rentré à la maison après 56 ans d’exil. En s’imposant face à l’Allemagne (2-1) dans un match au scénario dramatique, les Three Lionesses ont remporté leur premier tournoi majeur et cela n’est en rien dû au hasard, bien au contraire.

On a du mal à l’imaginer mais oui, le covid peut avoir du bon. Si la pandémie n’avait pas décalé l’Euro d’un an, Chloe Kelly n’aurait pas pu y participer en raison de la grave blessure aux ligaments croisés dont elle a été victime avec Manchester City en mai 2021 et qui lui a fait manquer les Jeux olympiques de Tokyo. Mais toute l’énergie qu’elle a mise dans sa rééducation a fini par payer puisqu’au mois d’avril dernier, Sarina Wiegman la rappelle avec les Three Lionesses pour finalement lui offrir une place au sein de ses 23 qui iront disputer le championnat d’Europe. Pari gagnant puisque c’est grâce au pied droit de Chloe Kelly que l’Angleterre a été sacrée championne d’Europe, chez elle, pour la première fois de son histoire, à Wembley, là où 56 ans plus tôt, les Three Lions avaient alors soulevé le seul et unique trophée majeur de l’histoire du pays. Rien que ça.

Le groupe vit (très) bien

Mais au-delà de la symbolique du cas Kelly, cette victoire anglaise face à une Allemagne qui n’a absolument pas démérité (et démarré la finale avec un gros coup sur la caboche suite au forfait de dernière minute d’Alexandra Popp à la suite d’une blessure musculaire) est avant tout une victoire collective. Evidemment, répondront les analystes de tout bord, sauf que dans le cas des Three Lionesses, ce mot-magique s’est vérifié tout au long du tournoi. Ainsi, Sarina Wiegman, au-delà d’avoir réalisé un historique back-to-back personnel, a aligné six fois d’affilée le même XI de départ. Personne à part elle n’avait encore fait ça dans un Euro, que ce soit chez les hommes ou les femmes. Avoir un plan de base c’est bien, avec de la profondeur de banc, c’est encore mieux. La preuve, sept des 22 buts anglais ont été inscrits par des remplaçantes, dont certaines sont entrées définitivement dans le cœur du public, à commencer par la paire mancunienne Ella Toone (buteuse lors de la finale) et Alessia Russo (autrice d’une talonnade qui a provoqué quelques descentes d’organes en demie face à la Suède).

Avec Wiegman, le football n’est pas un sport qui se joue à onze, mais bien à quatorze, voire à seize et, depuis l’arrivée de la technicienne néerlandaise il y a presque un an en remplacement de Phil Neville, son travail pour constituer un groupe uni et performant est époustouflant : en vingt matchs disputés, l’Angleterre en a gagné dix-huit et perdu aucun, pour 106 buts marqués et seulement cinq encaissés. Après avoir enchaîné deux demi-finales consécutives à l’Euro 2017 et au Mondial 2019, l’Angleterre a enfin franchi un cap et, avec la Coupe du Monde prévue l’an prochain, se présente désormais comme faisant partie de l’élite du football féminin international. Le tout en ayant réussi à provoquer un engouement sans précédent dans l’histoire de la discipline, à l’image des plus de 87 000 spectateurs présents à Wembley, sans oublier les milliers d’autres supporters présents dans les fan-zones de tout le pays pour encourager des Lionnes qu’ils ont appris à connaître et à aimer sincèrement et pas seulement comme une équipe de substitution, grâce aux personnalités des joueuses savamment mise en lumière par la communication léchée de leur fédération et de leurs clubs respectifs, celle-ci étant récompensée par un soutien virtuel qui se chiffre désormais en millions d’abonnés, tous supports confondus.

Les efforts, ça paye

Mais toutes ces réjouissances ne doivent pas faire oublier le travail qui a été effectué en amont pour en arriver là. Le triomphe de l’Angleterre ne doit rien au hasard, on pourrait même parler d’un coup prémédité. Et comme souvent, le mot-clé s’appelle professionnalisation. Ainsi, lorsqu’en 2010, le championnat se rebaptise Women’s Super League (WSL) et se restructure en une ligue de douze clubs (avant la création d’une D2 de douze clubs également trois ans plus tard), une première pierre est posée pour structurer une compétition qui avançait jusqu’alors comme un poulet sans tête. L’année d’avant, l’Angleterre perdait la finale de l’Euro contre l’Allemagne (décidément) sauf que contrairement à d’autres cas, la FA a fait le pari de capitaliser sur cette performance en se donnant les moyens de rêver plus grand. Très vite, des locomotives apparaissent (Manchester City, Chelsea et Arsenal en tête) et moins d’une décennie plus tard, en 2019, tous les participants ont l’obligation d’être à 100% professionnels. Les joueuses s’entraînent désormais dans des conditions idéales, jouent sur des terrains de qualité et surtout, elles gagnent bien leur vie en pratiquant leur métier. Idéal pour hausser le niveau global et stopper la tendance qui voulait que les meilleurs talents partent à l’étranger, en particulier aux Etats-Unis.

Le fait que vingt des 23 Lionnes championnes d’Europe évoluent dans le championnat national est un bon indicateur de la valeur de ce dernier. Ajouter à cela le deal de sponsoring passé en 2021 avec la banque Barclays à hauteur de 30 millions de livres pour les trois prochaines années et le contrat de diffusion à huit millions par saison avec la BBC et Sky, on peut dire que les dirigeants du football féminin anglais savent marketer leur produit. Pratique dans un sport aussi mercantile que le football. Preuve en tout cas que la discipline a changé de dimension et qu’elle n’entend plus raconter indéfiniment les mêmes histoires larmoyantes qui ont jalonné son histoire. En 2017, la FA avait lancé le Gameplan for Growth, un grand plan triennal dont le but était notamment de doubler le nombre de clubs féminins à l’horizon 2020. Mission accomplie, celui-ci est passé de 6000 à plus de 12 000, tandis que, dans le même temps, les affluences des matchs des Three Lionesses culminent à 24 000 spectateurs de moyenne et ceux de WSL, à plus de 3000. De bon augure pour se présenter dans les meilleures conditions au Mondial 2023 avec un immense soutien populaire à l’appui. Pour les autres pays qui cherchent encore à se développer, l’Angleterre pourrait bien faire office de modèle à suivre. Après tout, l’Euro 2022 ne nous a-t-il pas rappelé où le football a été inventé ?

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