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Lucas Chevalier, terrain glissant
Tard dans la nuit de dimanche à lundi après OL-PSG, Lucas Chevalier a publié un long message pour s’expliquer après un like présenté comme maladroit sur une publication pro-RN. Face à l’emballement et aux menaces sur les réseaux, le gardien français assure qu’il ne se permettrait pas de « penser ces choses-là ».
De Benjamin Pavard à Melvin Bard, en passant par tous les autres, les excuses sur Instagram après un mauvais match sont devenues à la mode chez les footballeurs. Dans la nuit de dimanche à lundi, Lucas Chevalier aurait peut-être préféré parler de sa sortie hasardeuse sur le très joli lob d’Ainsley Maitland-Niles ou plus largement de son début d’aventure très moyen avec le PSG. Il s’est contenté d’évoquer des « performances sportives médiocres » dans un enchaînement de trois storys publiées aux alentours de 4 heures du matin pour réagir à une polémique qui avait commencé à gonfler quelques heures avant le coup d’envoi du match entre l’OL et le PSG.
Plusieurs internautes avaient ainsi remarqué que Chevalier avait posé son like sur une vidéo d’un des vice-présidents des Républicains, Julien Aubert. Celui-ci n’est plus député du Vaucluse, a laissé son siège à un élu PS, puis une élue RN, mais fait partie de ces députés peu à l’aise avec la notion de barrage républicain. Au micro de LCP, pendant les élections législatives de 2024, le politicien raconte qu’il préfère voter pour le RN plutôt que pour le Nouveau Front populaire. Une orientation que le gardien de l’équipe de France « ne partage pas bien évidemment », selon ses explications qui étaient inévitables face au déferlement sur les réseaux.
Chevalier, un pouce et des mots
L’image du gardien de l’équipe de France risque d’être écornée après ce dimanche rance. « Vous allez voter pour qui entre le Nouveau Front populaire et le RN dans le Vaucluse ? », demande la journaliste dans l’extrait vidéo en question. « Si j’ai le choix, ce sera le RN. Bien évidemment », répond l’élu, justifiant ensuite que le RN n’est pas le FN, que Jordan Bardella n’était pas né au moment de la création du parti à la flamme, et qu’il est de sa responsabilité individuelle de voter pour qui il veut. « Je ne vais pas reprocher à Marine Le Pen ce qu’a fait son père. […] Mon vrai problème, c’est la France insoumise. Pour moi, le fascisme est davantage dans la France insoumise. » Aïe. On ne sait pas si Chevalier est allé jusqu’au bout de la vidéo, puisqu’un reel sur Instagram est visionné en moyenne moins de 10 secondes, mais son like présenté comme maladroit a fuité et provoqué un début de tremblement de terre.
Ah nan mais Lucas Chevalier dans la sauce à cause de LCP, c'était pas dans mon bingo 2025 non plus https://t.co/9shiGfxQ0i
— Hugo Couturier (@HugoCouturier) November 9, 2025
« Je ne cherche pas à vous convaincre, mais il est désolant de savoir qu’en scrollant et en laissant un like sans s’en être rendu compte sur une publication, […] ça m’emmerde », a justifié le portier, qui évoque une « action accidentelle ». Son pouce a ripé, et le gardien réfute toute affection pour le RN : « Il est certain que toute personne qui me connaît sait très bien à quel point mes parents et ma famille m’ont inculqué des valeurs, du respect, et qu’en aucun cas je me permettrais de penser ces choses-là. »
Vous avez essayé de me faire passer pour un facho, et ce n’est pas que moi que vous avez visé, mais ma famille entière.
« J’ai mis le gardien du PSG dans la sauce », a commenté ce matin Hugo Au Perchoir, présent sur le plateau lors de l’interview de Julien Aubert. « Vous avez essayé de me faire passer pour un facho, et ce n’est pas que moi que vous avez visé, mais ma famille entière », rétorque Chevalier. Plus de 87 000 personnes ont fait comme lui, la majorité sans doute de manière volontaire. En se rendant involontairement sur le terrain politique, celui qui a grandi à Calais voit son image et ses pensées lui échapper au nom de la récupération politique. Éric Ciotti a évoqué un « racisme anti-blanc », et le député RN Matthias Renault a en tout cas pris la défense du gardien. Le terrain est glissant, et face à ça, Lucas Chevalier a plaidé pour la maladresse : « J’ai toujours essayé d’être une bonne personne dans la vie de tous les jours et sur le terrain, et je continuerai. »

Pour élargir la réflexion au-delà de Chevalier, il n’y a rien d’étonnant à ce que le football soit perméable aux idées d’extrême droite. Dans des contextes très différents et sans mettre le gardien français dans le même sac, la digue a par exemple largement sauté chez les footballeurs du Brésil. En Espagne, où les cicatrices du franquisme sont encore ouvertes, le porte-Vox Dani Carvajal affronte Borja Iglesias et Héctor Bellerín. En France, cet épisode fera peut-être parler à Clairefontaine, en conférence de presse ou au château entre les joueurs, Ibrahima Konaté, Jules Koundé, Marcus Thuram ou encore Ousmane Dembélé ayant pris position à l’été 2024 lors des élections législatives. « Le foot, ça reste quelque chose d’assez fragile. Un jour, tu es le roi, et le lendemain, tu peux perdre de ta valeur, relativisait Chevalier dans So Foot. Il faut réussir à le gérer. » Pour cela, mieux vaut ne pas scroller sur Instagram.
Lucas Chevalier : « Le foot, ça reste quelque chose d’assez fragile »Par Ulysse Llamas





























