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Messieurs les joueurs, jouez et arrêtez de vous excuser !

Par Julien Duez
4 minutes

Après son match raté contre le RC Lens, Benjamin Pavard a publié un message d’excuses dans la foulée à destination du public marseillais. Une initiative en apparence louable, mais qui révèle une dimension malsaine, particulièrement à l’heure où les joueurs et joueuses sont de plus en plus harcelés en ligne.

Messieurs les joueurs, jouez et arrêtez de vous excuser !

« Supporters marseillais, je suis désolé. Cette défaite est pour moi, j’ai commis des erreurs et j’en porte l’entière responsabilité. Quand on porte ce maillot, on se doit d’être irréprochable, et ce soir, je ne l’ai pas été. Je vous promets que je vais tout donner pour regagner votre confiance et pour faire honneur à ce maillot. Merci pour votre soutien. » Le message, sobrement posté sur le fond noir d’une story Instagram, est signé Benjamin Pavard.

Dans la foulée de la défaite de l’Olympique de Marseille à Lens (1-2), l’international français a donc jugé utile de prendre la plume et de taper un mea culpa à destination des supporters de son club. Depuis, l’initiative a fait couler pas mal d’encre. Pavard a-t-il eu raison de se justifier ? Aurait-il dû, au contraire, garder le silence ? Le débat fait rage.

Choisir ses combats

De prime abord, on pourrait croire que le message de Pavard part d’un bon sentiment. Endosser la responsabilité d’une défaite a quelque chose de noble et témoigne d’une certaine forme de courage à reconnaître son erreur. Seulement, le football étant un sport collectif, la contre-performance d’une individualité ne saurait justifier à elle seule le résultat final. En suivant la même logique, n’importe quel attaquant de pointe devrait s’excuser d’être resté muet devant les filets adverses. De même, un gardien qui termine un match en s’étant retourné au moins une fois devrait s’excuser de ne pas avoir su préserver un clean sheet.

Cela dit, il ne faut pas bannir les excuses pour autant, bien au contraire. Les professionnels ont malgré eux un devoir d’exemplarité qu’il convient d’honorer. Ainsi, quand Vinícius demande pardon « à l’ensemble du monde du Real Madrid pour [s]a réaction au moment de [s]on remplacement lors du Clásico », le geste est davantage compréhensible, car un joueur n’a pas à contester les choix de son entraîneur – du moins pas à chaud et pas en public. Idem lorsqu’Aïrine Fontaine avoue qu’elle « regrette sincèrement » ses propos homophobes. Se murer dans le silence aurait constitué un signal désastreux. En résumé : s’excuser après une sortie répréhensible, d’accord. Mais s’excuser parce qu’on est passé à côté de son match, pas d’accord.

Une proximité malsaine

Après la défaite à Lens, Pavard a d’ailleurs immédiatement trouvé un protecteur en la personne de son entraîneur : « Les résultats des matchs à Lisbonne et à Lens peuvent s’expliquer par de la malchance. Pavard a été malheureux, il a provoqué un penalty et marqué contre son camp, mais ça arrive, a déclaré Roberto De Zerbi en conférence de presse. On ne doit pas perdre confiance pour autant. Il reste une valeur ajoutée, et j’aimerais avoir plusieurs joueurs comme lui dans mon équipe. »

Mais à une époque où les joueurs et joueuses sont plus que jamais victimes de harcèlement en ligne, peut-être Pavard a-t-il usé d’un réflexe défensif en postant son message. À travers ses excuses spontanées, peut-être pensait-il pouvoir s’épargner un shitstorm, des messages d’insultes, voire des menaces de mort, qu’elles viennent de supporters de Marseille ou d’ailleurs. Si tel était le cas, il serait temps de questionner la trop grande proximité qui existe entre les joueurs et le public. Désormais exposés quotidiennement sur les réseaux sociaux, en bord de terrain et même dans le vestiaire, un temple inviolable jusqu’à il y a encore peu, les footballeurs n’ont presque plus aucune barrière pour les séparer des spectateurs.

Si certains peuvent s’en réjouir pour des raisons parfaitement compréhensibles, d’autres en profitent pour adopter un comportement répréhensible, convaincus que les joueurs leur sont désormais redevables de tout et n’importe quoi, pour le simple motif qu’ils sont visibles partout. Alors qu’en réalité, la meilleure façon de s’excuser après un mauvais match… c’est de tout faire pour se rattraper lors du suivant.

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