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- PSG-Tottenham (5-3)
PSG : esquisse d'une théorie anarchiste du football
Ce mercredi soir, le match entre le PSG et Tottenham nous a fait vibrer, Paris délivrant une version anarchiste du foot. Quel magnifique paradoxe, surtout pour une équipe façonnée par un Luis Enrique qui rêve de tout contrôler.
Vous ne connaissez peut-être pas cet ouvrage. En 1975, Paul Feyerabend, philosophe autrichien des sciences, publiait Contre la méthode – Esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance. Pour résumer, grossièrement, la science doit, afin de progresser, s’émanciper de toute déférence devant les évidences ou la rationalité, bref faire n’importe quoi, n’importe comment. On pourrait appliquer, sans prétention intellectuelle ni artifice conceptuel, cette grille d’analyse au match du PSG ce mercredi soir contre Tottenham (5-3), en phase « championnat » de la Ligue des champions.
Après la défaite logique, admise, consensuelle contre le Bayern Munich, qui par ailleurs ce même soir a reçu une leçon d’humilité du côté d’Arsenal, les Parisiens ont répondu de la plus belle des façons, et pourtant pas la plus rassurante. Mais qui ne s’est pas régalé en regardant cette rencontre, surtout une seconde période dépourvue de tout scénario ?
Un foot sans fil conducteur
Le PSG, une équipe en reconstruction permanente avec son infirmerie qui sert de hall de gare, a complètement oublié l’image qui lui collait à la peau, les certitudes d’une machine de guerre parfaitement huilée qui domine l’Europe. Il n’a pas subsisté grand-chose des principes de jeu de Luis Enrique dans cette rencontre. Tout est parti en vrille, sans réflexion ni plan préparé. Par certains aspects, la similitude avec le France-Argentine de 2018 saute aux yeux, avec un Didier Deschamps qui ne comprend rien de ce qui se passe sur le terrain à Kazan.
Imaginez un peu, même un Vitinha, auteur d’un triplé digne d’un Ballon d’or, se révèle aussi gravement fautif sur un but des Spurs. Et pourtant, ces 90 minutes risquent de le marquer longtemps, alors que cette affiche ne devait finalement constituer qu’une étape sur la qualification facile et programmée du tenant du titre. « Oui, c’est un moment spécial, sans aucun doute. C’est la première fois que je marque deux buts dans un match, déjà, je crois, dans toute ma carrière. Forcément, c’est spécial », réagissait le petit prince du Parc. En face, Tottenham, que les Parisiens auraient dû maîtriser avec un tranquille 2 à 0, signifiant l’écart évident entre les deux équipes, a trouvé trois fois le chemin des filets. Lucas Chevalier cherche toujours son match de référence au plus haut niveau à Paris, et le départ de Donnarumma oblige donc désormais à inscrire au moins deux buts de plus pour gagner.
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— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) November 26, 2025
Toutefois, sur le fond, l’essentiel se résume dans le sentiment que les Parisiens ont simplement joué au foot ce mercredi soir au Parc des Princes, sans avoir le regard calé sur le classement ou les stats, en admettant que l’erreur est l’ombre du génie (une talonnade ou une frappe en lucarne). Tout a échappé à tout le monde, et fort heureusement. Marquinhos l’a avoué après le match au micro du diffuseur Canal + : « Je voulais qu’on ne prenne pas de buts, mais bon. On a gagné, je pense que l’équipe a été dedans. Tottenham a bien préparé ce match et a exploité nos petits points faibles. L’équipe est restée dans le match, c’était un match spécial pour moi, je voulais vraiment gagner, je l’ai dit dans les vestiaires. »
Mené deux fois au score, le PSG est revenu, a creusé l’écart, puis concédé encore. L’ex-Parisien Kolo Muani a marqué. Personne n’a vu, une fois de plus, Bradley Barcola ; Ousmane Dembélé a presque trop joué collectif ; un talonnade hors du temps de Joao Neves, et Lucas Hernandez a balancé un coup de coude surréaliste. Êtes-vous capable d’y trouver un sens ou un fil conducteur ? Ce match est finalement la parfaite illustration des propos de l’écrivain Julien Green : « Le désir, c’est l’anarchie. »
Les notes du PSG contre TottenhamPar Nicolas Kssis-Martov






















